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Patrick Marlière, directeur du bureau d’expertise météorologique Agate, fait le bilan du mois écoulé.
Un mois d’avril particulièrement froid dites-vous ? En réalité, le mois passé a connu des températures moyennes complètement normales pour même se classer en 10e position des mois d’avril les plus chauds depuis 1930. À titre de comparaison, le mois d’avril 2022 se positionnait, lui, en 23e position. Un mois dont la normalité finit par dénoter dans un contexte où l’exception commence à faire loi.
Ce mois d’avril a été caractérisé par un temps plutôt instable sur la région, avec un défilé de perturbations pluvieuses. Résultat : la pluviométrie mensuelle pour l’ensemble de la région est restée excédentaire.
Toutefois, les précipitations des mois de mars et avril n’ont pas réussi à combler le déficit pluviométrique des mois précédents. D’ailleurs, la région est déjà placée en vigilance sécheresse.
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À noter également que les pluies ont été très concentrées, avec plus de la moitié des précipitations mensuelles tombées en seulement trois journées : les 11, 12 et 27 avril. Conséquence : une infiltration réduite dans les sols.
Au niveau des faits marquants, on est sur des montagnes russes concernant les températures minimales et maximales ! En effet, des gelées matinales ont été observées en début et fin de mois dans l’intérieur des terres, provoquant des inquiétudes dans le milieu agricole. Des bougies ont d’ailleurs été allumées à proximité des arbres fruitiers afin de protéger les futures récoltes.
Plusieurs périodes fraîches ont été entrecoupées de périodes plus douces, ce qui peut expliquer le ressenti trompeur d’un mois beaucoup plus frais que la normale, avec des températures moyennes maximales souvent inférieures d’un à deux degrés par rapport aux normales.
À noter que les températures les plus élevées ont, elles, été observées en fin de mois (le 30 avril) dans l’intérieur des terres, avec des valeurs souvent supérieures à 18 °C, comme à Maubeuge (59), avec 19,7 °C, ou encore à Lillers (62), avec 18,3 °C. Les valeurs moyennes oscillent généralement entre 12 °C en début de mois et 15 °C en fin de mois.
Autre fait marquant de ce mois, la tempête Noé qui a balayé le Nord-Pas-de-Calais mercredi 12 avril, avec des rafales jusqu’à 128 km/h à Boulogne-sur-Mer (62) ou encore 107 km/h à Saulty (62). Là encore, une tempête qui se remarque dans un contexte de raréfaction de ces dernières, mais qui n’a pas eu de valeurs exceptionnelles.
Depuis deux mois, les tendances saisonnières annoncent un été chaud et sec avec des épisodes de canicule. Et si le mois de mai commence fraîchement, avec des températures en dessous des moyennes saisonnières, autour de 14 °C au lieu des 18 °C habituels, la deuxième partie du mois devrait être bien plus chaude et sèche. On attend aussi un déficit de précipitations d’environ 20 % à la fin du mois. En ce qui concerne particulièrement la mi-mai et les fameux saints de glace, il n’y a pas de risque de gelées dans les tendances à moyen terme. 7 à 9 °C sont attendus les matins et entre 15 et 18 °C les après-midi. Coté ciel, ce sera partagé : de belles éclaircies dominant avec quelques faibles ondées sur les Flandres.
Les mois suivants sont attendus lourds et orageux, avec des températures très élevées. Le principal risque sera les chutes de grêle importantes et pour lesquelles il faudra rester vigilants.
Ils n’ont clairement aucune valeur scientifique mais les dictons font la pluie et le beau temps depuis toujours. Petite explication de texte chaque mois.
” Avant Saint-Servais, point d’été ; après Saint-Servais, plus de gelée ” ; ” Attention, le premier des saints de glace, souvent tu en gardes la trace. ” Les dictons ont vu le jour à une époque où les calendriers et statistiques sur le risque de gel n’existaient pas, vers l’an 500 au haut Moyen Âge.
On retient généralement trois saints de glace : Saint-Mamert (11 mai), Saint-Pancrace (12 mai) et Saint-Servais (13 mai). Des saints notamment célébrés en Italie, où les températures sont plus clémentes. Sous nos latitudes, certains se pressent d’allonger la liste : Saint-Boniface (14 mai) : “ Le bon saint Boniface entre en brisant la glace ” ; Sainte-Sophie, nommée Kalte Sophia (” la froide Sophie “), en Alsace, en Moselle et en Allemagne (15 mai), et où les Eisheilige (les saints de glace) sont au nombre de cinq ; Saint-Yves (19 mai), considéré comme le dernier saint de glace en Bretagne : ” Craignez le petit Yvonnet. C’est le pire de tous quand il s’y met “… Tout ça rappelle que ces dates marquent surtout la dernière période de l’année où le refroidissement nocturne (souvent avec ciel clair) est suffisant pour générer des gelées en plaine. Les gelées les plus tardives ont réellement eu lieu en juin : le 4 juin 1962 à Vichy et au Puy ou même le 29 juin 1973 à Pau ! À Lille, la date extrême de gelées est un 2 juin, date de la Sainte-Blandine : on a donc affaire à une sainte de glace.
Propos Recueilli Par Justine Demade Pellorce
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