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Les événements s’enchaînent en ce moment pour Alexis Ficheux. « J’étais à la maternité quand le conseil d’administration m’a élu président ! » dévoile-t-il dans un rire.
Quelques heures après avoir été élu à la tête de la coopérative de l’Union de la Scarpe, le jeune homme de 32 ans devenait, en effet, papa, le 8 mars dernier.
De quoi remplir un peu (ou beaucoup) plus des journées déjà bien chargées – surtout à cette période de l’année -, ce qui semble aller comme un gant à Alexis Ficheux.
Car s’il habite maintenant avec sa compagne et son petit garçon à quelques kilomètres d’Haucourt (62), où est installée son exploitation, le jeune papa est né dans l’agriculture. Et il s’y plaît. L’agri, il faut le dire, c’est de famille chez les Ficheux.
« Mes parents sont tous les deux des fils et fille d’agriculteurs. Mes quatre grands-parents étaient agriculteurs », sourit-il. De génération en génération, le travail de la terre est passé dans les gènes.
« J’ai grandi ici. Forcément, on voit tous les tracteurs, on monte dessus dès qu’on peut. Et puis j’ai toujours aidé mon père. On va dire que j’ai ça dans le sang », décrit avec passion Alexis Ficheux.
Devenir agriculteur, reprendre l’exploitation de ses parents, l’idée était dans son esprit depuis tout petit. Naturellement, après un bac scientifique, il se dirige vers un BTS analyse, conduite et stratégie de l’entreprise. Qu’il complète avec un master d’ingénieur à l’institut polytechnique UniLasalle de Rouen.
Mais pour le jeune homme, l’agriculture va quand même attendre un peu. Lors de son stage de fin d’études, l’étudiant d’alors se passionne pour l’étude des sols, la biologie. « J’étais curieux par rapport à tout ça », dit-il aujourd’hui. Il travaille sur une parcelle d’essais, fait visiter celle-ci aux agriculteurs. Nous sommes en 2014 et Alexis Ficheux souhaite continuer dans ce domaine.
Mais quelques mois plus tard, fin 2015, il finit par être embauché en tant que… commercial. « Ce n’était vraiment pas mon idée au départ », sourit-il en avouant quelques a priori sur le métier. Mais ces collègues du moment finissent par le convaincre et il occupera ce poste pendant plusieurs années. Une expérience qu’il ne regrette pas : « J’avais envie de voir autre chose », résume-t-il simplement.
Mais reprendre l’exploitation familiale lui reste dans la tête. Il fait un premier pas en 2018 en rachetant une ferme du village qu’il vient rattacher à celle de ses parents, avant de se lancer pleinement dans l’agriculture, il y a trois ans.
Une époque où il crée également sa petite autoentreprise de commerce de semences et de fertilisants qui l’occupe principale l’hiver lorsque le travail aux champs est moins important. Une époque où il devient aussi administrateur de la coopérative de l’Union de la Scarpe, dont le siège est à Rœux, tout près de l’exploitation familiale. Sans se douter que trois années plus tard, il en deviendrait président.
« Ça n’était pas prévu du tout, explique-t-il. Mais le conseil d’administration voulait rajeunir la coopérative et ils sont venus me voir. » À 32 ans, le profil d’Alexis Ficheux coche toutes les cases et il accepte.
Une expérience encore toute récente et un nouveau challenge pour le jeune père, en parallèle de la gestion de l’exploitation avec son papa et sa maman, Bertrand et Brigitte, tandis que sa sœur, Hélène, est installée indépendamment en maraîchage à quelques centaines de mètres de là, dans le village voisin.
L’exploitation est en polyculture en agriculture conventionnelle et Alexis Ficheux pratique le non-labour. « Mais on n’est pas en semis direct. On a encore une charrue, mais on ne l’utilise plus. On alterne entre les outils à dents et les outils à disques pour travailler nos sols. On essaie de garder les engrais verts le plus longtemps possible. »
Au total, 300 hectares de cultures sont répartis entre Haucourt et un second site distant de 35 km. Une situation qui ne pose pas vraiment problème, même si le temps de trajet peut être long lorsque les tracteurs sont chargés . « Ce qui est bien, c’est que ce sont des terres plus froides, précise Alexis Ficheux. On a le temps de faire nos semis ici avant d’aller les faire là-bas et c’est pareil pour la moisson. Les charges de travail sont étalées. »
Une exploitation en polyculture donc, principalement du blé tendre « sur 150 hectares », et des betteraves sucrières pour la coopérative Tereos dont Alexis Ficheux est administrateur.
Mais aussi du lin textile, une quinzaine d’hectares de pois de conserve ou encore 20 hectares de seigle pour la méthanisation d’un ami.
« Du seigle qu’on récolte assez tôt, début mai, ce qui nous permet de mettre des haricots verts derrière.» Sans oublier un peu d’élevage, à petite échelle, avec une quinzaine de blondes d’Aquitaine en pâturage, « parce qu’on aime bien ça et aussi car ça fait un peu de fumier pour la fertilisation des cultures ».
Kévin Saroul
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