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Pouvez-vous nous rappeler la genèse de Chemins d’avenirs ? L’association a été créée en 2016 par une équipe de fondateurs issus de zones rurales et de petites villes de France, qui ont eu, à un moment de leur parcours, le sentiment que leur ancrage géographique leur avait coupé les ailes. Notre objectif est de lutter contre les fractures territoriales en permettant aux jeunes qui ont grandi dans les zones rurales et les petites villes d’avoir autant de chances de réaliser leur potentiel, académique puis professionnel et citoyen, que les jeunes des grandes métropoles. Autrement dit : ouvrir pour eux et avec eux le champ des possibles et les rendre acteurs de leur parcours d’avenir. Parce que nous sommes convaincus que chacun d’eux a du potentiel. Nous comptons aujourd’hui 5 000 jeunes accompagnés dans la construction de leur parcours d’avenir. Ils seront 8 000 à la fin de l’année 2023.
Vous œuvrez en direction de ” la jeunesse de la France périphérique “, qu’entendez-vous par là ? Par ” France périphérique “, on entend communément les zones rurales, les petites villes, certaines villes moyennes, certaines zones périurbaines, autrement dit les territoires éloignés des grandes métropoles, et qui concentrent aujourd’hui plus de 60 % de la population et 80 % des classes populaires. Ce qui nous intéresse tout particulièrement dans ces territoires, ce sont les jeunes qui y grandissent. Des jeunes qui ont évidemment les mêmes talents que partout en France, mais qui se trouvent trop souvent entravés dans leur parcours par une série d’obstacles.
Quels sont les principaux obstacles pour cette jeunesse ? L’action de Chemins d’avenirs part d’un triple constat fondateur : les jeunes des zones rurales et des petites villes sont très nombreux. Ils sont 23 % à grandir dans des zones rurales de moins de 2 000 habitants et 42 % dans des villes de moins de 20 000 habitants hors des grands centres urbains. On parle donc de dix millions des moins de 20 ans. Deuxième constat : ces jeunes cumulent très souvent les obstacles au cours de leur parcours : l’isolement géographique, le déterminisme social, l’autocensure, le manque d’accès à des rôles modèles, les enjeux de mobilité, l’accès à l’information sur l’orientation ou encore la fracture digitale. Malgré le nombre de jeunes concernés, les coûts sociaux, économiques et politiques pour le pays, les jeunes ruraux demeurent encore aujourd’hui dans l’angle mort des politiques publiques et des dispositifs d’égalité des chances. Parce que les défis rencontrés par cette jeunesse s’accumulent, ils appellent des dispositifs supplémentaires. Aussi, depuis 2016, Chemins d’avenirs est la première structure à informer, accompagner et promouvoir les jeunes de ces territoires.
Y a-t-il, malgré tout, des atouts pour cette jeunesse qui grandit en campagne ou dans les petites villes ? Bien sûr ! C’est une évidence. C’est justement parce que nous sommes convaincus que grandir dans un territoire rural peut être une force que nous cherchons à accompagner les jeunes qui y vivent. Pour que les familles puissent y élever leurs enfants sans se dire que ce choix ou cette nécessité emportera une série de conséquences au moment des choix d’orientation. Pour que chaque jeune puisse faire valoir cette force en devenant acteur de son parcours, quel que soit son projet, et en s’épanouissant dans une voie qu’il aura choisie.
Quelles actions mettez-vous en place pour accompagner cette jeunesse ? Les initiatives de l’association sont structurées autour de deux axes d’action complémentaires : une action de plaidoyer afin de mettre en lumière ces jeunes auprès des entreprises, du grand public et d’interpeller les pouvoirs publics en faveur de l’égalité territoriale et de l’égalité des chances ; et une action de terrain, pour accompagner ces collégiens, lycéens et étudiants dans la construction d’un parcours citoyen, académique et professionnel en adéquation avec leurs aspirations. L’association a ainsi créé une méthode d’accompagnement globale sur 12 mois qui agit à 360 degrés sur l’ensemble des défis rencontrés par les jeunes ruraux : un système de parrainage individualisé, en vidéoconférence, guidé par les outils pédagogiques de l’association ; des formations thématiques dispensées dans les établissements partenaires de l’association autour du développement de compétences transversales, comme la prise de parole en public ou encore l’écriture comme outil de réalisation de soi. Enfin, l’association met à disposition des jeunes des opportunités de stage au sein de leur territoire et partout en France, des visites d’entreprises, des rencontres avec des professionnelles et des étudiants ou encore des bourses à la mobilité. Ce qui est fondamental dans la démarche de Chemins d’avenirs, c’est que nous accompagnons les jeunes uniquement sur le critère de la motivation et de la curiosité, sans prendre en compte les critères académiques ou sociaux. Par ailleurs, le programme est 100 % gratuit pour les jeunes, leurs familles et leur établissement. De leur côté, les parrains et marraines de l’association sont des professionnels, des étudiants en fin de cycle ou des retraités, bénévoles, issus de tous horizons professionnels et géographiques. Ils sont accompagnés par l’équipe de l’association dans la posture à adopter et, en parallèle de l’accompagnement réalisé 100 % à distance.
Quelles actions menez-vous en particulier dans le Nord et le Pas-de-Calais ? Nous accompagnons aujourd’hui une centaine de jeunes dans le Nord et le Pas-de-Calais, notamment à Saint-Pol-sur-Ternoise, Avesnes Les Aubert, Iwuy, Fauquembergues. Nous serions par ailleurs ravis d’accueillir d’autres jeunes Nordistes et Pas-de-Calaisiens au sein de notre programme. Toutes les informations pour s’inscrire sont disponibles sur le site internet de Chemins d’avenir.
Propos Recueillis Par Justine Demade Pellorce
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