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L’idée était presque partie aux oubliettes. Raphaël Delmotte l’avait rangée dans un coin de sa tête, pour le jour où il serait seul à bord sur l’exploitation familiale de 115 hectares, à Sebourg (59). Lorsque son père a pris sa retraite en 2013, il a relancé la réflexion : restaurer l’étable, qu’utilisait autrefois son grand-père pour ses vaches, pour en faire des logements pour des jeunes. « J’ai contacté le Campus vert pour voir s’il y avait de la place dans le secteur, explique-t-il. Il s’est avéré que l’association était peu développée dans le Valenciennois ».
Les conditions sont réunies, Raphaël Delmotte monte le dossier de subvention avec l’association et attend le feu vert. Il l’obtient en 2018. Un investissement de 300 000 € – dont 80 000 € pris en charge – et 11 mois de travaux plus tard, l’étable est prête. « Les premiers logements ont été ouverts en avril 2019 », précise Raphaël Delmotte.
S’il en imaginait trois, les plans ont permis de positionner trois duplex de 35 m² et deux appartements de 25 et 35 m². Des parties communes donnent accès à une laverie, un congélateur et un jardin partagé. « On remet de la plus-value dans les bâtiments sans que cela ne nous coûte, apprécie Raphaël Delmotte. J’ai un amortissement sur 14 ans : je vois plus loin pour préparer ma retraite ».
Aussitôt finis, aussitôt loués. « Je n’ai jamais eu de logements inoccupés », se félicite-t-il. L’association se charge d’ailleurs de rédiger et de diffuser les annonces et assure un taux de remplissage des logements.
S’ils ne sont que trois dans le Valenciennois, les adhérents du Campus Vert sont une centaine dans le Nord-Pas de Calais. Créée en 1994 dans le Béthunois, l’association s’est vite étendue à d’autres secteurs. « Avec la décentralisation des universités, les villes moyennes se sont mises à accueillir des étudiants. En parallèle, des bâtiments de fermes n’étaient plus utilisés avec les mises aux normes », explique Odile Colin, directrice du Campus vert. L’idée était lancée : transformer ces bâtiments en logements étudiants.
« Il y a plusieurs finalités, précise Odile Colin. Valoriser le patrimoine. Créer des liens entre propriétaires et locataires en proposant des services ou des moments conviviaux. Apporter un complément de revenus sans augmenter significativement le temps de travail. Offrir à des jeunes un logement de qualité à prix abordable ».
Étudiante à la frontière belge, Mélanie et Dylan ont fait le choix de s’installer à Sebourg. « Nous sommes originaires de la campagne et préférons vivre ici plutôt qu’en ville. Le paysage et le cadre nous plaisent », explique le jeune homme.
L’association compte aujourd’hui 510 logements dans le Nord-Pas de Calais. La centrale de réservation permet de mesurer l’offre et la demande. Certains secteurs comme Valenciennes, Lille, Lens, Arras, Boulogne-sur-Mer et Calais sont très recherchés. Chez Raphaël Delmotte, les deux logements qui se libèrent à la rentrée devraient facilement trouver de futurs occupants.
Louise Tesse
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