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25-07-2024

À Zuydcoote, la Ferme Nord se réinvente

Construite au début du siècle dernier pour fournir viande et lait à l’hôpital maritime de Zuydcoote, la Ferme Nord est à l’abandon depuis les années 90. 15 millions d’euros mis sur la table par la communauté urbaine de Dunkerque vont permettre sa rénovation.

La Ferme Nord était dédiée à l’élevage, de porcs notamment. Avec deux autres fermes, aujourd’hui disparues, l’une dédiée à la culture de céréales et l’autre à celle du maraîchage, elles permettaient l’autonomie de l’hôpital maritime de Zuydcoote. © J. D. P.

La Ferme Nord de Zuydcoote est un exemple unique de ferme industrielle. Dédiée à l’élevage du bétail – cochons, de la naissance à la transformation, ou bovins et la laiterie qui va avec -, elle fonctionnait au début du siècle dernier avec une large part d’automatisation. Laissée quasiment à l’abandon depuis les années 90, elle fait l’objet d’un ambitieux projet de rénovation de la part de la communauté urbaine de Dunkerque (CUD), qui met 15 millions d’euros sur la table pour rénover et investir une partie des bâtiments et sauver l’autre part vouée à accueillir une activité économique.

C’est dans la foulée de la construction de l’hôpital maritime de Zuydcoote, inauguré en 1910, qu’est construite la Ferme Nord. Comme elle, deux autres seront bâties, aujourd’hui disparues : l’une dédiée à la culture de céréales et l’autre à celle du maraîchage. « L’hôpital était alors un sanatorium, destiné à l’accueil des enfants de la région lilloise, alors très industrielle (le textile, ndlr) et donc très polluée. Les enfants étaient atteints de tuberculose ou de scrofule, et Georges Vancauwemberghe, industriel et homme politique natif de Dunkerque, décide de créer cet hôpital où les enfants bénéficieront d’un air sain et iodé, mais aussi d’une alimentation saine », relate Florence Vanhille, maire de Zuydcoote depuis 2017.

Imaginer les wagonnets circulant sur des rails de bâtiment en bâtiment pour transporter le grain ou le fumier.

L’élue est également vice-présidente de l’agglomération en charge du tourisme et c’est avec cette double casquette qu’elle poursuit : « Les trois fermes permettaient l’autonomie alimentaire de l’hôpital. Nous étions, ici en particulier, sur une ferme industrielle, l’une des rares d’Europe », salue l’élue, qui regrette n’avoir réussi à retrouver la moindre archive, plan ou photo, de la ferme d’alors.

La fille du dernier régisseur de la ferme, 90 ans et quelques, habite toujours Zuydcoote et a pu partager de précieux souvenirs, pour le reste il faut imaginer. Imaginer les wagonnets circulant sur des rails de bâtiment en bâtiment pour transporter le grain ou le fumier ; imaginer le système de récupération des eaux ; imaginer les cochons passer de bâtiment en bâtiment depuis la naissance jusqu’à l’abattage ; imaginer encore la laiterie, ou la brasserie puisque, l’eau n’étant pas potable, on produisait une bière légère destinée aux enfants. Très peu de main-d’œuvre et un régisseur logeant dans une belle demeure à l’entrée de la ferme aux murs de rouges-barres typiques.

Imaginer, c’est ce qu’a entrepris la CUD avec son projet de rénovation. Car la Ferme Nord cessa son activité agricole dans les années 60. Deux guerres sont passées par là et des dégâts sont encore visibles comme sur ce bâtiment bombardé, au niveau des porcheries. Pendant une vingtaine d’années, les enfants du coin viendront en centre aéré dans ce décor unique jusqu’à l’abandon dans les années 90, période à laquelle la communauté urbaine le rachète. Si les gardes départementaux sont aujourd’hui installés dans l’une des ailes partiellement rénovée, le reste des bâtiments nécessite de sérieux travaux.

Accueillir grand public et services territoriaux

Un premier projet mixant public et privé avait été retoqué par le ministère, un nouveau est aujourd’hui chiffré à 15 millions d’euros. « Il s’intègre dans notre objectif de labellisation Grand site de France d’une vaste zone de 3 000 hectares allant de Malo à la frontière belge », explique la maire de Zuydcoote. Une zone dont la Ferme Nord pourrait marquer l’épicentre, avec la réhabilitation de la maison du régisseur en Maison du Grand site de France : « Elle formerait le troisième musée dédié à l’opération Dynamo avec un ancrage plus maritime avec la vue voisine sur le théâtre des opérations et ses épaves mais aussi avec le cimetière militaire de l’autre côté », imagine l’élue. Un édifice ouvert au public donc, qui jouxterait l’aile nord, entièrement rénovée pour accueillir les gardes du littoral (lire aussi en page 4), le syndicat d’initiatives des Dunes de Flandres et le CPIE de Flandre maritime (lire aussi en page 5).

Aussi une halte vélo digne de ce nom avec de quoi stationner ou réparer sa bicyclette mais aussi poser des affaires ou pique-niquer, puisque la Ferme Nord se situe sur la Vélomaritime (l’EuroVélo 4 qui part de Roscoff pour rallier la Belgique). La cour sera repavée en partie pour accueillir des petits événements, et l’arrière laissé en pâture, quelques animaux accueilleront les plus jeunes.

En quête d’une activité commerciale

L’aile sud enfin, sera mise hors d’eau puis proposée via un appel à manifestation d’intérêt pour accueillir une activité commerciale : restauration, hôtellerie, brasserie… tout est imaginable. Une convention a été signée avec la Fondation du patrimoine, qui permet notamment au projet de pouvoir recevoir des dons d’entreprises ou de particuliers qui souhaiteraient le soutenir.

Les permis seront déposés pour la fin de l’année, les travaux devraient débuter fin 2025 pour une ouverture du site à l’été 2027 dans l’idéal. Et d’ici là, rendez-vous pour les Journées européennes du patrimoine lors desquelles la Ferme Nord ouvrira ses portes, comme chaque année désormais. 

Justine Demade Pellorce

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