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Clémence Delambre, une jeune femme pressée

29-03-2022

Actualité

Les rencontres

Associée à 22 ans dans le Gaec familial, à Magnicourt-en-Comté, en y ajoutant un atelier de transformation du lait et un magasin de vente directe à la ferme, administratrice de la coopérative laitière La Prospérité Fermière Ingredia à seulement 24 ans, Clémence Delambre brûle les étapes sans se départir de son éternel sourire.

Clémence Delambre donne à manger à ses vaches © H. V.

On l’a découverte lors de la journée sur l’égalité femmes-hommes et à la mixité en entreprise, le 15 mars, à la Prospérité fermière Ingredia. Clémence Delambre y a témoigné avec deux casquettes : celle d’éleveuse et celle d’administratrice de la coopérative. Son naturel, son dynamisme et sa précocité nous ont donné envie de mieux la connaître.

« Je suis la représentante de la quatrième génération sur cette ferme. Mes deux grands-mères, ainsi que mon arrière-grand-mère étaient agricultrices. J’ai été élevée dans l’exploitation par ma grand-mère car ma mère, double active, travaillait aussi à l’extérieur. M’installer dans une exploitation était une évidence car je veux faire ce métier depuis que je suis toute petite. »

Être femme n’a jamais été un obstacle pour devenir agricultrice, quoi qu’en pensent les autres : « Quand ma sœur cadette est née, des personnes ont dit à notre père : la ferme, c’est terminé. Elle ne sera pas reprise après vous. » Tout faux. Les deux filles ont “attrapé le virus” : Léa, la sœur en question, suit aussi une formation agricole.

Installation rapide

Si c’était son projet de vie, « la mort brutale de mon oncle, exploitant à Aix-Noulette, a précipité les choses, explique Clémence. Nous avons décidé de reprendre la ferme, notamment pour permettre à mes cousins, qui sont plus jeunes, de s’y installer plus tard s’ils le désirent. Nous avons rapatrié les bêtes de mon oncle, en ne gardant que les terres là-bas. Nous sommes passés de 80 à 140 hectares et de 50 à 70 vaches laitières. Pendant que je finissais mes études, mon père travaillait seul sur les deux exploitations. Ce n’était pas tenable, notamment à cause de la distance entre les deux. » 

S’il y avait trop de travail pour un, il n’y en avait pas forcément assez pour deux. « Pour pouvoir sortir un salaire de plus sur l’exploitation, il fallait dégager des revenus supplémentaires », explique la jeune femme.

Du coup, après son Brevet de technicien supérieur ACSE à l’Institut agricole d’Hazebrouck, elle a poursuivi avec une licence professionnelle Produits locaux et circuits courts à l’ESA d’Angers.

Salariée puis associée

Clémence a été salariée un an sur l’exploitation, le temps du processus de reprise, avant de devenir associée à seulement 22 ans. Elle est désormais propriétaire de 33 % des parts de l’EARL familiale. Dans la foulée, elle a aménagé un laboratoire de transformation et ouvert un magasin de vente directe à la ferme. Un retour aux sources : « Ma grand-mère Thérèse vendait déjà en direct quand elle tenait cette ferme.  » Clémence ajoute : « C’est le seul regret de mon père. Comme il n’avait pas conservé la vente en reprenant l’exploitation, il n’avait rien à me transmettre à ce sujet, alors qu’il m’a fait découvrir tout le reste depuis que je suis petite. »

Sur les 520 000 litres de lait, garantis à l’herbe sans OGM, produits chaque année, 60 000 sont transformés par Clémence, dont 49 000 litres en lait écrémé racheté par la coopérative. Avec le reste, Clémence fait du beurre, de la crème et des yaourts aux fruits « avec du coulis de fruits, pas de l’aromatisé ».

Recrutée par Serge Capron

Clémence n’a pas peur de brûler les étapes. Elle en a franchi une autre, dès 2021, en devenant administratrice de la Prospérité fermière Ingredia, la coopérative à laquelle l’exploitation adhère, à 24 ans.

« Après la démission d’un des administrateurs, Serge Capron, le président, souhaitait féminiser et rajeunir le conseil d’administration. Il m’a sollicitée. J’ai assisté à une première réunion, ça m’a plu. » Elle devient lors de l’assemblée générale cette année-là la troisième femme administratrice, sur les douze membres que compte la coopérative.

« C’est important de siéger au conseil d’administration, reprend Clémence, car, outre la fixation du prix du litre tous les mois, on découvre ce que devient le lait que nous livrons, ça ouvre des perspectives. Emmanuel, son père, l’a encouragée : « Ce qui compte dans la vie, c’est l’ouverture d’esprit, c’est la rencontre avec les autres. Je lui ai dit : ” si tu t’installes ici et que tu passes ta journée au cul des vaches, dans 15 ans, tu seras écœurée du métier “. » Le conseil a été entendu.

Hervé Vaughan

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