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09-01-2025

Climat : Vivre sous 50 °C, c’est comment ?

Tester la vie sous 50 °C et les conséquences de cette température sur notre corps et notre quotidien, c’est possible avec Climate Sense, un projet créé par Christian Clot, explorateur, chercheur et fondateur du Human adaptation institute. Et on a tenté l’expérience…

Climate Sense propose aux participants de tester l’activité physique mais aussi les capacités de concentration et de réflexion sous 50 °C. © H. G.

50 °C à l’ombre, cela pourrait bien devenir une réalité en France d’ici quelques années. Alors pour se rendre compte, mais surtout dans le but de provoquer une prise de conscience à tous les niveaux, Human adaptation institute a lancé un projet baptisé Climate Sense. Le principe ? Un camion dans lequel des volontaires vont passer une trentaine de minutes sous 50 °C. Ce dispositif était présent à Marcq-en-Barœul (59) il y a quelques semaines lors du World forum for a responsible economy. Et nous avons tenté l’expérience.

Lorsqu’on entre dans le camion, on a d’abord la sensation d’entrer dans un sauna. Et au début, vu le froid qu’il fait dehors, c’est presque agréable ! Mais au bout de quelques minutes sous cette chappe de plomb, on commence à déchanter… On a trop chaud et doucement le corps se met à transpirer !

Tout est plus compliqué sous 50 °

Durant cette demi-heure d’immersion, trois activités sont proposées. Un vélo de course et un tapis de marche afin d’évaluer les aptitudes physiques. Sans surprise, on ne courra pas un sprint sous cette chaleur, le corps fatigue plus rapidement et les ressources semblent amoindries.

Un questionnaire avec une dizaine d’exercices pour évaluer les capacités de concentration et de prise de décision est également proposé. Exemple : trouver le plus de mots possible commençant par la lettre M en 50 secondes. Si l’exercice semble facile dans des conditions normales, il devient beaucoup moins aisé sous 50 °C ! Il est en effet plus difficile de réfléchir dans cette atmosphère pesante et l’agacement se fait rapidement ressentir… Et enfin les participants peuvent s’essayer à des jeux d’adresse. Mais le constat reste le même : il est difficile de se concentrer dans ces conditions.

Difficultés physiques… et psychologiques

Jean-Pierre Letartre, président d’Entreprises et Cités, faisait aussi partie du voyage. Et il n’était pas franchement à l’aise non plus : « On ne se sent pas très bien, la tête commence un peu à tourner, indique-t-il. Physiquement c’est dur, mais psychologiquement également. Cet environnement n’est pas adapté à notre corps, notre bien-être, je me sens dans une prison perpétuelle. » Et de conclure : « On n’est pas fait pour vivre sous cette température. »

Une fois l’expérience vécue, la question qui se pose est : auriez-vous pu passer une journée entière, voire plusieurs jours, dans ces conditions ? « Soyons honnêtes ce serait extrêmement pénible à vivre et même particulièrement dangereux pour de nombreuses personnes », répond Christian Clot, explorateur et chercheur, concepteur de Climate Sense et cofondateur de Human Adaptation Institute, dans une vidéo diffusée à la sortie du camion. On est bien d’accord !

Les équipes de Climate Sense ont les explications à ce mal-être qui nous envahit sous 50 °C : « La température du corps – habituellement fixé à 36,5 °C – monte doucement. Le cerveau estime qu’il y a un réchauffement anormal et se sent mis en danger. Il fait alors le choix de se concentrer sur les organes vitaux comme le cœur qui doit pomper plus rapidement, le système respiratoire qui s’accélère, les reins qui sont sous pression… Les capacités de réflexion, de concentration ou encore de mémorisation passe au second plan », souligne Anne Lopez, responsable du projet Climate Sense.

Ce que l’on sait moins c’est qu’une température importante entraîne également la dégradation des fonctions sociales comme l’explique Mélusine Mallender, exploratrice et chercheuse, cofondatrice de Human adaptation institute dans la vidéo diffusée à l’issue de l’expérience : « Lorsque nous ne sommes pas habitués ou préparés, plus il fait chaud, moins notre société fonctionne correctement. La coopération est plus difficile à obtenir, le manque de concentration, les erreurs et les accidents augmentent, la diversité du langage diminue et souvent l’irritabilité est plus importante. » On confirme.

Eviter et s’adapter

Climate Sense a été créé avec deux objectifs. D’abord faire comprendre aux participants qu’ils ont tous un rôle à jouer pour faire reculer cette échéance. « Rien n’est inéluctable. Il n’est absolument pas trop tard, mais il est tout simplement temps d’agir dès aujourd’hui », insiste Christian Clot. Il existe une multitude d’actions à mettre en place à l’échelle des citoyens mais aussi des entreprises et des collectivités afin de réduire les émissions et pollutions pour diminuer les risques de dérèglement climatique. Plusieurs panneaux explicatifs détaillent des exemples d’actions à mettre en place.

Le second objectif de l’expérience est de comprendre comment le corps et notre quotidien peuvent s’adapter et mieux vivre sous cette chaleur. Car de nombreuses choses seront à repenser. À commencer par notre organisation de travail, « il faudra peut-être changer nos heures de travail mais aussi notre organisation. On sait qu’aujourd’hui, lorsque les pompiers interviennent sur un feu, il y a une rotation des équipes toutes les 25 minutes, c’est peut-être une organisation qu’il faudra appliquer à n’importe quelle équipe de secouristes qui interviendrait sur un carambolage par exemple… Mais aussi à des personnes qui travaillent sur des lignes haute tension, etc.« , avance Anne Lopez.

Sous 50 °C, tout doit être repensé : notre quotidien,

notre organisation de travail mais aussi toutes nos infrastructures.

Nos infrastructures devront également être repensées : « Elles supportent également très mal les 50 °C à l’ombre. De nombreux trains ne circulent plus, la production et la diffusion de l’électricité deviennent compliquées, les appareils électroniques s’arrêtent, parfois définitivement. Les murs de bâtiments se fissurent ou le bitume des routes fond… », énumère Christian Clot. « Certains matériaux seront donc à revoir, à commencer par nos ordinateurs ou encore nos téléphones », poursuit la responsable du projet.

« Personne ne connaît le futur, mais il sera ce que nous en ferons aujourd’hui », insiste Christian Clot. À méditer, mais surtout à mettre en application…

Hélène Graffeuille

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climat Hauts-de-France nord Pas-de-Calais réchauffement climatique

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