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« De plus en plus d’exploitations agricoles ont recours au travail à façon, c’est-à-dire à des prestataires de services extérieurs pour réaliser tout ou partie de leurs travaux », a indiqué le sociologue François Purseigle, professeur des universités à l’Institut national polytechnique (INP) de Toulouse, lors d’une conférence organisée par la Fédération nationale des entrepreneurs du territoire (FNEDT).
Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. Tout d’abord la diminution de la population agricole. « Les chefs d’exploitation représentent aujourd’hui moins d’1,5 % de la population active et, dans dix ans, ils risquent d’être sous le seuil du 1 % », a-t-il indiqué.
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Moins nombreux, devant assurer la rentabilité économique de leurs exploitations, et parce que les « collatéraux travaillent de moins en moins sur l’exploitation », ils ont recours à la sous-traitance. « En moyenne, elle a augmenté de plus de 50 % ces derniers années, pour atteindre 4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires », a ajouté François Purseigle.
Cette tendance concerne principalement le secteur des grandes cultures et de l’élevage. Pas moins de 12 % des exploitations de grandes cultures délèguent les activités de productions végétales et « 18 % des élevages ont recours à des entreprises de travaux agricoles pour faire le travail que faisaient jadis les collatéraux », explique-t-il.
Cette formule de travail à façon peut également être une manière de transmettre une exploitation. Ainsi, « parce qu’une famille ne trouve pas de repreneur et qu’elle considère l’exploitation comme un patrimoine, elle recourt à un prestataire de service de manière transitoire », précise-t-il ajoutant qu’il ne faut pas systématiquement « opposer installation et prise en charge du travail ».
En fait, le panel de sous-traitance se révèle très large allant d’une simple délégation de travaux ponctuels (exemple : effectuer une récolte) à une délégation quasi-intégrale ou intégrale. Ce phénomène tend également à s’importer, notamment dans les régions frontalières. De la Belgique, par exemple pour la production de pommes de terre dans les Hauts-de-France, et d’Espagne par exemple dans le domaine des fruits et légumes et de la viticulture : « Les entreprises françaises ne sont pas très à l’aise sur ce terrain, car ces pays disposent d’avantages sociaux comparativement supérieurs aux nôtres », a noté Gérard Napias, président de la FNEDT, la Fédération nationale des entrepreneurs du territoire.
C’est en partie pour compenser cette distorsion de concurrence que la FNEDT demande « l’égalité de traitement avec les agriculteurs sur la TODE (dispositif d’exonération de charges pour les travailleurs occasionnels demandeurs d’emploi, ndlr) », a indiqué Gérard Napias. Une mesure qui représente 7 millions d’euros et qui concerne environ 60 000 travailleurs saisonniers.
On peut décrire cinq profils d’agriculteurs faisant appel au travail à façon. Tout d’abord l’agriculteur qui délègue traditionnellement certaines opérations (semis, récolte…). Ensuite celui qui, par souci de transition écologique, cherche à tester de nouvelles pratiques en faisant tester un matériel performant. La troisième catégorie est celle de l’agriculteur cherchant à déléguer les traitements phytosanitaires pour éviter les risques ou le coût associé (certification, achat de matériel). Le quatrième profil est l’agriculteur, polyculteur-éleveur sur une petite structure, qui n’a pas la possibilité d’acheter du matériel et dont la structure est trop petite et qui est contraint de faire appel à un prestataire. Enfin : l’agriculteur qui par choix économique ou social (maladie) choisit l’option de la délégation quasi-intégrale ou intégrale.