Votre météo par ville
Il est toujours en route. Alexis Macke n’a pourtant pas la bougeotte : il est livreur d’aliment pour le bétail, chez Vanhems, à Vieux Berquin (59). Comme deux tiers des Jeunes agriculteurs (JA) de son canton des Flandres, il est salarié. L’installation, il y pense. « Mais encore faut-il avoir l’opportunité, reconnaît-il, et ne pas se faire doubler ! Cela explique pourquoi on cotise chez les JA en attendant de s’installer : on se bat pour que la terre reste accessible aux jeunes. »
Entre deux trajets, le jeune homme de 31 ans, « JA depuis 2011 », et à la tête de son canton depuis trois ans, a fort à faire depuis plusieurs mois : avec son équipe, il se prépare à accueillir samedi 28 et dimanche 29 août, Terre en Folie, l’événement phare des jeunes agriculteurs du Nord-Pas de Calais.
Si la préparation de l’événement requiert des dizaines de paires de bras le jour J, et encore plus de cerveaux motivés en amont (le comité est d’ailleurs présidé par Florine Dacquin, dont nous avions fait le portrait dans le Terres et territoires du vendredi 3 juillet 2020), cette année, c’est plus appuyé encore.
« Le préfet (Georges-François Leclerc, le remplaçant de Michel Lalande depuis la mi-juillet à la préfecture des Hauts-de-France, ndlr) a estimé que le canton de Béthune a bien géré l’événement l’an dernier. Il nous a donc permis de recommencer. » Avec quelques contraintes en plus : « Le pass sanitaire sera demandé à l’entrée, le masque obligatoire sur tout le site, une jauge de 5 000 personnes sera mise en place, détaille Alexis Macke. Il nous a aussi demandé d’ouvrir 10 guichets en tout, pour éviter les attroupements. Ils savent qu’entre 13 h 30 et 15 h 30 il y a souvent foule ! »
Des contraintes qui imposeront de glaner quelques volontaires supplémentaires. Le président des JA des Flandres relativise les prévisions de fréquentation. « Nous attendons 5 000 personnes. On aimerait bien plus, mais de toute façon on ne peut pas ! »
Covid ou pas, cette année les JA des Flandres ont vu grand. En plus de toutes les activités habituelles (mini-ferme, poney, marché local, moiss batt cross, tiercé de cochons…), l’événement comptera quelques spécificités, comme un maréchal-ferrant, et un ring de présentation des races locales.
« Nous avons voulu faire participer les éleveurs des races locales qui n’ont pas pu aller au salon de l’agriculture cette année, justifie Alexis Macke. Et puis, l’entrée est à 5 €, on veut que ça les vaille ! »
Chevaux, moutons, ânes, bovins allaitants et laitiers, chèvres… Il faut dire que pour ce fils et frère d’éleveurs de Rouge flamande depuis quatre générations, les races locales sont toute une histoire.
Et puis, après plus d’une année de visioconférences imposées, Terre en Folie est aussi une bouffée de fraîcheur. « On a fait pas mal de réunions en visio, mais le présentiel, il n’y a rien de tel ! Certains se sont essoufflés à cause de ça… On est allés les rechercher, bien sûr. Il faut un capitaine de navire pour motiver les troupes. »
Sans compter que Terre en Folie, vitrine annuelle des JA, est aussi l’occasion de passer quelques messages. « Nous avons travaillé sur un quiz pour enfants. Le but est qu’ils repartent avec des notions sur l’agriculture, des chiffres en tête. Pas des choses lues sur Facebook par leurs parents, qui ne sont pas la vérité. Oui on fait de la poussière, oui on travaille parfois la nuit, mais encore faut-il expliquer pourquoi ! Il s’agit de répondre aux idées reçues sur l’agriculture, sans attaquer les gens. Il ne faut pas oublier que quelques générations en arrière, toutes les familles comptaient des agriculteurs. Il faut aider les gens à nous comprendre. »
Lucie De Gusseme