Paris, Saint-Tropez, les châteaux de la Loire… Autant de destinations prisées par les touristes. Problème, aujourd’hui ces destinations sont envahies par les visiteurs : c’est ce qu’on appelle le tourisme de masse.
Face à cette situation, dès les années 1970, des alternatives telles que les gîtes ruraux, tables d’hôte et autres campings à la ferme se développe. Ce pendant plus « lent », plus authentique et où le séjour est centré sur des activités contemplatives, c’est le slowtourisme, littéralement, le tourisme lent.
Dans les Hauts-de-France, cette frange du tourisme, et le tourisme tout court d’ailleurs, commence à peine à prendre racine. La région a-t-elle une carte à jouer sur le terrain du slowtourisme ? Probablement mais pour cela, le réseau d’offre touristique doit se structurer, notamment du côté de l’agritourisme.
Et à la Région on ne s’y est pas trompé puisqu’en plus de Hauts-de-France tourisme, la Région dispose du service Hauts-de-France innovation tourisme dont la mission est d’« accompagner les acteurs du tourisme dans le développement de leur activité touristique », explique Martin Vangaeveren, responsable communication de ce service.
Mais pour accompagner, il faut aussi savoir ce qui se fait sur le territoire. C’est pour cela qu’Océane Droulin, étudiante à Sciences Po Lille en master Gouvernance des territoires urbains, a réalisé dans le cadre de son cursus, pour Hauts-de-France innovation tourisme, une étude de l’activité d’agritourisme dans les territoires de la Sambre, de l’Avesnois, de la Thiérache et des Flandres.
Pour ce dernier, elle a pu compter sur l’appui de Stéphanie Colart, manager développement touristique pour Destination cœur de Flandre. « Les Flandres sont un territoire totem pour l’agritourisme », appuie Martin Vangaeveren. Et Stéphanie Colart d’ajouter : « Le fait est que Destination cœur de Flandre a un service dédié à l’accompagnement des professionnels du tourisme et on mise depuis longtemps sur le développement du territoire. Aussi, quand on a soulevé le besoin de développer l’agritourisme on en a parlé à Hauts-de-France innovation tourisme car ça ne concerne pas que nous. On s’est dit qu’il fallait donner de la visibilité à ce besoin pour allumer une étincelle. »
Le fait que Destination cœur de Flandre ait pris bras le corps le développement du slowtourisme et de l’agritourisme a permis que la filière soit « structurée. Cette structuration on ne la retrouve pas dans les autres territoires étudiés, explique Océane Droulin. En ce qui concerne l’agritourisme particulièrement, le fait est aussi que les Flandres ont des exploitations agricoles qui étaient à même d’accueillir des touristes, d’un point de vue financier, et ce dès les années 1980. Aujourd’hui encore, ce sont généralement des fermes plus aisées mais aussi des agriculteurs plus jeunes. Il y a donc plus d’offres. »
Pour Stéphanie Colart, une des forces de la Flandre est également « la possibilité de concurrence saine. Il y a à la fois de l’élevage, des cultures, les houblonnières, les brasseries… On peut proposer tout un tas d’activités aux touristes et la filière agritouristique y trouve son compte ».
Problème, pour structurer, encore une fois, il faut connaître : « On a un gros manque de données sur l’agritourisme qui n’apparaît nulle part dans les études. C’est assez spécifique aux Hauts-de-France car l’Occitanie, par exemple, réalise des rapports très poussés sur son activité touristique et fait le distinguo pour l’agritourisme que cette Région considère comme une forme de tourisme à part entière », décrit Océane Droulin.
« Il y a un manque de reconnaissance du potentiel touristique de la Région, donc s’intéresser à des niches comme le slowtourisme et l’agritourisme…, rappelle Martin Vangaeveren. La culture du tourisme dans la région est récente et on ne veut pas tomber dans les écueils de régions aujourd’hui submergées par le tourisme de masse. C’est là que le slowtourisme et l’agritourisme ont une carte à jouer. »
Ça, Coralie Tricart, fondatrice de Cocolodge, l’a bien compris et a organisé en février dernier les premières Rencontres de l’agritourisme. Objectif : « Expliquer aux agriculteurs comment mettre en place de l’agritourisme sur leurs exploitations », explique la jeune femme.
Concrètement, l’agritourisme inclut le logement sur l’exploitation mais aussi les visites de fermes, ateliers de transformation, etc. Un des acteurs les plus connus sur le territoire national et régional est Bienvenue à la ferme, réseau d’exploitations proposant des activités agritouristiques. « Mais c’est une des rares structures dédiées à cela, ce qui explique qu’il y a un fort intérêt pour le slowtourisme et l’agritourisme mais peu de touristes qui franchissent le pas », précise Aurélie Coulon, spécialiste du tourisme travaillant aujourd’hui avec Cocolodge.
En effet, selon un sondage réalisé par l’institut BVA pour le Crédit Agricole et l’agence Agridemain, publié en mai 2021, 87 % des personnes interrogées aimeraient pouvoir échanger avec les agriculteurs, notamment lors de visites d’exploitations ou d’achats en circuit court. Parallèlement, selon la 3e édition de l’Observatoire de l’insolite, publié en décembre 2024, l’hébergement insolite a généré 430 millions d’euros en 2023, en hausse de 65 % par rapport à 2021 et les tiny houses (hébergements proposés par Cocolodge) sont en progression de 79 % en deux ans.
Concrètement, ce que Cocolodge souhaite mettre en place c’est « une vraie structuration de l’offre. Il faut se battre avec les armes du tourisme classique », appuie Coralie Tricart. Et pour cela, il semble que l’hébergement insolite soit une bonne porte d’entrée car « il se suffit à lui-même. C’est-à-dire qu’on n’est même pas obligé de proposer plus que cela car l’expérience est déjà forte en elle-même. Cela dit, ajouter une option visite de l’exploitation, balade avec des animaux… est toujours un plus mais cela dépend du temps que l’on souhaite accorder aux voyageurs », ajoute Aurélie Coulon.
En bref, « les agriculteurs ont plein d’atouts mais il faut les aider à se structurer et à vendre ». Aussi, des solutions clés en main comme celles de Cocolodge ou Un lit au pré (lire page ci-contre) sont nécessaires au développement de l’agritourisme en France et dans la région.
Églantine Puel
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