S’il est né dans le Pas-de-Calais, Paul-Marie Claudon a emprunté quelques détours avant de prendre ses fonctions de préfet délégué à l’égalité des chances du Nord à l’automne dernier.
Des détours qui l’ont d’abord conduit à Lyon, pour ses études. Des détours qui l’ont ensuite mené en Corrèze, pour intégrer l’administration pénitentiaire. Des détours qui lui ont aussi fait traverser les océans, jusqu’à la Guyane et la Nouvelle-Calédonie. « La mobilité permet d’être confronté à des réalités différentes d’un territoire à l’autre, garde-t-il de ses détours. On se nourrit de ce que l’on a vu ailleurs. »
Son fil rouge, dit-il, reste son approche sur le terrain, qu’il décline à sa vocation pour le service public. « J’ai eu deux métiers, résume-t-il, le corps pénitentiaire, puis le corps préfectoral. »
Depuis novembre et sa nomination en conseil des ministres, il occupe le poste de préfet délégué à l’égalité des chances du Nord. PDEC, dit-on dans le jargon.
Cela se traduit par une diversité de missions : politique de la ville, cohésion sociale, accès au logement et à l’hébergement, égalité des chances entre les femmes et les hommes, lutte contre les discriminations.
Et réduire les inégalités sociales entre les territoires passe par la rénovation urbaine, indispensable dans certaines zones.
Avec plus de 2,6 millions d’habitants, le Nord est le département qui compte le plus de QPV (comprenons Quartiers prioritaires de la politique de la ville). « La politique de la ville concer- ne 94 quartiers où vivent 430 000 habitants », additionne le préfet.
L’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) compte actuellement sept contractualisations pour une enveloppe d’un milliard d’euros de subventions et prêts. Ces investissements massifs visent à améliorer l’habitat, réaliser des équipements publics de proximité (comme les écoles), désenclaver certains quartiers, afin d’offrir de meilleures conditions de vie aux habitants. « Changer l’image des quartiers pour assurer une plus grande mixité sociale », résume Paul-Marie Claudon qui distingue le côté soft – « on finance des associations pour mener des actions au plus près des populations en matière de soutien à la parentalité, d’insertion professionnelle, d’éducation, de santé, de sport, de citoyenneté » – du côté hard – « on transforme l’habitat pour offrir des conditions meilleures. »
« Dans la lutte contre la pauvreté, ce qui compte c’est l’accès à l’emploi », poursuit-il. Comme d’autres territoires, le conseil départemental a conduit dans quelques communes une expérimentation sur l’accompagnement renforcé des bénéficiaires du RSA.
« Tous les allocataires doivent être reçus en début de prise en charge pour établir leurs besoins, identifier les freins de retour à l’emploi et définir un parcours d’accompagnement, traduit-il. Pour plus de 50 % des publics, ces difficultés ne sont pas trop compliquées à résoudre. À six mois et 12 mois, on est à 10 % de retour à l’emploi supplémentaires par rapport à la moyenne nationale. »
Depuis le début de l’année, le dispositif est généralisé à l’ensemble des départements.
Autre mission du PDEC, celle de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes. L’un des axes consiste à « lever les préjugés et les représentations sur les métiers, cite Paul-Marie Claudon. L’orientation des jeunes doit être plus choisie que subie. » Pour le préfet, l’enjeu est d’autant plus fort sur les filières techniques et technologiques au regard des enjeux de souveraineté de la France et des grands projets industriels dans le Nord. « Dès le plus jeune âge, faisons découvrir des métiers, décloisonnons les choses, levons les préjugés », encourage-t-il.
Et puis, il y a la lutte contre les violences intrafamiliales. « Le Nord est le 2e département avec le plus de plaintes avec 12 700 dépôts de plainte l’an passé (qui concernent tous les milieux). L’effort doit donc être poursuivi notamment pour développer des lieux d’accueil et d’écoute – comme ce fut le cas récemment à Maubeuge – ou encore des places d’hébergement d’urgence destinées aux femmes victimes de violences conjugales, tout en les accompagnant dans leurs démarches », explique le préfet.
Paul-Marie Claudon se donne aussi le « rôle d’assemblier » puisque sa mission de coordination des politiques publiques demande, selon lui, « la compréhension des réalités d’un territoire et la capacité à trouver des solutions tout en faisant preuve de pédagogie lorsque les choses ne sont pas faisables. » En trois mots, agilité, écoute, proximité. Et toujours, ce fil rouge qui se rappelle à lui, le terrain, car, conclut-il, « un territoire ne se connaît que lorsque l’on va à la rencontre de sa population. »
Louise Tesse
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