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Cela fait trente ans que Marc Lefebvre creuse son sillon pour une troisième voie dans l’agriculture. Celle de l’agroécologie, située entre l’agriculture biologique et l’agriculture conventionnelle. Sur sa ferme de 186 ha, l’agriculteur de Guînes a totalement stoppé le labour en 1997 pour des raisons agronomiques essentiellement, ses champs étant sensibles à l’érosion.
Cet article est tiré de notre grand format sur la culture de colza dans les Hauts-de-France : Le colza dans tous ses états
Il commence à implanter des haies autour de ses parcelles au début des années 2000 puis fait l’acquisition d’un semoir de semis direct en 2009, après avoir arrêté la production de betteraves sucrières, qu’il juge “trop destructrice pour les sols“. Marc Lefebvre démarre alors la culture de colza associé.
Depuis dix ans, la végétation n’a cessé de se développer dans les champs de Marc Lefebvre, devenu adepte de l’agroforesterie. Il a planté 1 971 arbres, dont 124 fruitiers, et 5 876 arbustes, sur une cinquantaine d’hectares.
“Ces plantations répondent à différents objectifs, explique l’exploitant du Calaisis. Garder l’eau qui tombe dans la terre est mon soucis quotidien, mais cette faune permet bien sûr d’attirer les insectes auxiliaires et de recréer un équilibre naturel.”
C’est au milieu de cet univers verdoyant que pousse le colza de Marc Lefebvre. La plante évolue au champ avec d’autres, comme le trèfle, la phacélie ou autres légumineuses. L’association de cultures a pour but de “contrarier les insectes (altises, pucerons) pour ne pas avoir à traiter les colzas“, indique l’agriculteur.
Pour lui, “l’interaction entre différentes espèces entraîne un phénomène de compétitivité positive” qui permet de produire davantage. L’enjeu est surtout de limiter l’utilisation d’intrants et d’assurer un retour de la biodiversité.
Chez Marc Lefebvre, les résultats de ces pratiques agroécologiques semblent au rendez-vous, avec des rendements “corrects” et des économies significatives en insecticides et fongicides. “Il faut beaucoup de patience pour reconstruire les sols, conclut le passionné, désormais président de l’association pour une agriculture durable Pas-de-Calais (Apad 62). Mais en laissant se reposer la terre, avec une cohérence des assolements et une réflexion à longs termes, il est possible de limiter drastiquement le recours aux outils chimiques.“
Simon Playoult