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02-04-2025

Marie Cau, maire rurale démissionnaire

Élue en 2020 maire de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord), Marie Cau a fini par démissionner de son poste, sans regrets mais avec un peu d’amertume.

Marie Cau, ex-maire de Tilloy-lez-Marchiennes (59) © X (ex Twitter)

Pourquoi vous étiez-vous présentée aux élections municipales en 2020 ?

Je voulais m’engager pour mon village. Je suis arrivée au début des années 2000 à Tilloy-lez-Marchiennes, je suis originaire de Roubaix mais j’ai grandi à Hem. Je voulais recréer une dynamique dans le village. Mais, bien que j’aie mis des choses en place, je dois reconnaître que je n’ai pas réussi cette mission.

Vous avez en effet démissionné de votre poste en janvier 2025, pour quelles raisons ?

C’est une accumulation de beaucoup de choses. Déjà, il y a le statut du maire : 1 200 € par mois pour 10 heures de travail par jour… Dans les meilleurs jours car on ne compte pas ses heures ! Je parvenais à me préserver le dimanche. Je m’attendais à me relever les manches mais pas à ce point-là. Ensuite, il y a l’attitude des citoyens qui se comportent comme des consommateurs et veulent tout, tout de suite. Il y a une disproportion entre les attentes des habitants et les moyens.

Un des facteurs est aussi l’arrivée de néoruraux, qui veulent les mêmes services qu’en ville, mais sans payer pour…

Enfin, il y a eu les réseaux sociaux qui ont agi comme des amplificateurs. Il y a eu une campagne de dénigrement, des fausses rumeurs, du harcèlement de certains qui jouaient les corbeaux. J’ai déposé trois plaintes, aucune n’a été suivie d’actions ce qui remet de l’huile sur le feu car cela nourrit le sentiment d’impunité… Ce qui me « rassure » autant que cela m’inquiète, c’est que certains de mes collègues maires de villages vivent la même chose. Car j’aurais pu me dire que c’était parce que j’étais une femme, transgenre qui plus est. Cela a probablement amplifié le phénomène mais ce n’est pas la raison principale.

À lire aussi : Mairies rurales cherchent maires

Quelles pourraient être les solutions face à ce phénomène de démissions de plus en plus nombreuses des maires ruraux ?

Il faut remettre des moyens dans les petites communes qui ne sont plus viables économiquement. On a les mêmes contraintes que les communes urbaines mais pas les mêmes problèmes !

On pourrait penser à créer un statut spécial aux villages, qui seraient épaulés par une commune plus importante ou alors fusionner des communes tout en préservant l’identité de chaque village, mais en mettant en commun les moyens du coup.

Ensuite, il y a un problème de formation des citoyens et des élus. La plupart des habitants ignorent le fonctionnement des institutions publiques, résultat, quand ils sont élus, ils ne viennent pas en commissions, ne respectent pas les ordres du jour… Le problème, c’est que ce manque de connaissances génère des frustrations et ce sont les maires qui les réceptionnent.

Et puis de manière plus globale il y a un problème de civisme… Je ne regrette pas d’avoir été maire, ça a été une belle avancée pour la cause LGBT, mais je ne pouvais plus. C’est maintenant l’opposition qui a pris les rênes, je leur souhaite bien du courage. 

Propos Recueillis par Églantine Puel

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Hauts-de-France Nord Pas-de-Calais politique

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