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Photo-reporter de 27 ans, Victorine Alisse ne se balade jamais sans son appareil photo. Sa motivation ? Relayer ce qui se passe dans son environnement, mettre en lumière des personnes qu’on oublie ou qui sont peu médiatisées.
C’est dans cette optique qu’elle est partie en Amérique latine, il y a deux ans, pour capturer les plus beaux belles initiatives. « Là-bas, j’ai essayé de me fondre dans la population, raconte-t-elle. J’ai, par exemple, participé à certaines missions d’une association qui redynamise un quartier en rénovant des bâtiments par exemple. En réalisant des photos et en les publiant, j’essayais de donner de la voix à ces personnes dévouées qui évoluent bien souvent dans l’ombre. » Une expérience qui a conforté le choix de Victorine de se tourner vers le photojournalisme.
Une fois son diplôme en poche de la Street School, c’est parti pour l’aventure ! Victorine Alisse essaye de saisir toutes les occasions pour aller sur le terrain. Que ce soit à l’étranger, en Grèce, pour suivre les femmes réfugiées ; ou au bois de Vincennes pour vivre avec les personnes sans domicile fixe. Pour la jeune femme, il ne s’agit pas de discuter avec ces personnes. Il faut vivre avec. « Mon but est de comprendre ces personnes, connaître leur réalité pour mieux parler de leur quotidien. » De beaux projets stoppés par le coronavirus.
Mi-mars, Victorine décide de se confiner en famille, près de La Bassée (59). Elle profite alors de ce moment pour renouer avec ses origines agricoles. « Mon grand-père était agriculteur et a beaucoup souffert de ne pas céder son exploitation à un membre de notre famille, explique-t-elle. Au fil des discussions avec ma grand-mère, je me suis aperçue à quel point la transmission d’une exploitation est importante. »
Ce constat fait, l’idée germe et Victorine se lance dans un projet de photo-reportage avec une de ses amies, rencontrée à l’école de journalisme. « L’idée est de brosser le portrait de ces personnes qui sont prêtes à tout pour reprendre l’exploitation familiale, explique-t-elle. Pour cela, je vais partager le quotidien des familles pendant quelques jours, afin de mieux comprendre l’histoire familiale et les motivations des cédants et des repreneurs. »
“L’idée est de brosser le portrait de ces personnes qui sont prêtes à tout pour reprendre l’exploitation familiale.”
Victorine Alisse, photo-reporter
En attendant que son projet se concrétise, la jeune photo-reporter a suivi pendant les deux mois de confinement le travail de Marcel ; son voisin agriculteur qui est en train de passer le flambeau à son fils. Toujours l’appareil photo à la main, elle a apprivoisé ces personnes en partageant leur quotidien. Elles sont loin du feu des projecteurs, mais ont un rôle à jouer dans notre société. « Je me suis rendu compte que malgré le confinement, les agriculteurs étaient, eux, en pleine activité, se souvient-elle. Donner la voix aux personnes de l’ombre passe aussi par mettre en lumière ces agriculteurs courageux. »
Depuis, la jeune femme est partie vers le Sud-Ouest de la France pour débuter son projet sur la transmission des exploitations. Première étape : suivre la transhumance d’un troupeau de vaches. En essayant de découvrir la flamme qui anime ces agriculteurs d’aujourd’hui. « En laissant s’exprimer ces personnes, je crois que je fais l’un des plus beaux métiers du monde ! »
Lucie Debuire
Retrouvez les photos de Victorine Alisse, sur son site portfolio.