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140 kg, 2,12 m d’envergure, invaincu depuis 2010… C’est un sacré champion de compétition – mais pas agricole ! – qui est venu poser ses baskets taille 49,5 dans la paille des logettes de Sébastien Delva. Mardi 18 juin 2019, l’éleveur laitier d’Inchy (59), dans le Cambrésis, reçoit le champion de judo français Teddy Riner. « C’était beaucoup de préparation, reconnaît-il. Ça fait trois semaines que je suis au courant de sa venue, trois semaines que je la prépare… C’est quand même un champion olympique ! Il fallait que tout soit parfait. »
Quand nous arrivons sur la ferme, le colosse se promène nonchalamment le long de l’étable paillée… Vite rattrapé par deux appareils photo et une caméra de l’équipe marketing de Candia. Et pour cause : sponsorisé par la marque de lait, le judoka le plus titré au monde fait une pause dans ses entraînements le temps d’une visite ensoleillée dans le Cambrésis.
« À l’origine, l’idée était de faire une surprise à nos salariés pour les remercier de leur implication dans les Journées mondiales du lait le week-end des 24 et 25 mai, explique Gilles Guerlet, directeur de l’usine Candia d’Awoingt. Nous avons sollicité la venue de Teddy dans le cadre de son partenariat avec la marque de lait Viva de Candia. »
Emploi du temps oblige, la journée qui devait commencer pour les salariés de la laiterie par une visite de la star dans leur usine n’aura finalement comporté qu’une photo avec lui. Mais la surprise et l’émotion étaient bien là dans les équipes. Quant au choix de la ferme : « Je voulais un éleveur proche de l’usine, qui défende l’esprit coopératif, reprend le directeur. Sébastien est très investi chez Sodiaal : il était au salon de l’agriculture à Paris, il se déplace en magasin pour promouvoir nos produits, il trouve le temps de tweeter sur son métier… Cette journée, c’est une façon de le remercier de son investissement. Et de pousser d’autres éleveurs à faire de même ! »
« Savoir se lever tôt le matin, même quand tu es lessivé et que ton corps te dit non,
c’est fondamental. »
Après un petit tour dans l’étable puis dans les pâtures, commenté par Sébastien Delva, place au buffet entre les ballots de paille, sous une bâche aux couleurs de Candia. Et au discours bien rodé du champion. « J’ai commencé le judo à l’âge de cinq ans, même si mon premier sport a été l’athlétisme… J’en ai pratiqué bien d’autres : foot, basket, squash, tennis, natation, golf, escalade, et même la danse. C’est vers l’âge de 13 ans que je suis particulièrement tombé amoureux du judo. Je n’aime pas perdre. Or au foot, ça m’arrivait de perdre avec l’équipe. Alors qu’en judo, j’avais tendance à gagner mes compétitions ! » Ses petits « trucs » à lui sont particulièrement familiers au monde agricole. « Ma première qualité, c’est de ne rien lâcher, surtout quand l’opposition est en face. C’est une qualité mais parfois aussi un défaut dans ma vie personnelle… Ma deuxième qualité, c’est le courage. Savoir se lever tôt le matin, même quand tu es lessivé et que ton corps te dit non, c’est fondamental. »
Viennent ensuite les questions de l’auditoire. « Que ferais-tu si ton fils te disait qu’il aimerait être champion comme toi ? », lance Sébastien Delva. Le visage de l’athlète se fend d’un large sourire. « Je lui dirais oui, bien sûr… mais choisis un autre sport ! Le judo, c’est peu médiatisé, et ça rémunère peu. »« En fait, tu es comme nous, ironise l’éleveur: tu es passionné, mais ton métier en tant que tel ne te rapporte rien ! » Le judoka opine en riant : « Ce sont clairement les sponsors qui mettent l’eau et le pain dans la bouche de ma famille… » Une voix dans l’assistance s’esclaffe: «Oui… et le lait !»
Lucie De Gusseme