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Cohabiter avec une personne âgée. Partager des moments conviviaux et un logement. L’idée a fait son chemin dans les villes où le concept a le vent en poupe. À la campagne, ce type de colocation est en revanche très peu répandu. Pourtant, il permet aux uns de rompre l’isolement et aux autres de pallier la difficulté à trouver un logement.
Créée en 1981, l’association Générations et cultures, qui couvre le territoire du Nord et du Pas-de-Calais, souhaite faire accroître les logements intergénérationnels dans les petites communes.
La démarche « Un toit à partager » est active à Arras (dix binômes), Valenciennes (trois), Dunkerque (deux) et Lille (50). Elle devrait faire prochainement son apparition à Douai. Le concept est simple : un étudiant, apprenti, actif, une personne en recherche d’emploi ou en reconversion est accueilli au domicile d’un hébergeur.
« Il faut au moins une génération d’écart (20 ans) entre l’hébergé et son hébergeur, indique Floriane Defaut, chargée de projet logement intergénérationnel pour l’association. Dans la majorité des cas, les hébergeurs sont des séniors qui possèdent une chambre vide au sein de leur domicile et qui sont en demande d’un peu de compagnie. »
La relation de réciprocité est en effet au cœur du projet. « Convivialité et partage sont des valeurs indispensables à nos yeux, poursuit la responsable. L’enrichissement se veut culturel et intergénérationnel. » Les échanges sont nombreux et concernent diverses tâches du quotidien : courses, repas, informatique, sorties…
Si le dispositif trouve jusqu’alors écho en milieu urbain, les difficultés qu’il espère briser (isolement, problèmes d’insertion sociale ou prix des loyers…) sont pourtant les mêmes en milieu rural. D’où la volonté de Générations et cultures de vouloir déployer ce principe de cohabitation intergénérationnelle dans les villages.
« Lorsqu’un hébergeur propose une candidature, nous allons à sa rencontre afin de mieux connaître ses attentes mais aussi de nous assurer de ses motivations et des caractéristiques du logement », souligne Floriane Defaut.
La chambre qu’il mettra à disposition doit être indépendante, meublée d’au moins un lit, une armoire et un bureau. Le locataire doit aussi avoir accès aux sanitaires et à une cuisine. « Avant tout emménagement, une rencontre entre les deux futurs colocataires est organisée par l’association, précise Floriane Defaut. Nous nous assurons que le feeling passe et rappelons aux parties la philosophie de la démarche. »
Un second rendez-vous est ensuite fixé entre les deux personnes, sans les membres de l’association. Préalablement à l’installation, elles doivent signer une convention d’occupation (équivalent d’un bail) à titre provisoire et précaire, d’un à douze mois renouvelable ainsi qu’une charte tripartite qui reprend les engagements de chacun. L’état des lieux est établi, en présence des deux parties, par l’association. La personne hébergée devra s’acquitter mensuellement d’un loyer de 210 euros par mois (avec un supplément de 20 euros en cas d’accès à une douche ou une baignoire individuelle). Des aides au logement sont possibles.
Générations et cultures accompagne les binômes tout au long de la cohabitation pour favoriser une relation de qualité (une médiation est instaurée en cas de nécessité). Des animations collectives (pot d’arrivé, goûters, rencontres seniors…) sont régulièrement proposées entre les hébergeurs et les hébergés. Afin de faire connaître la formule dans les territoires ruraux, l’association – qui bénéficie déjà d’un partenariat avec la Mutualité sociale agricole (MSA) – va signer courant septembre 2019 une convention cadre avec le CNEAP Hauts-de-France, réseau régional d’établissements d’enseignement agricole privés.
« Les habitations intergénérationnelles sont susceptibles d’intéresser les élèves en formation ou en apprentissage, évoque Floriane Defaut. Les stages sont nombreux en agriculture et il faut souvent trouver un logement près des fermes. Le concept peut aussi plaire à ceux qui, arrivés en études supérieures, veulent quitter l’internat ou aux élèves en formation “services à la personne” par exemple. »
Par ailleurs, les exploitants agricoles, retraités ou non, peuvent intégrer la démarche et proposer des logements. Partager son toit participe à améliorer l’attractivité des territoires ruraux et à accroître leur désenclavement.
Simon Playoult
Info pratique
Pour contacter l’association :
03 20 57 04 67