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Chargée de récupérer les aliments invendus auprès de la filière agroalimentaire, de les stocker et de les redistribuer aux associations, la banque alimentaire a un rôle primordial en cette période où les marchés sont perturbés.
Pierre Willefert : Dès le début des mesures de confinement, les restaurants et cantines, obligés de fermer leurs portes, ont donné la marchandise qu’ils avaient en réserve. C’était avant tout des produits frais, périssables. Nous avons eu le triple de marchandises que ce que nous avons d’habitude. Rien n’a été gâché. Si certaines associations de distribution ont cessé leurs activités, d’autres ont pris le relais. La demande de produits était en légère hausse.
Un peu plus tard, ce sont les agriculteurs qui se sont retrouvés avec des stocks sur les bras. Cette fois encore, nous avons pu récupérer leurs productions. Ce fut également le cas des grossistes. La quantité des denrées données est restée stable mais ces dernières étaient plus diversifiées. Depuis quelques jours, les restaurateurs nous appellent aussi pour liquider leurs stocks de conserves et de surgelés.
Pierre Willefert : D’habitude, nous nous appuyons sur l’aide de 200 bénévoles et d’une dizaine de salariés. Depuis le début de la crise, nous nous passons des services des bénévoles. Notre entrepôt fonctionne très bien malgré cette main-d’œuvre en moins. Seuls les projets tenus par les bénévoles, tels que la communication, les collectes et la sécurité, sont à l’arrêt.
Côté logistique et secrétariat, l’activité est identique et chacun est à son poste avec ses compétences. Les mesures barrières sont respectées. L’entrepôt est grand, ce qui réduit le nombre d’interactions, et nous avons reçu des masques et du gel hydroalcoolique relativement tôt.
Jacques Devaux : Il est difficile de prévoir l’après, mais j’imagine facilement qu’il y aura davantage de précarité. Après cette catastrophe sanitaire, une grosse crise économique nous attend. Heureusement, la solidarité continue d’exister. J’espère que ceux qui donnent continueront de le faire, qu’ils soient nouveaux ou non.
De tout temps, il y a eu des surproductions, à nous d’en faire profiter les personnes dans le besoin. De manière plus globale, peut-être que cette crise remettra en question notre manière de consommer. Certains d’entre nous sont trop gâtés et ont eu l’habitude de trop consommer.
« Il est difficile de prévoir l’après, mais j’imagine facilement qu’il y aura davantage de précarité. Après cette catastrophe sanitaire, une grosse crise économique nous attend. »
Jacques Devaux
Jacques Devaux : Depuis quelque temps, les distributeurs ont décidé de vendre les produits à dates courtes ou déclassés en promotion. Cela entraîne une raréfaction des dons et la réactivité doit être encore plus importante de la part de nos équipes quand nous recevons la marchandise. Nous devons donc revoir notre mode de fonctionnement.
Pierre Willefert : D’autre part, certaines collectes nationales étaient prévues et n’ont ou n’auront pas lieu. Mais ce n’est pas très gênant car nous récupérerons par ailleurs la marchandise. Je pense à la collecte de lait en juin qui se fera par les industriels.
Jacques Devaux : Dans le Nord, nous sommes plutôt bien lotis concernant les moyens humains et financiers. Nous livrons environ 160 associations qui contribuent à notre fonctionnement. Toutefois, nous cherchons toujours des bénévoles prêts à s’engager et à mettre à disposition leurs compétences.
Pierre Willefert : Bien sûr, nous sommes toujours preneurs de dons et sommes très réactifs lorsque nous recevons une proposition. Nous suivons nos produits sur les plans sanitaire, économique et fiscal. Car il faut le rappeler, un don entraîne une déduction fiscale.
Propos recueillis par Lucie Debuire