« La poésie est dans ma nature, mais la nature aussi, est dans ma poésie. » Cette phrase, extraite d’un des poèmes de Gérard Guiot résume à elle seule l’esprit de son « Jardin d’eau et de poésie », à Zuytpeene, dans les Flandres.
Membre des « Jardins passions » depuis une dizaine d’années, Gérard Guiot propose un voyage poétique, emprunt d’une certaine nostalgie. À 72 ans, cet ancien instituteur de maternelle se donne corps et âme à ce jardin, à son image.
Il y a 25 ans, quand Gérard Guiot arrive à Zuytpeene, son « Jardin d’eau et de poésie » est un terrain de 3,5 ha sur lequel se trouvent une chaumière du XVIIIe siècle et une grande mare.
Est-ce la maison qui a inspiré le choix des espèces plantées et le style du jardin ? Peut-être un peu. En tout cas, lors de son emménagement, il « a commencé par le jardin ! J’ai privilégié les espèces anciennes et locales. Dans un premier temps, j’ai planté des arbres autour du jardin, pour faire une petite forêt : aulnes, hêtres, charmes… Mais aussi des plus rares comme le peuplier robusta. Puis au milieu j’ai mis des arbres fruitiers. Je les ai plantés petits afin qu’ils s’enracinent bien. »
Son verger compte aujourd’hui une centaine d’arbres parmi lesquels des pommiers, poiriers, abricotiers, cerisiers… Bref, de quoi être autonome. « J’ai parmi mes arbres la transparente blanche de Cancels. C’est une variété très ancienne qui a la particularité de pousser en début d’été. J’ai des fruits toute l’année comme ça ! J’ai aussi pas mal d’espèces que je ne connais pas du tout ! J’ai pris rendez-vous avec un spécialiste qui va venir déterminer tout ça. »
De nombreux saules font aussi partie du décor dont un, ramené de son ancien jardin… en partie : « J’ai pris une branche et je l’ai planté sans grand espoir. Aujourd’hui, il doit faire 20 mètres de haut ! »
Pour les fleurs c’est pareil : « J’ai planté des variétés anciennes comme de la sagittaire et des Hémérocalles (lys d’un jour), mais la plupart des fleurs sont arrivées toutes seules ! Comme la salicaire ou encore du papyrus sauvage aussi appelé souchet. » Un seul arbre dénote, « un figuier… Je n’en suis pas très fier, mais on me l’a offert donc j’étais un peu obligé ».
Mais pourquoi « d’eau et de poésie »? « Je suis un fou de l’eau, depuis tout petit, raconte Gérard Guiot. Quand j’ai visité la maison et que j’ai vu cette grande mare, je n’ai pas hésité et l’après-midi même je signais pour l’acheter. »
Aujourd’hui, une dizaine de plans d’eau compose ce jardin, tous reliés les uns aux autres par des chemins d’eau, ponctués de petites cascades. Gérard y a planté des plantes filtrantes comme des nénuphars, des iris d’eau, des joncs ou encore des massettes. « Ces plantes filtrent les pesticides et autres résidus présents dans la terre, explique Gérard. J’ai également réalisé un bassin de baignade naturel de 25 m de long relié à un lagunage (plan d’eau plus petit rempli de plantes filtrantes, ndlr). Ma dernière réalisation : un barrage afin de mieux gérer le débit d’un de mes chemins. »
Sous le jardin, un réseau de tuyauterie relié à des commandes permet à Gérard de contrôler la répartition de l’eau entre ces différentes zones. « Je suis un peu le maître de l’eau », plaisante le septuagénaire.
Cette présence de l’eau permet aussi une bonne irrigation des plantes. D’ailleurs, Gérard Guiot conseille de « ne pas arroser son jardin. Ça rend les plantes paresseuses ! »
Entre l’eau, les nombreux saules et cette impression de nature « sauvage », le jardin fait partie de la catégorie des jardins à l’anglaise, ce qui lui confère également cette ambiance romantique et nostalgique des romans de Jane Austen.
La visite se fait par étapes et est ponctuée de poèmes associés aux endroits du jardin, une autre passion de ce retraité qui participe à des spectacles de poésie. « Je fais de la poésie souvent basée sur du vrai et avec beaucoup de jeux de mots », explique-t-il.
« J’ai commencé à écrire de la poésie pour ma femme, qui est décédée peu de temps avant que je n’achète cette chaumière. Elle et mes proches me disaient que j’étais doué et ils m’ont inscrit à un concours de poésie à Paris, sans me le dire. Je me suis donc retrouvé à déclamer mes poèmes dans un studio à Radio France ! »
Côté jardin, là aussi son épouse est à la base de sa passion puisque « c’est elle qui lui a tout appris ». Aujourd’hui, son jardin rassemble donc à ses deux amours. « Je passe ma vie dans mon jardin. J’ai enfin rénové la maison cette année c’est vous dire ! Quand j’y suis, les idées me viennent pour mes poèmes. J’ai des endroits où je m’assois et où j’écris. » Une telle symbiose avec la nature qu’il lui arrive même de déclamer sa poésie aux chevreuils de passage… qui écoutent.
Eglantine Puel
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