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La moisson, « le fruit d’un an de travail »

13-07-2023

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Cet été, Terres et Territoires vous fait découvrir les différents métiers qui entourent la moisson, de l’amont à l’aval. Une période particulièrement décisive pour les agriculteurs comme l’explique Mathieu Vanderbeken qui possède une exploitation à Warlincourt-lès-Pas.

Pour Mathieu Vanderbeken, agriculteur à Warlincourt-lès-Pas, les moissons sont un moment particulier de l’année, le fruit d’une année de travail. © H. G.

Ça y est, on y est ! Pour Mathieu Vanderbeken, agriculteur en polyculture-élevage basé à Warlincourt-lès-Pas, à la frontière entre les départements du Pas-de-Calais et de la Somme, les moissons ont démarré le 6 juillet avec l’escourgeon. Elles se poursuivront par le blé et le colza. Avec son associé, ils passeront à la moissonneuse-batteuse les 175 hectares de céréales qu’ils possèdent, « plus ou moins, car entre agriculteurs, on s’entraide, il arrive que je fasse la parcelle de mon voisin et qu’il me rende la pareille à un autre moment », nuance l’homme de 45 ans.

“Les moissons, c’est l’aboutissement de tous nos efforts et c’est là que se joue notre paie.”

MATHIEU VANDER

Pour Mathieu Vanderbeken, les moissons sont certainement le moment de l’année le plus important professionnellement parlant. « En agriculture, il faut savoir être patient, le colza est en terre depuis août dernier, le blé et l’escourgeon depuis octobre. Les moissons, c’est l’aboutissement de tous nos efforts et c’est là que se joue notre paie. C’est le fruit d’un an de travail », souligne l’agriculteur.

Dépendant des conditions climatiques

Une période cruciale, d’autant qu’un orage violent, une pluie battante ou encore une chute de grêle peuvent venir anéantir une culture en quelques minutes : « C’est en ce moment que la plante est la plus sensible. Le grain est mûr, il vit ses derniers instants et n’est plus accroché aussi fortement à la tige qu’au début, explique Mathieu Vanderbeken. Si nous avons des assurances en cas de problème, l’objectif est de vivre de ce que j’ai produit ! »

La météo est donc le chef d’orchestre incontrôlable, et composer avec n’est pas une option. Ce fils et petit-fils d’agriculteurs a vu la période des moissons avancer au fil des années. En cause ? Le changement climatique. « Quand j’étais jeune, elles démarraient après le 15 juillet et lorsque je reprenais l’école début septembre, nos parents faisaient encore de la paille dans les champs, se souvient-il. Aujourd’hui, elles démarrent bien avant et si elles ne sont pas terminées pour le 15 août, ce n’est pas bon signe… Lorsque la récolte s’éternise, on risque de perdre en qualité. »

Si Mathieu Vanderbeken semble plutôt confiant pour cette année, il sait aussi que tout peut basculer d’un coup et cela n’est pas sans conséquence pour la vie de famille. « C’est compliqué de prévoir des choses à cette période. Il y a quelques années, j’ai vu toute ma famille partir au mariage de mon cousin, moi, je n’ai pas pu y assister car je ne pouvais pas me permettre de manquer un jour de travail. L’an dernier, nous avions réservé des vacances en famille avec ma femme et mes deux enfants. Et, finalement, je n’ai pas pu partir car il y avait encore du travail… » Des inconvénients qu’Émilie, l’épouse de l’agriculteur, comprend parfaitement : « Je suis sage-femme, et dans cette profession, on sait aussi ce que veut dire le mot imprévu », sourit-elle.

Pendant les moissons, les journées commencent très tôt – « généralement on s’occupe des bêtes avant, le temps que l’humidité dans les champs se soit évaporée » -, et peuvent se prolonger jusque tard dans la soirée. « Il arrive même, parfois, que la nuit saute complètement. S’il n’y a pas de rosée et que de la pluie est annoncée dans les jours à venir, on avance au maximum dans la récolte », indique Mathieu Vanderbeken.

Une période intense pour ce père de famille qui se ressent parfois à la maison. « On sait que lors des moissons, il ne faut pas trop l’embêter, confie Émilie. Alors on est là pour le soutenir, l’aider d’un point de vue logistique, lui faire des sandwichs… »

Une période aussi intense que festive

Un travail difficile qui demande beaucoup d’attention mais qui a également ses avantages : « On assiste à de magnifiques levers de soleil, on voit le gibier gambader, on entend les oiseaux chanter… », énumère l’agriculteur. C’est aussi la période des grandes vacances, les enfants sont présents. « Ils adorent monter dans la moissonneuse-batteuse, alors on leur fait plaisir en leur faisant faire un tour avec nous ».

Cette année, Camille, le fils aîné de Mathieu et Émilie, a d’ailleurs déjà réservé sa place. Les proches sont également présents : « Mon frère, mais aussi quelques habitants du village m’ont proposé leur aide. Certains posent même des congés pour participer aux moissons, d’autres viennent me retrouver sur le champ et me proposent de faire une pause en cassant la croûte. »

Conduire la moissonneuse-batteuse est un plaisir pour Mathieu Vanderbeken. Il ne laisse jamais sa place.

Les volontaires conduisent généralement le tracteur avec la remorque qui suit la moissonneuse-batteuse car Mathieu Vanderbeken ne laisserait sa place dans l’énorme engin agricole pour rien au monde.

« J’ai commencé à en conduire à l’âge de 12 ou 13 ans avec mon père. Avant de m’installer, j’ai travaillé dans une entreprise de travaux agricoles justement pour pouvoir en conduire, explique-t-il, et puis c’est aussi le moyen d’être aux premières loges, de voir, en premier, le résultat de mon travail. Je vois ma récolte, je me rends compte des éventuels problèmes dans certaines parcelles du champ. »

Mathieu Vanderbeken et sa moissonneuse-batteuse sillonneront les champs encore quelques semaines avant de pouvoir souffler un peu et fêter la fin des moissons avec le traditionnel repas organisé à l’issue de cette période : « C’est toujours un moment festif que je partage avec les autres agriculteurs du Groupe de développement agricole (Geda) d’Avesnes-le-Comte. » 

Hélène Graffeuille

Lire aussi : Moisson : Une récolte historique s’achève

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