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« The Nutty Farmer », c’est lui. Sous ce nom de code, imprimé sur tous les sachets colorés soigneusement alignés sur l’étagère en bois, se cache Frédéric Bostyn. Au printemps 2021, ce trentenaire belge qui s’est installé en 2019 avec sa mère en production légumière près de Courtrai, a lancé une gamme de noix cajou pour l’apéritif.
Achetées au Burkina Faso selon les règles du commerce équitable, elles sont grillées et aromatisées à la ferme, puis emballées dans des sachets recyclables. Ou comment donner une tonalité un peu plus locale et éthique à ces noix stars de l’apéritif, par ailleurs parées de moult vertus : effet bénéfique sur le cœur et le diabète (grâce à leurs acides gras insaturés), riches en antioxydants, cuivre, magnésium, effet sur la santé des dents… Les chips auraient-elles du souci à se faire ?
« Au départ, c’était juste une expérimentation, tient-il à raconter en français avec son accent belge. Mais quand j’ai vu les réactions positives de mon entourage, j’ai développé mon idée. » Son truc à lui, c’est la cuisine, un passe-temps qui le rend exigeant en matière de saveurs. « Il y a un an et demi environ au supermarché, je cherchais des noix de cajou aromatisées mais je ne trouvais que des recettes très grasses, et pas croustillantes. Je me suis dit que je pouvais en faire moi-même… »
Alors, pour se lancer, il suit son instinct culinaire et élabore une recette de noix de cajou grillées saveur curry romarin au printemps 2020. Et propose de jouer les goûteurs aux clients de son magasin de produits fermiers, fondé par ses parents 25 ans auparavant mais rénové en 2021 : pommes de terre, courgettes, potirons, fleurs séchées, pique-nique box pour les cyclistes de passage à la ferme (le coin est touristique), bar ouvert en été et donnant sur les pâtures des vaches de sa sœur… Les retours « très positifs » le convainquent de passer à la vitesse supérieure.
Frédéric Bostyn poursuit donc ses tests. « J’ai essayé avec des noix de cajou, de pécan… Les premières étaient les meilleures : pas trop grandes, pas trop petites, avec un goût très neutre, parfait pour les épices. Et leur forme est joyeuse, je trouve ! » Pour les importer, deux provenances : Asie ou Afrique. « Pour moi qui suis agriculteur, c’était important de travailler avec produits de qualité, décemment payés aux producteurs. J’ai donc choisi des noix du Burkina, sous le label Fair Trade. Elles sont plus chères, mais c’est pour une bonne raison. »
Tous les deux à trois mois, une palette de 600 kg de noix arrive à la ferme. La production suit une chorégraphie précise trois à quatre fois par semaine, toujours la même. Incorporées dans d’immenses bols de plastique, les noix de cajou sont mélangées à la main avec de l’huile, du vinaigre de cidre, du sucre et des mélanges d’épices. Frédéric Bostyn compte quatre recettes : orientale, curry romarin, herbes fumées et épices, et caramel – cannelle. « Trois pour l’apéro, et une pour le dessert ! »
Quand on souligne le côté inhabituel du parcours de cet ancien étudiant en sciences économique à Gand passé notamment par l’entreprise de chariots élévateurs Clark, il sourit : “Inhabituel oui et non. Je me suis formé à avoir une entreprise, et une ferme, c’est aussi un business.”
Les sachets de noix du Nutty Farmer sont commercialisés dans 95 magasins en Flandre sous le label “Handmade in Belgium”. Magasins de produits locaux, épiceries fines, fromageries, boucheries, cavistes… Il fait aussi partie du réseau West Flaams, un label de producteur artisanaux des Flandres ouest. Bon à savoir : il recherche par ailleurs des magasins partenaires en France pour agrandir son réseau.
Trois à quatre fois par semaine, il cuisine une fournée de 90 sacs, soit environ 360 sacs par semaine, ou plus de 1 400 par mois. “Pour le moment, je fais mes livraisons moi-même. Le fabricant est toujours le meilleur vendeur”, conclut le producteur.
Lucie De Gusseme
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