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A Pro Bio, association interprofessionnelle engagée, depuis 1994, au service de la filière agroalimentaire biologique des Hauts-de-France, organisait lundi 18 novembre une soirée pour parler de la distribution des produits bios dans la région.
En effet, le secteur a connu deux ans de crise, multifactorielle. Mais depuis quelques mois, un regain d’activité se fait sentir dans les magasins spécialisés, dont l’offre est à plus de 80 % bio.
Entre 2019 et 2023, la région Hauts-de-France a perdu 35 magasins spécialisés. De 2019 à 2022, 10 ont fermé leurs portes puis 25 en l’espace de seulement un an. On note aussi un arrêt des ouvertures de magasins en 2023 dans la région, alors qu’en 2022 par exemple, on comptait sept fermetures pour 13 ouvertures.
« Je pense que le covid a un peu ralenti la chute, avance Raphaël Faucheux, gérant du magasin Biomonde Harmonie Nature à Lille. Les fermetures auraient dû survenir plus tôt en réalité car déjà en 2020, il y avait plus d’offres que de demandes. » Et d’ajouter : « On sort doucement d’une crise qui était multifactorielle avec l’inflation, des politiques publiques pas au rendez-vous, une confusion très forte des labels et une montée du nombre de magasins très rapide ! »
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Pour son confrère, Harold Tiberghien, gérant des magasins Biocoop Saveurs & Saisons de Villeneuve-d’Ascq et Bouvines, cette crise a engendré une remise en question : « Moi, j’ai repris en 2017 les magasins, à l’époque des années folles où on savait que les magasins bios allaient bien. Notre clientèle était principalement militante, et l’est encore aujourd’hui. Mais maintenant, il faut attirer une nouvelle clientèle et pour ça, il faut faire des magasins un peu plus désirables, attrayants et adopter un modèle peut-être moins “excluant”. » Il est rejoint par Raphaël Faucheux : « Quelque part, cette crise nous a montré qu’on s’était un peu laissé emporter par l’euphorie et qu’on avait oublié la base : être de bons commerçants. Ça a remis un peu de rigueur. »
Mais alors, quels sont les modèles qui ont tenu le choc ? « Ce qu’on observe, c’est une résistance des magasins avec un réseau historique et structuré, associé par exemple à des coopératives », explique François Meresse, directeur d’A Pro Bio. « En fait, les magasins indépendants sous coopérative qui n’ont pas d’actionnaires à rémunérer », ajoute Raphaël Faucheux.
Parallèlement, ceux qui ont fermé sont les petites structures type épicerie vrac, ou encore à l’autre bout du spectre le réseau BBG – Bio, Bon, Gourmand. « Ce sont les magasins jeunes, endettés ou avec un business plan coûteux à mettre en place qui ont fermé car ils ont dû faire face à une baisse de l’activité, de la trésorerie et de leur chiffre d’affaires », précise le gérant de Biomonde.
Les magasins toujours ouverts « récupèrent » en partie la clientèle des magasins fermés mais misent aussi, en restant très prudents, sur les fermetures des rayons bio dans les supermarchés.
Maintenant, il faut attirer une nouvelle clientèle. « Ce dont on se rend compte, c’est que le discours militant ne fonctionne plus seul. Il faut maintenant réussir à vendre de la gourmandise, une belle histoire », avance Harold Tiberghien. « En soi, la bio c’est une belle histoire. Il faudrait simplement réussir à la rendre plus séduisante et montrer les externalités positives, à plusieurs niveaux, que cela apporte », abonde Gabrielle Verjus, cofondatrice et directrice d’Azade (grossiste).
« On a deux types de clients en bio : ceux qui achètent de la bio pour des raisons finalement un peu égoïstes qui est leur santé, leur bien-être, et puis ceux qui le font pour l’environnement. Ça prendra du temps, mais si on parvient à montrer et expliquer que la bio est une énorme réponse au réchauffement climatique, alors on aura probablement de nouveaux clients. Car selon moi, notre réservoir est là », conclut Raphaël Faucheux.
églantine Puel