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Rencontre avec Bastien Sachet, directeur de la fondation Earthworm

10-03-2022

Actualité

Les rencontres

Agronome et écologiste convaincu, Bastien Sachet dirige la fondation Earthworm, qui accompagne les territoires, dont les Hauts-de-France, à s’engager contre le réchauffement climatique.

Bastien Sachet © LD

États-Unis, Inde, Mexique… mais aussi Hauts-de-France, autant de territoires qui travaillent avec Earthworm, une organisation non gouvernementale (ONG) sur l’écologie régénératrice des sols et des forêts. Rencontre avec son dirigeant, Bastien Sachet.

Comment vous positionnez-vous dans le paysage de l’écologie ?

L’objectif est de proposer une écologie de solutions à toutes les entreprises et territoires. L’écologie punitive qui consiste à supprimer tel ou tel produit ou d’obliger à utiliser une technique ne fait pas avancer les choses. Notre but est de régénérer les sols et les forêts. Dans le processus d’achat des matières premières, la provenance et le processus de fabrication ne sont pas pris en compte. Cela peut entraîner la déforestation, mais aussi la dégradation des sols. Pour éviter cela, nous proposons à nos entreprises partenaires  (distributeurs, multinationales, fournisseurs…) de travailler sur leurs manières de se fournir.

Comment les entreprises, territoires et agriculteurs adhèrent à votre conception de l’écologie ?

Le producteur ne s’engage pas seul, mais avec toute la filière agricole ainsi que les pouvoirs publics. Les élus territoriaux ont bien saisi l’enjeu. Les entreprises, quant à elles, font face à deux enjeux : la demande d’une partie de la société pour se procurer des aliments qui respectent l’environnement et, d’autre part, des menaces de plus en plus fortes sur leurs approvisionnements. Elles ont compris que si rien n’était fait d’ici une trentaine d’années, il leur sera difficile de s’approvisionner pour faire tourner leurs usines. C’est pourquoi, leurs actionnaires les incitent à bouger. Quant aux agriculteurs, ils sont assez réceptifs à ce concept. La nature est leur outil de travail et beaucoup cherchent à remettre de l’agronomie dans leur métier. Sauf que cela demande de tester, de prendre des risques. Selon moi, l’agriculteur doit être accompagné et cette prise de risque financée. D’où la nécessité que chaque maillon de la filière et les territoires s’engagent eux aussi.

Pouvez-vous nous parler du projet “Sols vivants”, mis en place dans notre région en 2018 ?

“Sols vivants” est l’une des seules missions menées en France. L’idée est de travailler collectivement sur la santé des sols d’un point de vue systémique. Avec un sol en bonne santé, les plantes sont plus résistantes et la réduction des intrants devient envisageable. Les agriculteurs des Hauts-de-France ont une rotation très diversifiée et pour parvenir à la régénération des sols, il fallait emmener tout le monde : les entreprises qui se fournissent dans la région, mais aussi les organismes de conseils et le conseil régional. Et ils nous ont suivis. Des multinationales, des coopératives, des négociants et d’autres structures ont décidé de verser des primes aux agriculteurs qui voulaient s’engager.

Quels résultats après trois années de travail ?

250 agriculteurs ont effectué une analyse de leurs sols. Ce sera plus de 600 cette année. On prend  en compte les éléments fertilisants, mais aussi des critères de santé du sol comme la vie microbienne, la matière organique présente, la structure. Ensuite, avec les sociétés de services engagées dans cette voie, nous essayons de déterminer les leviers à actionner pour l’améliorer. Ce peut être l’agriculture de conservation des sols, ou d’autres techniques. Notre approche n’est pas dogmatique, nous essayons de suivre le chemin qui conduira l’exploitation à davantage de résilience pour parvenir à régénérer les sols. Enfin, nous continuons d’explorer des pistes avec les banques et assureurs pour accompagner cette prise de risque financièrement.

Lucie Debuire

Lire aussi : Interview de Marc-André Selosse, professeur au Muséum national d’histoire naturelle de Paris

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