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Voilà près de dix ans qu’ils poussent aux quatre coins des Hauts-de-France. Aux abords d’un champ, près d’une ferme, dans un centre bourg et même en plein cœur de plus grandes villes : les distributeurs automatiques fermiers se multiplient comme des petits pains. On en dénombre plus d’une centaine sur la zone Nord-Pas de Calais.
De dimensions variables, à casier pour la plupart, ou à carrousel, ils sont même parfois frigorifiques. Ces machines, désormais presque familières, proposent toutes sortes de produits. “Les légumes sont les plus représentés mais on voit de plus en plus de distributeurs réfrigérés avec des yaourts, du beurre, qui viennent compléter un premier distributeur de fruits et légumes”, explique Sarah Duqueyroix, du service diversification de la chambre d’agriculture Nord-Pas de Calais. On peut également y acheter de la viande ou encore du pain.
Les plus petits comptent 30 casiers mais la moyenne se situe autour de 60 (certains dépassent même les 200 boîtes !). Parfois, ils sont accompagnés d’un système de drive : le client passe une commande par téléphone ou sur internet, et le producteur lui prépare son panier complet qu’il dispose dans un casier.
Beaucoup d’agriculteurs en installent un premier, puis un deuxième, parfois plus. Et puisque la rentabilité de ces distributeurs est clairement établie, “il y a eu aussi du business de fait, avec zéro produit de la ferme sur laquelle ils sont installés, mais ce n’est pas du tout la majorité”, souligne Sarah Duqueyroix.
Rencontre avec Simon Guichard, le créateur d’une appli mobile qui géolocalise les distributeurs automatiques partout en France : Distrib : naviguez sur la carte des distributeurs fermiers
“Dans les milieux ruraux où il n’y a pas toujours de commerce, le distributeur fait office de commerce de proximité, estime Sarah Duqueyroix. Cela permet aussi de compléter un point de vente à la ferme, pour vendre des produits les jours de fermeture.”
Et il semblerait que les clients soient au rendez-vous. “Oui, ça marche ! Sur tous les projets que j’ai accompagnés, il n’y a eu que deux ou trois ratés”, reconnaît Sarah Duqueyroix, notamment en raison d’une signalétique insuffisante, d’un mauvais emplacement, ou parce qu’ils n’étaient pas réapprovisionnés assez souvent.
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Séverin Dubois, agriculteur à Givenchy-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais, a mis en place un premier distributeur de fruits et légumes lorsqu’il s’est installé en 2016. “Au début j’avais mis 50 casiers, mais deux ans après j’ai doublé le nombre ! Aujourd’hui, en 2020, je dispose de 216 casiers”, détaille-t-il.
Tomates, aubergines, poivrons, fraises… Il complète sa gamme avec les produits d’agriculteurs de son secteur. “Avant, les gens passaient au supermarché et venaient prendre un sac de pommes de terre en plus ici. Maintenant, ils passent d’abord chez nous !” Un système de vente qui est entré dans les mœurs pour certains consommateurs donc. “Au début, on ne savait pas si les gens allaient accrocher, mais finalement mes parents m’ont dit que j’avais fait le bon choix.”
Ce mode de distribution, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne semble rien enlever au contact avec la clientèle. “Il faut être au téléphone, expliquer aux gens comment ça fonctionne, explique Séverin qui a bien observé les comportements de ses clients : “Il y a tous types de gens, et même des personnes âgées qui viennent, mais elles attendent qu’il n’y ait personne pour prendre leur temps !”
Le contact humain autour du distributeur, c’est aussi ce que semble apprécier Marion Fortoul, qui en a installé un sur son exploitation à Herlies, dans le Nord. Plongez dans son quotidien : Le chant des légumes, un distributeur si bavard
Les distributeurs automatiques semblent ainsi trouver pleinement leur place dans les circuits courts de distribution, répondant à une attente des consommateurs, et permettant à des agriculteurs de vendre leurs produits. “Ce qui me plaît le plus, avec le distributeur, c’est de vendre mes produits en direct !” s’enthousiasme Séverin Dubois.
Laura Béheulière