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La Lys, un bout de l’histoire du nord

13-07-2023

Grand format

#Tracetonsillon

Cours d’eau longtemps délaissé, la Lys a une histoire riche et permet aux curieux de découvrir toute l’étendue de la culture du nord de la France. Venez faire du pédalo sur le deuxième cours d’eau de notre série estivale.

La Lys n’est pas particulièrement connue par les plaisanciers. Mais pour ceux qui y viennent, ils apprécient son caractère bucolique. © Lys sans frontières

Du Pas-de-Calais à la Flandre belge, la Lys, affluent de l’Escaut, est un petit condensé de ce qui fait la culture du nord de la France. Sur 214 km, elle traverse aussi bien des communes aux fortifications Vauban que le bassin minier, avant de passer en Wallonie, partie francophone de la Belgique, pour finir à Gand, joyaux d’architecture flamande.

Bref, un fleuve qui a tout pour attirer les touristes mais qui peut aussi permettre aux locaux de redécouvrir ce qui fait la richesse de leur région.

De l’industrie au tourisme

Historiquement, la Lys était d’abord un cours d’eau utilisé par les industriels : « Elle était bordée par des “châteaux” de l’industrie comme la brasserie Motte Cordonnier, à Armentières, la minoterie Moulin Hennion, à Merville, mais aussi des entreprises textiles. Aujourd’hui, il reste des bâtiments de cette époque que l’on peut observer, témoins du riche passé industriel du territoire », explique Valérie Grimbert, directrice de l’association Lys sans frontières qui œuvre pour la promotion de la Lys.

Les élus des communes qui bordent la Lys se sont fortement impliqués ces dernières en développant des activités de loisirs sur la Lys. »

VALÉRIE GRIMBERT, DIRECTRICE DE LYS SANS FRONTIÈRES

« L’âge d’or de la Lys, dans une perspective économique, a donc été le XIXe siècle. Puis, avec la fin de cette période faste, elle a été peu à peu délaissée par les entreprises. Quant aux habitants, les bords de Lys sont devenus leur lieu de balade mais rien de plus… »

Pourtant, des entreprises comme la brasserie du pays flamand, à Merville, qui produit entre autres l’Anosteké, souhaite redonner à la Lys cette fonction économique en transportant son malt par voie d’eau entre Aire-sur-la-Lys et Merville, « mais il faut attendre la réfection du pont-levis de Merville », qui ne se lève plus depuis quelques années.

Avant elle, l’usine Roquette s’était engagée à utiliser la Lys et à transporter ses céréales par voie d’eau mais finalement, elles vont jusque Béthune en camion et train, par gain de temps « mais c’est moins écologique. Plus beaucoup de péniches passent par la Lys (environ une par semaine selon VNF*). Pourtant c’est fort utile pour l’entretien de ce cours d’eau car les péniches font bouger les sédiments ce qui évite la formation de monts, par exemple ».

Venez découvrir d’autres cours d’eau ici.

Faute d’activité économique suffisante, il a donc fallu trouver une autre fonction à la Lys : « Les élus des communes qui bordent la Lys se sont fortement impliqués ces dernières années et ont permis aux habitants de se réapproprier ce cours d’eau en développant des activités de loisirs (lire aussi en page 42). Pendant des années, on a tourné le dos à la voie d’eau. Aujourd’hui, c’est le contraire. On a compris qu’avoir un cours d’eau dans une ville était un plus ! » D’ailleurs, une charte de la Lys, signée par plusieurs dizaines de communes les engage à promouvoir, développer et animer l’affluent.

La Lys a donc désormais une triple fonction : économique, d’attractivité et touristique. Il faut dire que « la vallée de la Lys recèle des patrimoines très riches et diversifiés. De nombreux beffrois classés à l’inventaire du patrimoine de l’Unesco jalonnent aujourd’hui la rivière. Tout le long du parcours les becques, les délaissés ou bras morts, ont été aménagés en réserve ornithologique avec observatoire, parcours sportif, espaces de détente et de promenades… permettant de protéger les espèces et la biodiversité ».

À pied, à vélo ou en bateau

Au-delà du bâti donc, la Lys permet aussi de se mettre au vert. « La vallée de la Lys regorge de jardins et parcs. On peut citer le parc du château de Nieppe, véritable poumon vert avec plus de sept hectares de pelouses, et un bois d’une richesse rare car on y recense plus de 30 espèces d’arbres. On peut aussi observer, autour du manoir, les douves presque quadri-centenaires que sillonnent les cygnes et canards. Je pense aussi au château de Verchin, dont le parc composé d’un étang alimenté par la rivière de la Lys, d’un jardin potager, clos de hauts murs, est aménagé en “chambres”, renfermant plus de 100 variétés de fleurs et légumes… Ou encore les prés du Hem, où l’on peut emprunter un petit train électrique ou prendre le bateau-mouche pour découvrir les 120 hectares de nature ainsi qu’un lac dédié aux loisirs ». Cela dit, Valérie Grimbert a deux coups de cœur : « Le jardin de la méditation et le jardin Bosselé, tous deux à Saint-Venant. Des endroits qui permettent de s’échapper tout en restant en ville. »

Autre moyen de découvrir la Lys, la véloroute qui permet de relier la source de la Lys, à Lisbourg, à son embouchure à Gand (voir aussi page ci-contre), et ainsi traverser littéralement l’histoire du nord. « Nous travaillons beaucoup avec la Belgique et organisons régulièrement des événements transfrontaliers comme le raid des canaux. Ça fait partie de l’ADN de la Lys. »

Le vélo est un des moyens de locomotion les plus plébiscités pour les balades le long de la Lys.

Et pour les amateurs d’itinéraires encore plus longs, Valérie Grimbert rappelle l’existence des « eurovéloroutes, développées à l’échelle européenne comme l’EuroVelo n°5 » (voir aussi en page ci-contre).

Le vélo est un des moyens de locomotions les plus plébiscités pour les balades le long de la Lys. « C’est un cours d’eau qui traverse beaucoup de petites communes charmantes et qui sont parfaites à explorer à vélo. Par exemple, Aire-sur-la-Lys possède 27 km de pistes cyclables ! Et puis, à partir de là, il est facile de rejoindre d’autres communes un peu plus éloignées du cours d’eau. On dit généralement qu’un plaisancier va bouger dans un rayon de 6 km autour du cours d’eau. » Une distance facilement réalisable à vélo.

Et puis, plus récemment, des bateaux électriques “NéoLys” ainsi que tout un tas d’autres activités nautiques sont proposées sur le cours d’eau : pédalo, paddle, kayak… La Lys est aujourd’hui utilisée aussi bien à terre que sur l’eau.

« On sent du changement dans la perception de la Lys. Il y a une véritable dynamique et un bel avenir qui se dessine pour elle. Peut-être que Lys sans frontières était un peu en avance sur son temps il y a 20 ans en proposant d’en faire un atout touristique et un objet d’attractivité mais aujourd’hui, on voit qu’on avait raison et que la Lys a beaucoup à offrir aux habitants et aux touristes. » 

Lire aussi : Lecture : l’histoire rurale du Pays de Pévèle au fil des siècles

Eglantine Puel

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