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Début du mois de septembre : la récolte débute dans les houblonnières du Nord. Les lianes de houblon sont retirées de leurs éminents mâts pour être séparées de leurs fruits puis être séchées. La région des Hauts-de-France compte sept houblonniers produisant sur une quarantaine d’hectares.
On ne le sait pas toujours, mais la « vigne du nord » pousse également en pleine nature, loin des parcelles de production. Tout comme les coins à champignons, les coins à houblons sont parfois confidentiels. Une équipe de chercheurs part en quête.
La campagne offre un panel de fleurs et de plantes comestibles. Outre les plus classiques orties ou pissenlits, le houblon sauvage, moins connu, trouve pourtant refuge dans nos contrées verdoyantes. « Cette plante grimpante peut pousser partout : monts de Flandre bien sûr, mais aussi littoral, Douaisis ou Avesnois », indique Céline Rivière, maître de conférences à la faculté de pharmacie de Lille.
Entourée de divers partenaires (ISA, CRRG, Département du Nord, entre autres…), elle est la cheffe de file de l’inventaire régional lancé sur le houblon sauvage depuis un an. « Le projet de recherche consiste à collecter la plante dans plusieurs secteurs de la région, poursuit la chercheuse. Il s’agit d’établir des connaissances sur la diversité des houblons présents sur le territoire et étudier leurs origines, leurs différences, leurs atouts... »
Particuliers, promeneurs, agriculteurs, chasseurs… peuvent faire remonter leurs observations aux équipes du projet. « En quelques mois, nous avons déjà récolté 50 pieds de houblon sauvage grâce à des remontées d’informations, annonce Céline Rivière. Nous sommes toujours intéressés pour avoir des témoignages et des lieux où se développent les lianes. »
Le houblon croît généralement près des zones humides (rivières, étangs, mer…). On le trouve aussi dans les sous-bois. « La plante pousse souvent dans les haies ou dans les buissons, et surtout dans les ronces, souligne Mathieu Boutin, du parc naturel régional des caps et marais d’Opale qui se fait le relais de cette enquête régionale. C’est un territoire bocager donc on retrouve du houblon sauvage assez facilement. » Attention tout de même à ne pas confondre le houblon avec d’autres plantes qui lui sont proches par l’aspect, comme le volubilis. En cas de doute, il est possible de demander conseil à un pharmacien.
Si vous avez connaissance de lieux où pousse le houblon sauvage, envoyez un mail à celine.riviere@univ-lille.fr
Les 50 pieds de houblon sauvage recueillis jusqu’alors ont été replantés dans un premier temps au lycée agricole de Douai (59), spécialisé dans les formations brassicoles. « Ils ont presque tous repris. Nous souhaitons les préserver sur le long terme, annonce Céline Rivière. Une houblonnière conservatoire devrait voir le jour à l’avenir. Ce sera un lieu de suivi et de sauvegarde des différentes variétés. »
Le site qui accueillera l’implantation n’est pas encore défini. Néanmoins, le travail de recherche sur la diversité génétique des houblons sauvages a, lui, démarré. « Nous étudions les molécules des plantes à travers les feuilles, les cônes et le rhizome pour en connaître les propriétés et la provenance« , détaille-t-elle. Selon sa variété, le houblon va avoir des propriétés aromatiques ou amérisantes.
L’objectif final est de mettre en évidence un ou plusieurs types de houblons propres à la région, une opération de longue haleine réalisée dans les laboratoires de l’université de Lille. Ou le décryptage des fleurs du malt…
Simon Playoult