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“Les gens commencent à se rendre compte qu’il y a des agriculteurs à côté de chez eux”

25-03-2020

Actualité

C’est tout frais

Véronique Waguet est maraîchère dans l’Audomarois, à Tilques (62). Système de drive, livraison à domicile, afflux de commandes… En cette période de confinement, comme tous les agriculteurs en vente directe, elle a dû s’adapter. Elle raconte.

Véronique Waguet, maraîchère à la Cressonière de Tilques, s’adapte aux nouvelles règles sanitaires. © DR

Vous faites de la vente directe. Quelle organisation avez-vous mise en place en cette période de confinement ?

Un système de drive : par téléphone, on présente aux clients la liste de nos produits (légumes de notre production et revente de fruits). Ils passent leurs commandes et je leur envoie le montant.

Arrivés chez nous, ils me donnent l’appoint par chèque ou monnaie dans une enveloppe que j’ouvrirai plus tard. Dans ces moments-là, il faut miser sur la confiance !

Je vais chercher la commande et la mets dans leur coffre. J’essaye de garder mes petites habitudes : offrir une bricole à tous mes clients, en ce moment c’est un bouquet de cresson un peu jauni. Il ne peut plus être bon à vendre mais fera une excellente soupe !

Pour ceux qui le souhaitent, la boutique reste ouverte, on y respecte les gestes barrières. Un client à la fois, qui ne doit pas toucher les légumes. Des panneaux avec les règles ont été affichés à l’entrée du magasin. Ces règles sont indispensables, malheureusement on doit répéter aux clients de les respecter pour se protéger et nous protéger. Si quelqu’un l’attrapait ici, ce serait toute la ferme qui en subirait les conséquences…

“Dans ces moments-là, il faut miser sur la confiance !”

Véronique Waguet

Ma sœur qui travaille normalement avec moi est en télétravail, car elle s’occupe de ses enfants. Comme quoi, c’est possible même dans l’agriculture ! C’est elle qui fait tous les panneaux et qui va distribuer dans sa rue à Longuenesse (62) des coupons pour préciser que nous pourrons livrer des paniers aux personnes âgées.

Sentez-vous les comportements des clients évoluer ?

Carrément ! Je passe mon temps à préparer des commandes ! Depuis notre publication sur Facebook, ça n’arrête pas. Lundi 23 mars, j’avais déjà dix commandes de plus que d’habitude de la part des clients habitués, mardi 24 mars, 20 commandes en plus… Il y a aussi des clients que je voyais très rarement et d’autres qui n’étaient jamais venus. Juste avant le confinement, c’était n’importe quoi au niveau des achats. Les clients me disaient : “J’achète du chou car ça se conserve, même si je n’aime pas.” Il faut rester raisonnable. 

Malgré le tragique de la situation, n’est-ce pas là le moment de revendiquer la force du local ?

Si ! Mais ce qui est malheureux c’est que les gens commencent seulement à se rendre compte qu’il y a des agriculteurs à côté de chez eux. Certains me disent : “On a toujours vu les panneaux de vente à la ferme mais on ne s’y est jamais arrêté…” Peut-être qu’avec tout ça, ils pourront s’apercevoir de la belle qualité de ce que nous produisons, que ces légumes ont meilleur goût et se conservent mieux que ceux du supermarché.

Vous faites aussi les marchés. Comment avez-vous accueilli la nouvelle de leur annulation ?

Je dois avouer que c’est un véritable soulagement. La semaine dernière, la première du confinement, j’ai maintenu tous mes marchés : Bourbourg, Audruick, Grande-Synthe, Dunkerque. Franchement, j’aurais pu vendre bien plus que ce que j’avais. Au fil de la semaine, je devais rationner pour pouvoir garder de la marchandise.

Le problème c’est que les gens avaient du mal à respecter les consignes, il fallait hausser le ton… Le système du marché est trop précaire pour pouvoir se protéger correctement et ça a été extrêmement difficile. Le marché de Dunkerque, je l’ai terminé en pleurant. J’étais sur les rotules. Alors, même si je n’ai jamais aussi bien vendu, je suis soulagée que ce soit terminé.

Je n’ai pas envie de perdre le lien avec mes clients qui sont un peu loin. Je compte les appeler pour voir s’il ont des demandes et, en fonction, je livrerais sur les communes où je fais le marché habituellement…

Propos recueillis par Agathe Villemagne

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