Actualité
26-03-2025

Philippe Majot : une vie au service de l’arbre

Depuis près de 30 ans, Philippe Majot accompagne agriculteurs et collectivités dans leurs projets de plantations. Chargé d’études au parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale, il exerce un métier de terrain, entre technique, accompagnement et transmission de savoirs.

Philippe Majot anime régulièrement des formations sur la taille des fruitiers, à destination des agriculteurs © PNR Caps et Marais d’Opale.

L’anecdote peut prêter à sourire, mais c’est en lisant un Picsou magazine que Philippe Majot a découvert sa vocation ! « Quand j’étais ado, je suis tombé sur une fiche métier qui présentait le métier de technicien forestier à l’ONF. Et ça m’a marqué. À partir de là, j’ai su que je voulais travailler au contact des arbres. »

Né en 1973, Philippe Majot grandit dans l’Yonne, au cœur du parc naturel du Morvan. Son père, agriculteur, exploite une quarantaine d’hectares en polyculture-élevage. « On avait des bêtes, un peu de vigne. Mais surtout, deux hectares de parcelles forestières. J’accompagnais mon père pour faire du bois », se souvient-il.

En 1993, il obtient un BTSA production forestière, puis complète sa formation par un certificat de spécialisation en gestion patrimoniale des espaces boisés. Sur le terrain, il enchaîne les expériences : six mois chez un expert forestier indépendant, puis un an dans une scierie. Jusqu’au jour où sa compagne, professeure des écoles dans le privé, est mutée dans le Pas-de-Calais. « Je ne connaissais pas du tout la région. J’y vis depuis maintenant presque 30 ans et j’y suis très heureux ! »

Une passion pour les végétaux ligneux

Arrivé à Boulogne-sur-Mer (62) en 1996, Philippe Majot décide de compléter sa formation initiale par une formation à la taille et au soin des arbres, au CFPPA de Lomme (59). L’année suivante, il envoie une candidature spontanée à la maison du parc naturel régional des caps et marais d’Opale qui le recrute, d’abord en CDD. « Grâce à mon panel de formations, je connaissais très bien le végétal ligneux (une plante qui a la consistance du bois, ndlr), c’est pour ça que le parc m’a embauché sur un petit contrat à la base. Et depuis, je ne suis jamais parti ! »

Au fil des années, ses missions évoluent en même temps que celles de son institution. « Il faut se rappeler qu’à la fin des années 1990, le périmètre d’action du parc se limitait au Boulonnais. Il concernait 75 communes. Depuis 2000, avec la fusion avec l’Audomarois, on est passé à 154 communes ». Aujourd’hui, les missions de Philippe Majot s’articulent autour de deux pôles bien distincts. L’agriculture, d’un côté, et de l’autre l’aménagement du territoire. « Toutes tournent autour de l’arbre, résume-t-il. Mais j’ai avant tout une mission d’accompagnement des collectivités dans la conception de leurs aménagements paysagers. Ça va du choix des prestataires à la conception du projet, jusqu’au suivi de chantier. »

LIRE AUSSI : Agroforesterie : vos arbres et haies financés à 100 %

Il travaille également en partenariat avec les agriculteurs, auprès desquels il intervient comme technicien agroforestier. « Beaucoup appellent le parc chaque année pour planter des haies ou des fruitiers sur leur exploitation. Mais nous ne réalisons pas nous-mêmes les plantations. Notre rôle, c’est de faire appel à des prestataires pour planter. » Le parc des caps et marais d’Opale fait notamment appel à des structures d’insertion pour réaliser les plantations, comme Rivages propres, Campagne services ou l’Association pour l’Amélioration de l’environnement dans le pays de Marquise. « Une fois les plantations effectuées, on fait un suivi sur un an et ensuite c’est à l’agriculteur de gérer ses plantations en autonomie. »

Un intérêt économique à l’arbre

Pour Philippe Majot, l’année 2010 est un tournant : l’agroforesterie est enfin reconnue à l’échelle nationale et européenne. Une reconnaissance qui vient renforcer les expérimentations menées depuis les années 1990 sur le territoire du parc. « En 2012, on a notamment lancé un premier site pilote en agroforesterie à Guînes, sur une exploitation céréalière de 60 hectares. On voulait démontrer l’intérêt économique de l’agroforesterie, pas uniquement environnemental. » Le projet pionnier combine haies périphériques et arbres intraparcellaires. Et s’inscrit dans un programme de recherche toujours actif : Agro Trame.

Dans la foulée, le parc élargit cette démarche à l’ensemble de son territoire. Chaque année, environ 30 000 plants sont mis en terre sur des parcelles agricoles, avec un important soutien financier de l’Agence de l’eau. L’approvisionnement en plants se fait principalement auprès de la pépinière de la Cluse, à Wimille. « C’est une pépinière locale, qui va de la graine au plant. Nous travaillons avec eux depuis très longtemps maintenant. »

En parallèle, Philippe Majot travaille à la valorisation des haies bocagères. « Bois énergie, litière, BRF (bois raméal fragmenté, ndlr), on peut valoriser les arbres de plein de façons différentes aujourd’hui. »

Pour le technicien du parc, de nombreux agriculteurs sont demandeurs quand il s’agit de planter des arbres. Il reconnaît toutefois que la dynamique engagée dans les années 2010 s’est quelque peu ralentie. « Le soutien national envers l’arbre est moins fort depuis quelque temps, c’est vrai. Le budget haie a baissé, donc la dynamique a été un peu cassée. Mais certains signaux restent encourageants, comme le bonus haie de la PAC, qui a récemment été relevé à 20 euros l’hectare contre 7 auparavant. Ça redonne un peu d’air aux porteurs de projet de plantations, c’est bien. »

LIRE AUSSI : Agroforesterie. Jérôme Hochin mise sur l’arbre

S’il est avant tout spécialiste des arbres forestiers, Philippe Majot n’en est pas moins expert des arbres fruitiers. Il accompagne notamment le développement des vergers de plein champ, avec des fruitiers hautes tiges. « En moyenne, entre 100 et 150 arbres sont plantés chaque année sur le territoire du parc. Et contrairement à une haie, un arbre fruitier a besoin d’entretien, de suivi sur plusieurs années. »

La transmission fait aussi partie intégrante de son travail : il anime régulièrement des formations, en particulier sur la taille des fruitiers, dans le cadre du programme Plantons le décor et directement à destination des agriculteurs. Aujourd’hui, le parc naturel régional des caps et marais d’Opale compte une soixantaine de salariés, répartis entre Le Wast et Saint-Omer. Et Philippe Majot poursuit, sans relâche et avec constance, son engagement pour maintenir l’arbre au cœur de nos paysages. 

Julien Caron

Partager l'article

Dans la même rubrique

Actualité

Huges Fabrice Zango : du Burkina Fasso à Béthune

Lire la suite...

Actualité

Salon de l’agriculture : des Hauts-de-France à Paris

Lire la suite...

Actualité

Innovation : Réutec ou les colis en tissus réutilisés

Lire la suite...

Actualité

Marie et Thomas au champ, au four, au moulin…

Lire la suite...

Actualité

FDSEA-JA : Continuer ce qui a été engagé jusqu’ici

Lire la suite...

Actualité

Chambres d’agriculture : « Une colère s’est exprimée »

Lire la suite...

Ecoutez son histoire !

par Justine Demade Pellorce

<< Gérante de la brasserie Thiriez, Clara parle de son parcours - venue pour 3 mois... il y a 11 ans ! >>

écouter