Votre météo par ville

Damien Dubrulle : « J’ai deux choses en tête : l’innovation et l’international »

09-06-2023

Actualité

Les rencontres

Le Nordiste Damien Dubrulle, à la tête de la success story Downs, vient de prendre la présidence d’Axema, le syndicat de l’agroéquipement.

Damien Dubruelle Downs Dubrulle pommes de terre Axema © Axema

Damien Dubrulle vient de prendre la présidence d’Axema, le syndicat français des acteurs industriels de la filière des agroéquipements et de l’agroenvironnement.

Ce « pur Flamand » de 54 ans a fait de Downs, à Sainte-Marie-Cappel (59), une success story et entend partager son credo « innovation et international ».

Comment êtes-vous arrivé dans le machinisme ?

J’y suis arrivé de manière tout à fait fortuite.

Je sortais d’une école de finance. Mon grand-père m’a appelé pour me dire que mon oncle allait déposer le bilan de sa concession agricole et qu’une entreprise Dubrulle ne dépose pas le bilan.

Je n’avais pas d’argent. C’est mon père qui a racheté l’entreprise, que j’ai reprise en 1993. Il y avait alors un commercial, un technicien et moi.

Ma première décision a été de ne faire plus que du matériel pour la pomme de terre. Il y avait un besoin, un marché, on s’en est occupé et on a professionnalisé notre manière de travailler. Entre 1993 et 1999, on a multiplié par 30 le chiffre d’affaires !

À tel point que le fournisseur Downs, chez qui je représentais 50 % du chiffre d’affaires, a décidé d’arrêter de prendre des commandes. Ce qui m’a poussé à commencer à construire des machines.

Un tournant pour votre développement…

Oui, on a créé une petite usine, avec un bureau d’études et de création 3D, ce qui était audacieux à l’époque. Et en 2006, on a racheté Downs.

Depuis, j’ai deux choses en tête : l’innovation et l’international. Car il ne faut pas oublier que la France n’est que le huitième producteur mondial de pommes de terre avec 8 millions de tonnes.

La Chine est première avec 100 millions de tonnes, l’Inde deuxième avec 50 millions de tonnes. C’est le premier légume cultivé au monde.

L’autre tournant, c’est en 2017, une rencontre avec quelqu’un qui me parle de l’intelligence artificielle. C’est la naissance de Crop vision (un trieur optique équipé de caméras industrielles couplées à un algorithme d’intelligence artificielle, ndlr). En 2019, la première machine voit le jour. En 2023, on a un objectif de 50 machines, déjà atteint en termes de ventes et on crée une nouvelle usine de 5 000 m2. On emploie 76 personnes, dont 16 à l’innovation et en recherche et développement.

Et l’international représente aujourd’hui 30 à 40 % de notre chiffre d’affaires. On a des demandes de partout dans le monde.

Pourquoi avoir rejoint Axema ?

Je l’ai intégré en 2007 pour le volet international et technique, puis je suis devenu vice-président de la commission international et il y a sept ans, je suis entré au conseil d’administration.

Depuis quatre ans, j’étais trésorier. Frédéric Martin, après deux mandats à la présidence, m’a proposé de prendre la suite. C’est un beau challenge et c’est utile. Ça fait grandir et on est avec des gens qui ont une vision, une stratégie, de l’anticipation. Axema, c’est 235 entreprises, petites et grandes, 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 90 % de l’offre française.

Quels sont vos axes de travail ?

Il y a la question de l’attractivité de nos métiers, avec 10 000 postes ouverts de la construction à la distribution. Il faut qu’on quitte notre image de vieille industrie : il y a plus de technologies dans un tracteur que dans une voiture !

On emploie tous les corps de métiers : de la découpe via des machines laser, à la conception 3 D, aux chercheurs en intelligence artificielle, aux ingénieurs… Il y a aussi le sujet de la décarbonation.

Comment s’organiser et anticiper en construisant une filière de l’agroéquipement décarboné. Mais il faut des signaux forts de la part du gouvernement pour savoir vers quoi on veut s’orienter : l’hydrogène, l’électrique, le méthane ?

Les industriels sont prêts, il nous faut des prises de position. Axema, c’est aussi deux salons, le Sima et le Sitevi avec la question, là aussi, de l’attractivité avec de moins en moins d’agriculteurs et donc de visiteurs.

Mais je n’ai jamais raisonné en termes de visiteurs mais de coût par contact. Et les clients, quand ils viennent aujourd’hui, ne recherchent plus les mêmes choses. Avec internet, ils connaissent déjà les machines.

Et la suite pour vous ?

On continue de travailler sur l’innovation. On a racheté en novembre 2022 la start-up Salto, de tracking et géolocalisation des caisses. Aujourd’hui, on sait ce qu’on met dans une caisse et on sait où elle se trouve. On peut suivre l’état des stocks depuis son smartphone.

Mon but est de continuer à assurer la pérennité et le développement de la société si l’un de mes quatre enfants veut reprendre. 

Damien Dubrulle en quatre dates

1993. Il reprend l’entreprise de son oncle, concessionnaire agricole.

2015. Il entre au conseil d’administration d’Axema, puis en devient trésorier quatre ans plus tard.

2019. Son entreprise sort le trieur optique pour pommes de terre Crop vision, s’appuyant sur l’IA.

2023. Il est élu à la tête d’Axema et son entreprise s’agrandit de 5 000 m2 pour répondre à la demande.

Claire Duhar

Lire aussi : Pomme de terre : L’eau, l’énergie, la trésorerie, enjeux de l’année 2023

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Vols : le coup de gueule des agriculteurs
De plus en plus de vols sont constatés par certains Jeunes Agriculteurs : des légumes dans les champs, des systèmes G [...]
Lire la suite ...

Numéro 331: 15 septembre 2023

Dans les coulisses de l’usine Bonduelle de Renescure
Bonduelle a ouvert à Terres et Territoires les portes de son usine historique lors de la campagne des flageolets, débu [...]
Lire la suite ...

Betteraves : avec ou sans pulpes deux éleveurs témoignent
Chacun conduit son élevage comme il l'entend, en faisant des choix stratégiques qui ont leurs avantages et leurs incon [...]
Lire la suite ...

Betteraves : comment faire face à la baisse de pulpes ?
Dans un contexte de baisse de disponibilité de pulpes, les éleveurs bovins ont pu entendre Tereos ainsi que divers con [...]
Lire la suite ...

Paris 2024 : Vincent Rosiers fleurira le village olympique
Cogérant des Pépinières de Landas, à quelques kilomètres d'Orchies, Vincent Rosiers et son équipe enverront d'ici [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires