Alors que les Hauts-de-France est la région la plus touchée par l’obésité dans l’Hexagone, l’enjeu du bien manger est crucial pour la santé des habitants. Problème : entre difficultés à accéder à une alimentation de qualité, manque d’informations et manque d’éducation, bien manger n’est pas si facile.
C’est pour cela qu’il y a 20 ans, le maire de Fresnes-sur-Escaut (59), a lancé un « verger éclaté » dans la commune, un jardin partagé et une Amap (association de producteurs qui vend généralement des paniers de fruits et légumes). Sans le savoir, c’est la naissance de « l’archipel nourricier » de Fresnes-sur-Escaut (environ 7 500 habitants).
Par la suite, un autre jardin, solidaire cette fois, est créé. « Le CCAS est alors missionné, en lien avec les écoles et la petite enfance, d’organiser des ateliers de jardinage », raconte Magaly Potelle, conseillère municipale déléguée à l’environnement.
Face à l’engouement des habitants, en 2019, un second jardin partagé est créé, puis un troisième en 2022 et un quatrième en 2024. « Au total, c’est 1,5 ha cultivé par les habitants pour leur consommation », décrit Cécile Catalano, chargée de développement local au Centre communal d’action sociale en charge du projet de l’archipel nourricier. Ces quatre jardins ont reçu le label Écojardin.
En parallèle de ces jardins, le CCAS de Fresnes-sur-Escaut développe un ensemble d’actions autour de l’alimentation et de l’environnement, qui constituent l’archipel nourricier : carrés potagers urbains, ateliers de cuisine et jardinage, ateliers en milieu scolaire et périscolaire, organisation d’événements toute l’année, visites des jardins, initiation au compostage ou encore cinés débats… Côté accompagnement social, des ateliers thématiques sont régulièrement proposés autour de la parcelle collective et des paniers solidaires distribués. Le CCAS propose aussi des ateliers confiture et mise en bocaux du surplus de l’autoproduction ainsi qu’une outilthèque pour aider les habitants cultivant dans leurs expérimentations.
Pour faire le lien avec la production agricole, Fresnes-sur-Escaut compte lancer un appel à manifestation d’intérêt pour mettre à disposition d’un maraîcher une parcelle communale pour de la production bio car « nous manquons de matière », explique Cécile Catalano. « Le but est que la ville soit une ville potagère et fruitière ; que les habitants soient autonomes et montent en compétence. On s’incruste partout pour faire de l’éducation sur les sujets de l’alimentation et de l’environnement », plaisante Cécile Catalano.
Le tout est porté par Valenciennes métropole et s’inscrit dans un projet plus grand que Fresnes-sur-Escaut, celui de la chaîne des archipels.
En effet, plusieurs villes se sont lancées dans des projets similaires. « Nous-même, nous nous sommes beaucoup inspirés de ce que faisaient Les anges gardins à Loos-en-Gohelle (62). En 2022, nous souhaitions déposer un dossier à la Banque des territoires pour bénéficier du Programme d’investissements d’avenir – PIA 4. Mais finalement, nous avons déposé un seul et même dossier, porté par Les anges gardins, rassemblant plusieurs communes : la chaîne des archipels », retrace Cécile Catalano.
Concrètement, la chaîne des archipels rassemble plusieurs agglomérations qui s’appuient sur différents acteurs : Les anges gardins (Lens Liévin), la ville de Raismes, la CAPH (communauté d’agglomération la Porte du Hainaut), le Panier de la Mer (Boulonnais), Les ateliers de la citoyenneté (Calaisis), la CCRA (communauté de communes de la région d’Audruicq), l’Afeji (association des Flandres pour l’éducation, la formation des jeunes et l’insertion sociale et professionnelle, Dunkerquois), Noeux Environnement (Béthune-Bruay), le CCAS de Fresnes, l’Alefpa (centre médico-psycho-pédagogique, Douaisis), Jardin du Raquet (Douaisis), la CAHC (communauté d’agglomération Hénin-Carvin), la CALL (communauté d’agglomération de Lens Liévin), et la Région.
Les actions de ces différents acteurs s’orientent sur trois axes : – permettre d’assurer une relocalisation des productions en créant un ECTS (écosystème économique territorialisé et solidarisé) et organiser la diffusion auprès de personnes vulnérables en tenant compte des défis écologiques associés à la démarche ;
– garantir la sécurité alimentaire territoriale par une politique conjointe de création d’espaces alimentaires à vocation sociale, sanctuarisés ;
– avoir des lieux repérés (tiers lieux nourriciers, places à vivres) à visée émancipatrice, fondés sur l’engagement, la proximité, le développement et la coopération.
« L’idée derrière cette coopération c’est que, si on avait déposé le dossier seul, ça aurait été plus difficile. Organiser toutes ces actions, là aussi seul, c’est plus compliqué. Avec la chaîne des archipels, on est solidaire et on touche plus de monde aussi », explique Cécile Catalano.
Dans cette même logique, le CCAS de Fresnes s’appuie sur des associations locales : « Il y a trois associations qui participent à nos actions : Ecodiversité, qui organise des marchés de producteurs ; Les épicuriens, qui mettent en avant les produits locaux ; et Iti Ke Na, qui participe à la reforestation du Congo et qui ici réalise des interventions sur la biodiversité », décrit Magaly Potelle.
En résumé, pour Cécile Catalano et Magaly Potelle, « tout cela demande beaucoup de temps et d’investissements mais les retours sont très positifs. La plupart des jardins ont été créés à l’initiative des citoyens ! C’est le signe que ça plaît et que ça marche ».
Églantine Puel
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