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“On a constaté une augmentation importante de nos ventes sur tous nos débouchés, témoigne Frédéric Eeckhout, en maraîchage bio diversifié à Terdeghem, dans les Flandres (59). Dans notre magasin, on a fait deux fois plus de vente par rapport à l’année dernière. Et sur le site Court circuit (achat de produits locaux en ligne, ndlr) c’est trois fois plus.” Installé depuis 2018 sur l’exploitation de sa mère, avec aujourd’hui six hectares, Frédéric Eekchout n’est pas le seul à faire ce constat.
Retrouvez les principaux chiffres dans notre infographie
Le confinement, entamé le 17 mars, a renforcé la dynamique de croissance des produits bio dans toute la France. C’est une étude du cabinet Nielsen, publiée le 8 avril 2020, qui le révèle. “L’écart de croissance avec les produits conventionnels se creuse : d’environ 14 points début février, cet écart a parfois dépassé les 20 points depuis”, souligne le cabinet.
Dans les Hauts-de-France, la progression des ventes de produits biologiques serait de plus de 20 % d’après le cabinet (entre 20 et 25 % du 23 au 29 mars 2020). Tous les circuits de distribution sont concernés.
Pour une analyse de ces chiffres en région Hauts-de-France, retrouvez notre interview de Diane Mazuel, directrice d’A Pro Bio.
Plusieurs phénomènes pourraient expliquer cette tendance. Comme le choix du commerce en ligne ou de proximité, où le bio a une place importante, estime notamment le cabinet Nielsen.
La dynamique s’expliquerait également par un regain d’intérêt des consommateurs pour des produits considérés comme plus sains ou naturels.
Frédéric Eeckhout, le producteur de Terdeghem, a l’air encore surpris: “Au magasin, au lieu d’acheter 5 kilos de pommes de terre, les gens ont acheté 15 kilos ! Je pense que ce n’était pas seulement pour faire du stock, mais aussi parce qu’il fallait bien nourrir les enfants qui ne vont plus à l’école, et se nourrir soit au lieu de manger au restaurant d’entreprise.”
Lisez le témoignage de la Biocoop Vert’Tige
Il se dit chanceux de travailler sur les bons débouchés. La situation est en effet plus délicate pour les producteurs livrant uniquement à la restauration hors domicile, qui s’est arrêtée de fonctionner net avec le confinement.
En plus des indétrônables pommes de terre, c’est la farine qui a aussi été dévalisée de son côté. “Nous avons un moulin depuis l’année dernière et on est complètement débordé par la demande !, confie-t-il. Avant, il tournait une fois par semaine, aujourd’hui c’est 24 h/24.”
Au delà du bio, c’est le local qui a attiré, estime le producteur. “Mais quand les gens avaient le choix en local, j’ai observé une préférence pour le bio», ajoute-t-il.
Connaître les actualités sur les dispositifs d’aide et de certification, travailler dans le respect des règles sanitaires, vendre ses produits… Retrouvez toutes les informations pratiques sur la page de Bio en Hauts-de-France.
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Parmi ses acheteurs confinés, Frédéric Eeckhout observe “beaucoup de nouveaux clients, ou des gens qui ne venaient plus et qui reviennent. Ils ont eu le temps de changer leurs habitudes, estime-t-il. Avant ils étaient dans la routine, et n’avaient pas forcément le courage ou l’opportunité de le faire”.
Ces nouvelles habitudes vont-elles perdurer ? Frédéric Eeckhout se montre confiant. “Si les gens ont goûté je suis convaincu qu’ils ont été convaincus ! Ils ont sauté le pas !”
Lui réfléchit déjà à planter un peu plus que prévu l’année prochaine. “Il faudra aussi sécuriser les pommes de terre, précise-t-il, en choisissant des variétés plus résistantes au mildiou.” Histoire d’avoir une production conséquente pour répondre à la demande.
Laura Béheulière