« Je m’appelle Lili Keller-Rosenberg. Il y a 82 ans j’étais destinée à mourir et aujourd’hui je suis là, survivante de la Shoah ». Un beau « pied de nez » aux nazis d’autant que, depuis 45 ans, Lili Leignel, née Keller-Rosenberg, témoigne sans relâche et sans repos de sa déportation auprès des jeunes et moins jeunes à travers toute la France et parfois même à l’étranger, avec un objectif : que l’une des périodes les plus sombres qu’a connue l’Humanité ne se répète jamais.
Éveiller les consciences et promouvoir les valeurs de tolérance, c’est la mission qu’elle s’est donnée avec l’espoir que ces « petits messagers » – comme elle aime les appeler – continueront de relayer sa parole pour qu’un jour la Paix revienne dans le monde. Et malgré l’actualité qui pourrait parfois faire penser qu’aucune leçon n’a été tirée de cette guerre, Lili Keller-Rosenberg reste « positive et optimiste » : « Les adultes ne sont pas raisonnables mais je crois en la jeunesse. Elle a une force exceptionnelle. »
Pour remplir sa mission, cette passeuse de mémoire ne ménage pas ses efforts. En plus des nombreuses interventions, la rescapée de la Shoah a publié trois livres : Je suis encore là, Et nous sommes revenus seuls et J’avais votre âge.
Aujourd’hui, c’est dans un nouveau projet qu’elle se lance avec l’association qui porte son nom : ouvrir une maison mémorielle avec l’ambition de « préserver la mémoire et de proposer un lieu de réflexion pour les générations futures ». Des expositions, un centre de documentation, des conférences ou encore des ateliers pourraient ainsi y être organisés afin de « comprendre les mécanismes de la haine et les moyens de les combattre ». « Un peu comme ce qui se fait à la Maison Anne Frank située à Amsterdam, aux Pays-Bas », résume-t-elle. Et d’ajouter : « Ce lieu n’est pas seulement un hommage, c’est un pont entre les générations pour que l’histoire reste vivante. »
Et l’endroit est tout trouvé : la maison dans laquelle Lili, ses deux frères Robert et André, ainsi que ses parents, Charlotte et Joseph, ont vécu jusqu’à cette terrible nuit du 27 octobre 1943 où la famille est arrêtée pour être emmenée en camps de concentration. Cette même maison dans laquelle la mère de famille et ses trois enfants – le père de famille ayant été fusillé par les nazis quelques jours avant la libération du camp de Buchenwald où il avait été déporté – ont poursuivi leur vie après leur retour de l’enfer.
« Lorsque nous y sommes revenus tout avait été pillé, il ne restait plus rien. Mais nous avions des voisins exceptionnels qui nous ont aidés. Chacun amenait ce qu’il pouvait dans la mesure de ses moyens. Tout était hétéroclite mais c’était offert avec le cœur et cela permettait de réchauffer le nôtre », se souvient la nonagénaire.
Cette maison se trouve au 42 boulevard d’Armentières à Roubaix et est justement en vente. « L’objectif est donc de la racheter », explique Lili Keller-Rosenberg. Mais pour financer cet achat, il faut de l’argent. Un appel aux dons a été lancé et une cagnotte a été mise en ligne. En quelques jours, près de 6 000 € ont déjà été récoltés.
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Hélène Graffeuille
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