Elle ne pensait pas un jour siéger au Sénat. Ni même devenir maire. « À vrai dire, jamais je n’ai pensé que je ferais un jour de la politique ! », admet d’emblée Marie-Claude Lermytte.
Assistante sociale de formation, elle fait aujourd’hui partie des 11 sénateurs du Nord, l’un des départements les plus représentés au Sénat.
Une élue qui « n’aime pas particulièrement la lumière des projecteurs », mais qui a décidé de mettre sa vie au service des autres et de son territoire : « Garder un ancrage local, c’est le plus important pour moi. »
Tout commence en 1988, loin des partis politiques. À Brouckerque, petite commune de 1 500 habitants de l’agglomération dunkerquoise, Marie-Claude Lermytte s’engage dans une association de parents d’élèves. Pas par ambition, mais par souci de rendre service. « Je m’étais investie pour mes enfants, sans idée derrière la tête. »
Réunions, conseils, rencontres : elle se laisse prendre au jeu de la vie politique locale. Elle entre au conseil municipal de Brouckerque en 2001, puis devient maire en 2014 succédant à Jean-Pierre Decool. Six ans plus tard, elle est réélue au premier tour des élections municipales, et devient la première femme vice-présidente de la communauté de communes des Hauts de Flandre (CCHF).
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Présente sur la liste emmenée par Xavier Bertrand pour les élections régionales dans les Hauts-de-France, Marie-Claude Lermytte est élue conseillère régionale des Hauts-de-France en 2021. « Xavier Bertrand a cru en moi, et je le remercie. C’est également le cas de Jean-Pierre Decool et d’André Figoureux (actuel président de la CCHF, ndlr). Ces personnes m’ont donné ma chance. Je leur dois beaucoup ! »
En seconde position sur la liste divers droite de Dany Wattebled, maire de Lesquin, lors des élections sénatoriales, Marie-Claude Lermytte est élue sénatrice du Nord en septembre 2023. Suite à cette élection, elle démissionne de son mandat de maire de Brouckerque. Son troisième adjoint, Guy Pruvost, lui succède.
« Petit à petit, au fil des années, la politique est devenue centrale dans ma vie », reconnaît Marie-Claude Lermytte. Mais sa vraie école – et elle le revendique haut et fort – c’est celle du terrain. En parallèle de son engagement politique, elle exerce le métier d’assistante sociale pendant 33 ans. D’abord à la Caisse d’allocations familiales, puis au Département du Nord. Une vie professionnelle passée à écouter, accompagner, orienter les autres. Une vie au plus près des réalités sociales : « J’ai vu énormément de familles dans la précarité durant ma carrière d’assistante sociale. »
Cet engagement, elle le porte aujourd’hui au Sénat. Elle y défend « une vision de l’action publique ancrée dans le quotidien, attentive aux plus fragiles ». Membre de la commission des affaires sociales, elle s’intéresse de près aux questions de santé, de protection de l’enfance, de handicap, ou encore de revalorisation des agents administratifs ; comme celui des secrétaires de mairie, qu’elle qualifie de « véritables couteaux suisses, indispensables à la vie politique locale. »
Marie-Claude Lermytte participe également à la délégation aux collectivités territoriales, convaincue que la proximité reste le meilleur levier pour agir efficacement : « J’essaie d’apporter une voix, un regard issu du terrain. J’ai toujours travaillé au contact des gens. J’aime ça. »
Au Sénat, elle siège au sein du groupe Les Indépendants république et territoires. Une indépendance qu’elle revendique, loin des logiques de blocs. « Qu’elle vienne de gauche ou de droite, une bonne idée est une bonne idée, non ? »
La sénatrice du Nord tient aussi à garder un lien fort avec les élus locaux. Chaque mois, elle participe à des réunions de territoire avec les maires du Nord. « Ce sont des rendez-vous très importants pour moi. Je viens surtout pour écouter les maires. C’est précisément le rôle d’une sénatrice : être à l’écoute des autres. Durant ces réunions locales, on aborde énormément de thèmes différents. Ça peut aller des licences IV de café au statut de l’élu, en passant par la TVA. »
Son rôle, elle le voit comme un pont entre les acteurs de terrain et les acteurs nationaux. « Pour moi, un bon sénateur doit savoir faire le grand écart. Il doit être à la fois capable de traiter des sujets très locaux le matin et parler politique internationale l’après-midi. »
Cette capacité à passer d’un monde à l’autre, elle l’exerce dans une institution où elle se sent à sa place. « Le Sénat est un lieu que j’apprécie. Même s’il y a parfois quelques invectives, les sénateurs sont dans l’ensemble très respectueux, c’est constructif. L’ambiance est bienveillante et dynamique, contrairement à l’image qu’on peut parfois s’en faire ! »
Et la sénatrice du Nord n’hésite pas à ironiser sur les clichés qui collent à la chambre haute : « On imagine souvent que le Sénat est un lieu d’hommes blancs âgés qui mangent bien à la cantine. Mais aujourd’hui, il y a 38 % de femmes. Les choses changent ! »
Julien Caron
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