Votre météo par ville
L’agriculture est en constante mutation. À l’avenir, l’adaptation au changement climatique est l’un de ses principaux défis. Comme dans le secteur de l’élevage, des initiatives et des pistes de travail voient le jour en cultures céréalières.
Le climat du Nord et du Pas-de-Calais change. C’est ce qu’affirme l’Observatoire agriculture et changement climatique (Oracle), de la chambre régionale d’agriculture Hauts-de-France. Sa première publication est parue en 2021. L’évolution de la température moyenne dans la région depuis 1959, observée sur cinq stations d’étude réparties sur le territoire, montre une hausse d’environ + 0,3 °C par décennie. « L’augmentation tendancielle des températures depuis 60 ans est trois fois plus forte que celle observée durant le XXe siècle (+ 0,1 °C par décennie), ce qui corrobore l’accélération récente du réchauffement climatique mise en évidence par de nombreuses autres observations », indique le rapport d’Oracle.
« La température moyenne a augmenté de 1,8 °C sur la période », a souligné Thomas Doutreluigne, agriculteur de l’Oise dont l’exploitation fait partie d’un réseau de fermes pilotes, lors d’une conférence dédiée au changement climatique organisée par les groupes Carré et Lallemand, le 13 octobre à Gouy-sous-Bellonne (62). « Le nombre de jours de gel a décru de deux à trois jours par décennie alors que les vagues de chaleur s’accroissent assez nettement », poursuit-il. Philippe Touchais, directeur innovation du négoce Carré est limpide sur la question. « Le changement climatique se vérifie sur le long terme, mais il s’anticipe dès aujourd’hui. Agriculteurs et techniciens doivent trouver des solutions sur le terrain en faveur de l’agriculture. » Et Mathias Guillaume, directeur commercial France chez Lallemand plant care, de compléter : « Nous devons nous investir pour essayer de prévenir les effets du changement climatique. »
L’accélération du réchauffement se constate en effet en agriculture au regard du raccourcissement des calendriers culturaux, de l’augmentation de l’évapotranspiration ou du déplacement des seuils thermiques qui perturbent le cycle des plantes. « Pour la culture du blé, il a des impacts positifs, comme une tendance à une augmentation du nombre de grains par épi et une diminution des maladies fongiques, note Thomas Doutreluigne. Il y a bien sûr des points négatifs comme le stress hydrique ou les risques d’échaudage. » Face à ces phénomènes, semis et variétés précoces sont à l’étude, « mais avec des résultats pour l’heure limités », explique l’exploitant.
D’autres contraintes pèsent également sur le maïs. Parmi elles, le raccourcissement de la phase de remplissage des grains ou le coût de l’irrigation en cas de déficits hydriques. Ce type de menaces sur les céréales entraîne une relocalisation progressive de certaines variétés voisines des grandes cultures phares des Hauts-de-France, à l’image du sorgho, du soja ou du tournesol qui sont aujourd’hui cultivées, à petite échelle et de manière expérimentale, dans la région.
Aux leviers techniques s’ajoutent des solutions plus structurelles pour s’adapter au changement climatique. Thomas Doutreluigne cite « la diversification des ateliers et des cultures pour mieux passer les obstacles climatiques et être résilient vis-à-vis des marchés agricoles. » L’agriculteur évoque aussi l’importance de l’assurance récolte et d’une gestion appropriée des charges de structure, mettant en avant la mutualisation de matériels et la réflexion autour des assolements. Pour Philippe Touchais, les agriculteurs ont l’opportunité de se saisir d’autres mesures mises en place en faveur du climat. À commencer par les crédits carbones qui font leur apparition dans le paysage agricole, ainsi que les paiements pour services environnementaux (PSE) ou les certifications.
Simon Playoult
Lire aussi : L’un des premiers champs de soja de la région vient d’être récolté