Arnaud Rollin, agriculteur et médiateur animal

Arnaud Rollin a de nombreuses passions. Agriculteur, médiateur animal : des passions multiples qu’il a réussi à assembler pour son plus grand bonheur mais aussi pour celui des personnes qu’il accueille sur son exploitation à Rumilly.

C’est entouré de tous ses animaux que, depuis 2021, Arnaud Rollin propose de la médiation animale à des structures spécialisées. © H. G.

C’est un petit havre de paix en plein milieu de la campagne montreuilloise qu’a fondé Arnaud Rollin. À l’origine, ce dernier était animateur dans une association qui proposait des ateliers autour des ânes à destination, notamment, des personnes en situation de handicap.

Mais le métier qu’il rêvait de faire était agriculteur, « j’ai passé un bac agricole avec l’espoir de faire de la transformation de produits laitiers », indique-t-il. Le problème : le coût financier. « Je n’avais pas d’argent pour m’installer ».

Des rencontres

Et c’est finalement une succession de belles rencontres qui lui ont permis de réaliser son « rêve ». D’abord celle de Maryvonne Leduc, agricultrice à Ergny : « Elle m’a pris sous son aile et m’a appris à fabriquer du fromage de chèvre. » Puis un éleveur de chèvres décide de lui céder son troupeau, « je me suis alors retrouvé avec une quinzaine de chèvres ». Par la suite, Arnaud Rollin et Mélanie, sa femme, décideront d’acheter une ferme à Rumilly. Le rêve d’Arnaud Rollin est alors lancé.

Si les deux premières années, Arnaud Rollin est double actif, il finit par se concentrer pleinement à son exploitation. « Je suis conscient que si je peux avoir cette vie-là, c’est parce que ma femme est à mes côtés et qu’elle me soutient dans ce projet car cela n’a pas toujours été facile », affirme-t-il.

Aujourd’hui, il est à la tête d’un troupeau d’une trentaine de chèvres ayant toutes un nom en rapport avec la musique, une autre passion de l’agriculteur. U2, Vivaldi, Deep Purple, Médiateur, Dalida et leurs congénères fournissent le lait dont a besoin Arnaud pour confectionner ses fromages de chèvres. Des fromages de chèvres qu’il vend sur place, dans son exploitation rue du Sentier-d’Aix, ainsi que sur les marchés.

Le souhait d’Arnaud Rollin est d’être autonome. S’il n’a pas encore atteint ce but, il y travaille – il fait son foin lui-même grâce à deux hectares de terrain qu’il loue – et peut compter sur l’entraide au sein du village. « Je suis super bien entouré ici. Guillaume Derollez, éleveur de bovins, a son exploitation pas très loin de chez moi. Si nous avons deux façons de travailler très différentes, cela ne nous empêche pas d’échanger et c’est très enrichissant. Nous avons instauré un système d’échange, mon fumier contre sa paille de blé. Je lui achète également l’orge. »

Des chèvres, mais aussi des ânes

Arnaud Rollin est rapidement rattrapé par son ancien métier et l’envie de partager cette passion avec les autres en leur proposant de la médiation animale. Il crée ainsi Sois âne et le cheptel de chèvres est rejoint par des ânes : Trotro, Gigi, Magma et Émile. Sans oublier deux chiens, Rassacache et Pile-poil ainsi que deux cochons, Nif et Naf mais aussi des chats ou encore Escalope, la dinde de la bande, offerte à Arnaud par sa femme, « c’est un peu comme mon chien, elle me suit partout », explique l’agriculteur alors qu’il fait les présentations.

C’est entouré de tous ses animaux que, depuis 2021, Arnaud Rollin propose de la médiation animale à des structures spécialisées. « On ne soigne pas les gens. Je n’ai pas fait d’études de médecine, préfère préciser Arnaud Rollin. Nous, on est juste là pour le bien-être. » Une activité qui s’adresse notamment à des établissements accueillant des personnes en situation de handicap. L’agriculteur sera d’ailleurs bientôt doté d’une carriole adaptée aux personnes à mobilité réduite confectionnée par la Maison familiale rurale des Hauts Pays, à Campagne-lès-Boulonnais.

Lorsqu’ils se rendent chez Arnaud Rollin, les visiteurs participent à la vie de la ferme et partagent le quotidien de l’agriculteur, au plein air et au contact des animaux.

« Je m’adapte à leurs besoins, toujours dans la bienveillance et en laissant une place à l’imprévu. Par exemple, l’un des jeunes que j’accueille régulièrement, a peur de tout, mais il est bien avec les chats, alors je le laisse passer du temps avec eux. Les animaux permettent de faire de multiples choses et c’est ce qui est intéressant. L’objectif est aussi de vivre l’instant présent », rapporte Arnaud Rollin.

Nicolas Hanquier, éducateur pour adulte en situation de handicap au service d’accueil de jour de Berck-sur-Mer et habitué des lieux, confirme : « Lorsque nous venons ici, il y a quelque chose d’authentique, c’est différent des temps que nous passons en structure. Lorsque nous repartons, nous sommes plus détendus. Tout le monde a le sourire ! » Ces beaux sourires sont la récompense d’Arnaud Rollin et confirment l’utilité de son activité.

Hélène Graffeuille