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Une tonne de ferraille. C’est la quantité qui est arrivée sous forme de longues tiges dans un hangar du centre de formation horticole de Lomme (59), laissant les étudiants en BP Responsable d’entreprise agricole un peu déconcertés… “C’est toujours comme ça quand on commence une session, s’amuse Romuald Botte, formateur et membre de l’Atelier paysan. Mais dix jours après, les voilà avec des machines prêtes à fonctionner ! »
C’est dans le cadre de l’unité “mécanisation”, que le formateur, également maraîcher, propose, depuis deux ans, d’enfiler son casque de bricoleur pour partager ses savoirs. “C’est une demande que nous avons de la part des stagiaires depuis quelques années. Savoir, souder, percer, visser pour créer des machines qui correspondent exactement à leurs besoins. »
Au gré de la demande et des besoins, les membres de l’Atelier paysan (coopérative nationale) se déplacent dans les fermes pour partager leurs connaissances techniques en outillage, mais aussi leurs bons plans.
Leur trésor ? C’est cette base riche de croquis, tutos, descriptifs précis de machines, disponibles en open source sur leur site, ouverte à tous donc. “Au fil des formations, nous recueillons le savoir des paysans et dessinons ensemble des machines adaptées à leurs besoins. Une fois passées en ingénierie, elles sont brevetées sous licence libre pour que chacun puisse y accéder. Bien sûr, les machines évoluent selon les retours que nous avons...”
“Même si certains stagiaires ne sont pas du tout, a priori, tentés par la mécanisation, les compétences que nous avons pu voir, ils s’en resserviront toujours : ne serait-ce que pour faire une bêche !“, se réjouit Romuald Botte, pas peu fier du travail abattu. De ces dix jours d’atelier, les élèves ont accouché de quatre machines : une barre porte-outils avec deux roues qui se place à l’arrière d’un tracteur “très modulable car on va pouvoir lui greffer plein d’outils différents, ça servira pour faire du désherbage notamment”, précise Romuald Botte.
Il y a aussi une butteuse à planches qui permet de ramener la terre des côtés pour la placer sur les buttes, un rouleau fakir, qui permettra grâce à ses cinq grosses dents de participer à l’enfouissement de la matière organique ou encore d’affiner le profil des planches, et enfin, un vibroplanche autre outil d’affinage du sol. “Le résultat d’un travail d’équipe, observe Romuald Botte. Moi j’emmène la formation et eux, ils s’apportent mutuellement des compétences.”
Avec un projet d’installation en maraîchage bio dans les Pyrénées, Juliette Sastre, stagiaire envisage déjà la suite. “Je ne referai pas ces outils, mais par contre, je pourrais envisager d’adapter des machines à mon échelle. Ça me permettra surtout de modifier des éléments pour que je puisse tout transporter seule ou pourquoi pas de faire évoluer des machines pour de la traction animale ?”
Avec en tête un modèle précis d’agroforesterie en Isère, Olivier Hué voit aussi tout l’intérêt de répondre à ses propres besoins “avec des planches de maraîchage entre les fruitiers, c’est certain, il va falloir que je fasse mes propres outils pour pouvoir passer. Ça va me permettre de gagner un temps précieux !”
Si les esprits déjà rêvent aux terrains de demain, les machines elles, resteront sur place, dans l’exploitation pédagogique, pour les prochains.
Agathe Villemagne