Mireille Hingret-Cereda est la 1ere vice-présidente du Pas-de-Calais, en charge notamment des enjeux maritimes. Elle revient sur les enjeux locaux, qui rejoignent évidemment les enjeux globaux.
Vous êtes la première vice-présidente du Pas-de-Calais, notamment en charge des enjeux maritimes. Qu’est-ce que ça dit de la politique menée par le Département ? D’abord, je suis de Boulogne-sur-Mer et il était évident pour Jean-Claude Leroy (le président du Département, ndlr) que les sujets maritimes soient dans mes attributions. Lorsque l’on regarde la physionomie du département ainsi que ses compétences (comme l’aménagement du territoire), on pense d’abord ruralité et, dans notre cas, bassin minier. Ce choix traduit la volonté d’ouverture, cette nécessité d’avoir un regard à 360° et non pas à 180°.
Quels sont les enjeux principaux dans le Pas-de-Calais ? Tout est lié. Voyez le site des Deux caps, labellisés Grand site de France : c’est la traduction sur terre de ce qu’il faut atteindre en mer, le juste équilibre entre exploitation et préservation, l’aménagement dans le respect de l’écosystème. Les enjeux liés à la pêche et à l’halieutique concernent à la fois la ressource et l’activité et si les départements n’ont plus les compétences économiques depuis la loi NOTRe, une convention avec la Région nous permet de porter un appel à projet et d’accompagner, à notre échelle, les projets liés à l’amélioration des conditions de travail ou à l’innovation. Le département compte plus de 100 kilomètres de côte qui ne peuvent s’envisager seuls : c’est dans cette optique que le comité du détroit a été créé à l’issue du Brexit. Un espace de coopération informel qui regroupe les Départements du Pas-de-Calais et du Nord, la Flandre-Orientale et occidentale côté Belgique, la Zélande et la Hollande-Méridionale côté Pays-Bas ainsi que le Kent côté Grande-Bretagne. Nous avons les mêmes préoccupations, nous essayons de nous parler et d’avancer ensemble. En 2023-2024, nous avons travaillé sur la thématique de l’eau (gestion, rejets…)
Que pensez-vous des conclusions de la conférence des océans ? Je trouve dommage qu’on prenne si tardivement conscience de la richesse de la mer même s’il vaut mieux tard que jamais. Il faut cependant redoubler d’efforts. Ça fait un moment que nous plaidons, dans le Pas-de-Calais, pour une prise en compte plus sérieuse de la mer nourricière. Dans le détroit du Pas-de-Calais, mais ça doit être vrai ailleurs, il y a un défaut d’inventaire scientifique : nous ne connaissons pas assez l’état réel de la ressource, on a assez peu de retours sur les comptages, qui sont eux-mêmes de moins en moins nombreux (ces derniers sont assurés par l’Ifremer, organisme de l’État, ndlr). Or sans état des lieux on ne peut ni fixer de quotas de pêche pertinents ni mettre en place des actions efficaces. C’est un prérequis international. Je pense ensuite qu’il faudrait que nous partagions tous la nécessaire vision d’une pêche durable : entre les bateaux-usines qui vident la Manche et la mer du Nord, la concentration de pêcheurs sur une zone qui s’est réduite après le Brexit et l’agrandissement des aires marines protégées britanniques, la situation s’est compliquée. Il faut prendre en compte ces réalités locales, auxquelles s’ajoutent les problèmes de pollution liée au trafic dense dans le détroit. On ne parle pas assez des rejets d’azote : il faut acter une vraie décarbonation du trafic maritime.
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Propos recueillis par Justine Demade Pellorce
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par Justine Demade Pellorce
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