Une image vaut mille mots. Cet adage se vérifie bien souvent avec les photos d’archives datant de la Première Guerre mondiale. Les combats, qui ont eu lieu dans le nord de la France entre 1914 et 1918, marquent un tournant majeur dans l’usage de la photographie. En moins de quatre années, elle s’impose comme un outil d’information de masse. Des milliers de clichés sont pris, sur le champ de bataille comme à l’arrière du front, par des photographes officiels ou amateurs, reflétant la mobilisation de toute une société.
Construit en 2015 dans la plaine de l’Artois, à Souchez (62), le centre d’Histoire du Mémorial 14-18 rend hommage à cette photographie de guerre. L’exposition « Derrière les images. Photographier la guerre » révèle le parcours d’une photographie pendant la Grande Guerre, depuis sa production jusqu’à sa diffusion et son héritage contemporain, à travers une sélection de prises de vues issues des fonds de l’Ecpad (Établissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense).
En 1914, le début de la guerre se déroule sans images officielles de l’État. C’est avec l’installation du conflit dans la durée que le gouvernement et l’armée française prennent conscience de l’intérêt de la photographie dans leurs efforts de propagande contre l’ennemi et mettent en place leurs propres outils de production et de diffusion des images en créant la Section photographique des armées (SPA) le 9 mai 1915.
« Les premiers photographes professionnels de guerre sont alors recrutés, explique Mathilde Bernardet, commissaire de l’exposition. Ils sont les seuls autorisés à photographier la guerre, reçoivent des missions bien précises et sont encadrés sur le terrain. Beaucoup de photos montrent les dégâts liés aux combats (ruines, destructions) dans le but de faire payer l’Allemagne à la fin du conflit… Dans les tranchées, les soldats posent devant l’objectif, l’uniforme propre. »
Ces portraits étaient sélectionnés par les autorités pour représenter le front sans susciter la peur en province et rassurer les Alliés. Des dizaines de photographies en grand format plongent néanmoins le visiteur dans les coulisses de cette guerre effroyable. On y aperçoit plusieurs communes du Nord et du Pas-de-Calais, ou ce qu’il en reste à cette époque : Neuville-Saint-Vaast, Ablain-Saint-Nazaire, Le Cateau-Cambrésis, Lens… « Nous avons souhaité garder une approche locale à travers les photos que nous avons choisies », poursuit la responsable.
Si la photographie non officielle est interdite par l’armée, elle reste largement pratiquée en sous-main par des amateurs. Les progrès techniques d’avant-guerre permettent pour la première fois aux « poilus » de documenter visuellement leur expérience. « La photographie était déjà bien ancrée dans les habitudes des Français à l’époque et quelques soldats, de familles bourgeoises notamment, avaient embarqué un appareil photo portable », indique Tiphaine Rin, co-commissaire.
Ces photographies sont aujourd’hui des témoignages puissants qui ont contribué à forger les représentations, les connaissances du conflit et la mémoire. « Elles dépeignent davantage les moments de vie quotidienne entre camarades et de détente, mais aussi les horreurs de la guerre avec quelques rares images d’assaut, les cadavres, les enterrements à la hâte ou les blessés », remarque Mathilde Bernardet.
Si la majorité des photographies de la Première Guerre mondiale sont en noir et blanc, l’image en couleurs existe déjà grâce à la technique de l’autochrome, procédé inventé par les frères Lumière au début du siècle. « Cette méthode est moins utilisée car les images ne sont pas reproductibles pour être diffusées », note Tiphaine Rin. Toutefois, ces photographies couleurs abordent la guerre d’une autre manière, la rendant plus réelle, presque palpable. L’exposition « Derrière les images. Photographier la guerre » est visible au centre d’Histoire du Mémorial 14-18 jusqu’au 11 novembre 2021.
Simon Playoult
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