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La publication d’une bande dessinée sur l’agriculture dans Youpi, un magazine de découvertes et de sciences pour les enfants, a fait bondir un agriculteur de Cappelle-Brouck (59). On y voit des abeilles fatiguées d’être dérangées par la pollution des tracteurs : « Les abeilles ont été empoisonnées ! » peut-on lire.
Un amalgame que l’on retrouve aussi sur les réseaux sociaux, où des conclusions hâtives expliquent que la production de miel augmente grâce à une baisse de la pollution liée au fait que les agriculteurs travailleraient moins.
Une ineptie pour Yvan Hennion, apiculteur à Halluin (59) : « On n’a pas cessé de travailler durant le confinement, ça n’a pas de sens. Certes, les abeilles se portent mieux avec moins de pollution, mais je pense qu’il faut aller chercher les responsables ailleurs. »
Au-delà de la pollution, qui a baissé essentiellement le long des axes routiers, le confinement a eu du bon pour les abeilles et les fleurs avec la mise en sommeil de nombreuses activités.
« L’activité humaine a un effet négatif sur la miellée. Une étude scientifique de 2019 montre que les fleurs adaptent leur taux de sucre dans le nectar en fonction des vibrations », décrypte Antoine Clenet-Rauwel, du Rucher la Casseline à Cassel (59).
« Moins il y a d’activité, qu’elle soit agricole ou autre, mieux elles se portent, poursuit-il en rappelant l’inquiétude pour les abeilles des Hauts-de-France. C’est la disette. Car nous sommes une région peu boisée, à forte densité urbaine ».
La raison de cette embellie chez les abeilles est aussi à chercher du côté de la floraison précoce. « À Lille, les acacias ont fleuri début mai et pour les tilleuls ce sera dans une quinzaine de jours. Trois semaines plus tôt que d’habitude », témoigne Didier Demarcq, apiculteur depuis quarante ans et président du Syndicat apicole région lilloise. Une tendance, qui s’accélère ces dernières années, liée au peu de gelées hivernales, conséquence du réchauffement climatique, selon lui.
Autre facteur : une moindre sécheresse en ce printemps, contrairement aux deux dernières années. En 2019, l’alerte sécheresse était déjà lancée en avril, ce qui n’est pas le cas cette année.
« On a retrouvé de bonnes capacités d’eau. Du coup, les fleurs émettent davantage de nectar », observe Antoine Clenet-Rauwel. L’apiculteur en est à sa troisième hausse (étage ajouté sur le corps de ruche pour poser le miel). « Alors qu’on peinait à en remplir une seule l’an dernier », conclut-il.
Lauren Muyumba