Votre météo par ville
Les herbiers, collections de plantes séchées, mousses et autres végétaux, sont réalisés dans l’objectif de les garder sur le long terme pour les observer, les analyser ou pour servir à d’autres recherches dans le futur.
Au Conservatoire botanique national de Bailleul (CBNBL) quelque 83 500 planches sont ainsi conservées. Parmi elles, 3 500 constituent l’herbier de référence, et les autres appartiennent aux herbiers de collections. La première catégorie est surtout utilisée par les scientifiques du Conservatoire comme matériel de comparaison pour faciliter l’identification des végétaux qu’ils observent lors de leurs missions.
Les autres planches, qui sont dites de collection, sont rarement manipulées, et certaines d’entre elles ne sont pas toujours en bon état de conservation. Le temps a joué son œuvre sur ces demoiselles, parfois plus que centenaires. Les plus anciennes remontent ainsi au XIXe siècle !
« Nous avons des herbiers qui nous ont été légués par d’anciens botanistes et autres professeurs d’universités et chercheurs », explique Jean-Michel Lecron, chargé de mission au conservatoire, qui s’occupe des inventaires de plantes à fleur et de mousses. D’autres collections sont simplement en dépôt au Conservatoire, prêtées par diverses institutions (universités, médiathèques). « Certains herbiers sont composés de plusieurs dizaines de fascicules, comme les collections Cussac, Nègre et Hocquette », détaille, avec passion, Jean-Michel Lecron.
Le CBNBL reçoit aussi régulièrement de petits herbiers dits « de particulier ». « Généralement les personnes qui nous lèguent ces herbiers les découvrent en faisant du tri dans leur maison », expose le chargé de mission. Les planches de ces différents herbiers de collection ne sont pas toujours en bon état, et « ça demande du temps de les restaurer ».
Pour leur donner une nouvelle jeunesse et préserver ce patrimoine, le Conservatoire a confié cet été la poursuite de la campagne de restauration à Elliot (en CDD) et à Camille (en stage d’été).
La dégradation des herbiers s’explique à la fois par l’humidité, le mauvais assemblage, mais aussi les dégâts occasionnés par certains insectes. « Il y a souvent des étiquettes qui ne sont pas attachées, ou des plantes qui ne sont pas bien fixées », note Jean-Michel Lecron.
Elliot et Camille se sont attelés à la restauration de ces planches d’herbier en remplaçant les anciennes feuilles abîmées par des nouvelles, tout en conservant bien sûr le matériel végétal ; en fixant correctement les plantes avec des bandelettes de papier gommé.
Pas question de fixer les plantes avec du scotch, « ça peut dégrader la plante, et puis ce n’est pas vraiment esthétique », précise Jean-Michel Lecron. Dans plusieurs collections, souvent les plus anciennes, d’autres techniques de fixation des plantes étaient utilisées comme des aiguilles ou du fil à coudre.
À terme, ces différents herbiers seront regroupés en une collection unique afin notamment de faciliter les recherches. Les planches d’herbier représentant les mêmes plantes, actuellement éparpillées dans les diverses collections, seront regroupées ensemble.
S’il n’est pas possible de terminer la restauration en un été, « Elliot et Camille ont toutefois bien avancé » sourit Jean-Michel Lecron.
Les herbiers constituent une source de données importantes pour le Conservatoire, comme pour d’autres chercheurs. C’est à la fois un outil pédagogique et un matériel qui pourra servir dans de futures recherches.
En effet, les graines conservées dans les herbiers pourraient être utilisées, par exemple, pour faire renaître des plantes dans des lieux où celles-ci avaient disparu. Cette technique a été expérimentée en Belgique. Une plante considérée comme disparue depuis 1935 a ainsi été réintroduite sur le territoire grâce à des graines présentes dans un herbier.
Les collections de plantes sont aussi les témoins d’une époque, et permettent « de construire et d’analyser les cartes de répartition des espèces ».
Pour lutter contre certains insectes amateurs de plantes séchées, principale cause de détérioration des collections, les planches restaurées sont placées quelques semaines à très basse température, en les déposant tout simplement dans un congélateur.
Au siècle dernier, pour lutter contre les insectes, d’autres techniques étaient pratiquées. « Une fois que les planches étaient placées dans les armoires de rangement, des produits comme de l’arsenic ou du chlorure de mercure étaient pulvérisés, ce qui était dangereux » à la fois pour le personnel et pour ceux qui venaient consulter les collections. Elles ont été abandonnées à la fin du XXe siècle.
Ce travail de restauration est particulièrement important notamment dans le cadre de la numérisation des planches. Une opération entamée il y a plusieurs années grâce au projet national « e-ReColNat ». « À ce jour, environ 14 000 planches issues des collections conservées à Bailleul, avec leurs données numériques, sont ainsi disponibles sur le site web de e-ReColNat ».
Des informations précieuses consultables par des chercheurs, scientifiques ou passionnés du monde entier, sans avoir à se déplacer à Bailleul ou dans d’autres institutions détenant des collections d’herbiers.
Célia Bouriez
Lire aussi : Les journées européennes du patrimoine dans le Nord et le Pas-de-Calais