Il ne cherche pas à faire le buzz, ne coupe pas la parole, n’élève jamais la voix. Et pourtant, on l’entend partout. Sur BFMTV, France Info, Public Sénat ou France Culture, Benjamin Morel est devenu au fil des années l’invité numéro un des médias lorsqu’il s’agit de commenter la vie institutionnelle française. « Je pense que les journalistes m’invitent car j’essaie de m’adresser à tout le monde, sans juger les positionnements politiques », explique le constitutionnaliste de 37 ans.
Maître de conférences en droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas, il intervient régulièrement à l’antenne sur les questions institutionnelles, les réformes territoriales ou les tensions entre gouvernement et parlement.
Et sa posture est constante : celle d’un chercheur qui tente de prendre de la hauteur. « Il m’arrive évidemment de me tromper, mais je le dis de bonne foi, sans position militante. » Et d’ajouter avec un soupçon de malice (et beaucoup de tempérance) : « Quand on parle de tous ces sujets de fond avec du recul, sans posture rigide et dogmatisme, souvent le message passe beaucoup mieux ! »
Né à Clermont-Ferrand en 1988, Benjamin Morel grandit dans un village du Puy-de-Dôme, au sein d’une famille populaire. Après une classe préparatoire littéraire, il intègre Sciences Po Grenoble. Très tôt, il s’intéresse à la politique et à l’histoire. « En terminale, je voulais être historien. Aujourd’hui je suis prof de droit mais j’écris aussi des livres d’histoire… la boucle est bouclée ! », s’amuse-t-il. Son intérêt pour les institutions politiques naît lors d’un stage au Sénat, obtenu grâce à la sénatrice socialiste Michèle André. Il décide alors de consacrer sa thèse à cette institution mal connue, qu’il soutient en 2016 à l’École normale supérieure Paris-Saclay.
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En parallèle de son travail de recherche, il entame un master 2 en droit public à la Sorbonne. Cette formation complémentaire en droit enrichit son regard sur les institutions et l’amène à enseigner le droit constitutionnel, le droit administratif et le droit parlementaire. Il est aujourd’hui maître de conférences, qualifié à la fois en science politique et en droit public.
Ce double ancrage disciplinaire nourrit ses recherches, qui portent sur le Parlement, la légitimité institutionnelle mais aussi sur les collectivités territoriales. « Quand on travaille sur le Sénat, on ne peut pas passer à côté des questions relatives aux territoires. Les deux sont intimement liés ! »
En 2023, Benjamin Morel publie La France en miettes, un essai consacré aux régionalismes. Il y analyse la montée des revendications portées au nom des territoires : demande d’autonomie en Corse, défense des langues régionales comme le breton ou l’occitan, retour de l’identité alsacienne. Pour lui, ces régionalismes expriment à la fois une volonté de reconnaissance et une défiance croissante envers le modèle républicain unitaire.
Ils peuvent certes enrichir le débat démocratique, mais deviennent problématiques lorsqu’ils opposent les territoires à la nation et utilisent les identités locales à des fins politiques. « Le régionalisme est positif pour la République, à condition de ne pas chercher à la remplacer, explique le chercheur. Je pense que l’égalité passe par des droits communs et une même exigence républicaine sur tout le territoire. »
Quand on lui demande ce qu’il faudrait faire pour « réveiller notre démocratie », Benjamin Morel évoque un double problème propre à nos institutions : une crise de la représentation d’un côté, et une difficulté à produire des majorités cohérentes de l’autre. « Si on devait faire une réforme dès demain matin ? Je pense qu’il faudrait réformer les modes de scrutin. Il faut accroître la représentativité, c’est essentiel. »
Derrière cette proposition, c’est le rôle du Parlement qu’il souhaiterait voir renforcer : un Parlement plus représentatif, moins dominé par l’exécutif, capable de « redevenir un véritable lieu de débat et de contrôle ». Il plaide aussi pour une démocratie plus directe, avec l’instauration d’un référendum d’initiative populaire, déclenché directement par les citoyens, sans passer par les parlementaires.
À ses yeux, ces réformes n’ont de sens que si elles s’appuient sur une vie politique structurée. « Car rappelons-le : il n’y a pas de vraie République sans partis politiques. » À travers ses travaux de recherche et ses prises de parole dans les médias, Benjamin Morel poursuit sans relâche un même objectif : donner aux citoyens des clés de lecture pour mieux comprendre le fonctionnement de nos institutions. Parce qu’une démocratie n’est vivante que « si chacun peut y prendre part ».
Julien Caron
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