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Depuis l’annonce de la dérogation permettant d’utiliser les néonicotinoïdes dans les semences de betteraves, les choses ont tourné. Pour la filière betteravière française, c’est la désillusion. “Lorsque nous avons négocié avec le ministre de l’Agriculture, nous avions obtenu cette dérogation à condition que nous n’implantions pas de culture à fleur l’année suivante“, explique Emmanuel Pigeon, directeur de la CGB (confédération générale des planteurs de betteraves) Nord-Pas de Calais à l’occasion d’une réunion en ligne le jeudi 7 janvier 2021.
Mais depuis, la donne a changé. Les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique ont commandé un rapport à l’Anses (Agence nationale de la sécurité sanitaire) sur les modalités d’application de cette dérogation. Et là, c’est la douche froide. “On nous demande de modifier notre rotation sur trois ans“, s’insurge Christophe Mullie, président de la CGB Nord-Pas de Calais.
En résumé, pas de maïs, ni de pommes de terre en année N+1 (ce qui représente 8 % de la sole régionale). Pas de colza, lin ni légumes en N+2 (soit 20 % de la sole actuelle).
“Les contraintes sont importantes et les conséquences économiques également, explique Thimothé Masson, responsable du service économique à la CGB. Si on modifie la rotation classique des Hauts-de-France en n’implantant pas 20 hectares de lin avant trois années précédant la culture de betteraves, nous avons estimé la perte à 4 000 euros.”
Sans compter les impacts agronomiques et écologiques. “La culture de colza est en sursis. S’il devient de plus en plus difficile de l’intégrer dans nos rotations, nous allons la laisser tomber“, intervient Christophe Mullie. Un non-sens aux yeux de la filière, quand on sait que des millions sont sur la table pour relancer un énième plan protéines.
Toutefois, les jeux ne sont pas encore faits. Le projet d’arrêté est désormais en consultation publique. “Chaque planteur de betteraves est appelé à amender cette consultation afin que le projet soit réécrit“, interpelle Christophe Mullie. Toutefois, il faut aller vite.
“Il ne s’agit pas de modifier complètement le texte, car dans ce cas, le temps jouera contre nous, la dérogation ne sera pas effective avant que les semenciers puissent livrer les semences, explique Thimothé Masson. Il s’agit juste de simplifier le texte et de rendre ces conditions plus proches de la réalité du terrain et donc plus faciles à appliquer.”
Car avec ces obligations, nombreux sont les planteurs qui annoncent ne pas vouloir utiliser des semences protégées par les néonicotinoïdes ou tout simplement supprimer les betteraves de leur rotation.
Retrouvez la consultation publique ici.
Lucie Debuire