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16-10-2025

La campagne 2025 met les bouchées doubles

L’association des producteurs d’endives de France a réuni les acteurs de la filière, le 7 octobre, dans ses locaux d’Arras pour un bilan de campagne 2024-2025 et le lancement officiel de la nouvelle saison, qui s’annonce meilleure grâce aux conditions climatiques clémentes.

C’est un légume au goût amer et au teint pâle qui pourrait avoir du mal à trouver sauce à sa racine. Mais les producteurs se revendiquent passionnés. Arguments de vente, communication, taux de pénétration : l’association des producteurs d’endives de France (Apef), basée à Arras, donne tout pour valoriser le chicon si cher à la région.

L’enthousiasme de Pierre Varlet, son directeur général, Philippe Bréhon, président de l’association, et Louise Petitrenaud, journaliste gastronomique et chroniqueuse sur RTL, donne le ton : plus qu’une réunion de bilan et de lancement de campagne pour faire la transition entre deux années, ce rendez-vous sera une ode à l’endive française, leader mondial, et aux terres qui en produisent l’écrasante majorité : celle des Hauts-de-France.

Tous trois aiment l’endive, y sont attachés et sont décidés à convaincre les représentants commerciaux et les journalistes venus assister à la réunion. Commence un échange rythmé entre les trois, qui vante tantôt les bienfaits nutritionnels du chicon, tantôt son ancrage local, tantôt sa polyvalence gastronomique. Leur objectif ne fait aucun doute : il s’agit de faire de l’endive l’incontournable de la table des chefs et des cuisines familiale, et si possible une égérie de la région, voire du pays.

Pourtant, la Perle du Nord est loin d’être en difficulté pour la campagne 2024-2025, qui s’annonçait pourtant incertaine. Après un lancement ralenti par la difficulté à produire des racines à l’automne 2024 qui a provoqué une « sous offre », explique Pierre Varlet, la production s’est équilibrée grâce aux bons rendements à partir de décembre. « En janvier on était à presque 100 % du potentiel de production » avec 110 000 tonnes d’endives, explique le directeur général. Et les ventes ont suivi, portées par plusieurs campagnes de publicité financées par l’association. Les chiffres définitifs font sourire les membres du bureau : + 7,7 % de vente dans les hypermarchés, supermarchés et supérettes, malgré la présence, encore trop forte à leur goût, d’endives à prix cassés importées de Belgique et des Pays-Bas.

500 passages dans les médias

Le légume fait partie des chouchous des consommateurs, se trouvant une place dans les paniers de près 70 % des foyers. Il se retrouve ainsi à la 5e place du top 10 des légumes les plus consommés par les Français, certes loin derrière la tomate, la carotte ou encore l’oignon qui dominent le marché, mais devant les poireaux. C’est aussi le 3e légume vendu le plus cher, « ce qui lui permet de contribuer au résultat des rayons fruits et légumes », lance Pierre Varlet aux commerciaux venus représenter les grandes enseignes, comme Intermarché, Carrefour et Grand Frais.

Mais, pour l’association, « il y a encore des marges de manœuvre à aller chercher », car ces bons résultats sont encore 4,5 % inférieurs aux volumes moyens des trois années précédentes. Pour augmenter les volumes, plusieurs pistes, qui passent par les capacités de productions des cultivateurs et la mise en avant dans les supermarchés : « on remarque qu’en pleine période de consommation, 13,9 % des magasins n’ont qu’une seule référence en endives », développe Pierre Varlet, qui souligne que « 50 % des consommateurs achètent des endives une fois qu’elles sont dans le rayon ».

Cette ambition est soutenue par les signaux positifs qui se dégagent de la croissance des racines en ce début d’automne. Comparé à l’année dernière, les conditions s’annoncent bien meilleures, la production devrait suivre. « Cette année on a un peu de sec, un peu d’humidité, tout ce qu’il faut pour faire pousser une endive », rassure Pierre Varlet.

Pour pousser cette production prometteuse, l’Apef prévoit de poursuivre les efforts de communication déjà déployée cette année, avec plus de 500 passages dans les médias de masse, comme une émission culinaire avec le chef Norbert Tarayre, « La meilleure cuisine régionale », qui a permis chaque soir pendant une semaine de mettre l’endive au cœur d’une recette cuisinée par un chef.

« Il faut noter que ce budget, d’environ 800 000 euros par an, n’engendre pas d’augmentation de cotisation pour nos producteurs, mais on multiplie les moyens de communication par deux et demi », précise le président, qui annonce des partenariats à venir dans l’objectif de « faire connaître l’endive auprès des chefs ».

Le renouvellement des générations

La filière devra aussi affronter plusieurs autres enjeux, notamment les mutations liées au changement climatique et aux réglementations sur les phytosanitaires, « qui incitent à trouver des solutions d’avenir pour les endives », selon le président Philippe Bréhon. Cette année, les parcelles peuvent aussi être attaquées par des pucerons : « si je prends mon cas, j’ai 5 à 6 % de parcelles qui sont atteintes, et qui risquent de se développer moins vite », précise Philippe Bréhon.

La filière a conscience que la majeure partie de ses consommateurs sont âgés de plus de 50 ans, et espère toucher les jeunes.

Mais aussi un double enjeu de renouvellement des producteurs d’une part, et des consommateurs de l’autre. La filière a conscience que la majeure partie de ses consommateurs sont âgés de plus de 50 ans, et espère toucher les jeunes : « le renouvellement des générations est à ne pas louper », soulignent les trois animateurs, qui plaident pour une éducation dans les écoles, espérant que les enfants transmettent à leurs parents les bons comportements, comme la consommation de produits frais et de saison, rôle que l’endive se chargera de remplir avec gourmandise durant l’hiver. 

Anaëlle Charlier

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arras campagne endive

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