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C’est un travail fastidieux que celui de la restauration de voies pavées. Le formateur répète ses consignes. « Pavé par pavé. On observe ». Après le pont Gibus à Wallers (59), 250 jeunes du lycée horticole de Raismes (59) se relaient pour restaurer patiemment les chemins qui font la renommée – et l’enfer – de la Reine des classiques.
Jean-Marie Dubois – proviseur du lycée en 2002 lorsque fut signée la convention avec les Amis du Paris-Roubaix et Amaury Sport Organisation – observe les élèves. Aujourd’hui en retraite, il garde un œil sur les pavés. « Cela me tient à cœur. J’aime le cyclisme et c’est une belle mise en valeur du lycée et des élèves ».
Quinze jours durant, les secteurs du Pont Gibus et la route de Bousignies, à Millonfosse (59), ont été scrutés par les élèves raismois. En 20 ans, plusieurs promotions, du CAP au bac, ont restauré 2 600 m², l’équivalent de 1,2 km, avec des matériaux de récupération. Ils ont déplacé ou réajusté 50 000 pavés, par tous les temps.
En cette mi-mars, le soleil brille et les élèves s’appliquent. L’épreuve compte pour l’obtention du diplôme de certains, comme Dylan, Brandon et Sofian qui préparent un bac professionnel. « La difficulté est de poser les pavés sans que ça ne fasse trop de trous », remarque le premier. « Utilisez un fil, vous partez dans le champ, là », rappelle le formateur. La technique est ancestrale. « Ce sont les Romains qui l’ont inventée ». Brandon donne le mode d’emploi. « Les joints sont de la taille des mains ». « Il faut suivre l’inclinaison quand on prend les mesures », complète Sofian.
La balayette à la main, François Doulcier fait pénétrer le sable entre les pavés. Ce passionné de cyclisme et d’histoire a rejoint l’association des Amis du Paris-Roubaix en 2001 et la préside depuis 2012. « Il y a 27 000 km de routes dans le Nord, dont 200 en pavés dans le secteur Lille-Douai-Valenciennes-Roubaix. On cherche à en préserver 100 », explique-t-il.
Le lycée horticole de Lomme (59) restaure également d’autres secteurs, du côté de Mons-en-Pévèle (59). « Les voies pavées sont la marque de fabrique du Nord. » Les coureurs du Paris-Roubaix en empruntent aux alentours de 55 km chaque année. Dont les incontournables. « La trouée d’Aremberg, le Carrefour de l’Arbre et Mons-en-Pévèle », cite-t-il. Les secteurs sont classés cinq étoiles, catégorie noire, comme les pistes de ski les plus compliquées.
Là est bien la difficulté, Paris-Roubaix étant « la course d’un jour la plus médiatisée, mais aussi la plus dure à gagner pour les coureurs », analyse François Doulcier qui cite les plans athlétiques, psychologiques et tactiques. « Si vous êtes favori, vous devez être placé sur les 30 secteurs pavés ».
Après une édition automnale en 2021, l’Enfer du Nord revient pour sa 119e édition. Entre le Cambrésien Florian Sénéchal, l’Arrageois Adrien Petit et le Beauvaisien Arnaud Démare, un cycliste local pourrait bien monter sur le podium, se prête à rêver François Doulcier. Réponse dimanche.
Louise Tesse