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Mise à jour le 29 avril 2020
Dans de nombreuses parcelles de la région des Hauts-de-France, les pucerons verts ont fait leur apparition. Avec eux, le virus de la jaunisse nanisante. Cette maladie peut entraîner une perte de rendement de 30 à 50 %. L’hiver doux et le printemps chaud ont favorisé la pullulation des pucerons.
« Pourtant, nos betteraves sont semées depuis le 15 mars, explique Christophe Mullie, président de la CGB (confédération générale des planteurs de betteraves) Nord-Pas de Calais. Sur les deux feuilles qui sortent de terre, je vois déjà trois à quatre pucerons sur chacune d’entre elles. » Alors pour sauver leurs futures productions, les agriculteurs n’ont pas le choix. Ils sortent la grosse artillerie à contrecœur : le pulvé et les insecticides.
Cela faisait un petit moment qu’ils ne l’avaient pas sorti pour ce genre de lutte. 30 ans pour être exact. Pendant cette période, les néonicotinoïdes intégrés dans l’enrobage de la graine faisaient très bien le travail. Mais depuis la campagne 2019, cette molécule est interdite « pour répondre à un dogme écologique contreproductif », estime Christophe Mullie. La précédente campagne, la première sans cette molécule, s’était relativement bien passée. « Nous bénéficiions de trente années de lutte et les conditions météorologiques étaient défavorables à l’arrivées des pucerons », ajoute-t-il.
Seulement, les impasses techniques se révèlent aujourd’hui. « Nous pouvons utiliser du Movento, deux fois seulement. Hélas, cet insecticide a une efficacité insuffisante dans notre cas, décrit Christophe Mullie. Nous avons l’autorisation d’utiliser le Teppeki, plus efficace, mais pas avant six feuilles. Mais d’ici là, les pucerons auront envahi la plante et la jaunisse se sera installée dans la parcelle. »
Une impasse que la CGB dénonce amèrement. « Nous allons être obligés de faire au moins trois passages d’insecticides sans être sûrs du résultat. C’est une aberration écologique, souligne le représentant. Sans compter le risque que les agriculteurs prennent à multiplier les traitements. »
La CGB, appuyée par son institut technique (ITB), a donc alerté la direction générale de l’alimentation du ministère de l’agriculture (DGAL) le 24 avril sur la gravité de la situation. « Elle lui a demandé en urgence deux dérogations, explique Christophe Mullie. Une pour pouvoir utiliser le Teppeki dès le stade deux feuilles afin d’apporter une réponse immédiate aux fortes infestations constatées en plaine. L’autre porte sur la possibilité d’appliquer un second traitement de Teppeki pour couvrir, en cas de besoin, toute la période de sensibilité des betteraves aux pucerons verts, c’est-à-dire jusqu’à la couverture du sol. »
Depuis cette alerte, le gouvernement français a donné l’autorisation, le 28 avril, aux producteurs de betteraves d’utiliser le Teppeki au stade deux feuilles. Ils n’auront plus à attendre les six feuilles apparentes. “La CGB salue la mobilisation et la diligence de services du ministère de l’agriculture et de l’Anses pour avoir apporté une réponse rapide à sa première demande et les invite à donner rapidement une suite favorable à l’autre demande “, reconnait-elle dans son communiqué de presse du 29 avril.
Toutefois, le président de la CGB du Nord-Pas de Calais fait remarquer que « les autres producteurs de betteraves européens n’ont pas ce souci car les néonicotinoïdes sont autorisés et les insecticides largement homologués ».
Lucie Debuire