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Maraîchage : La belle histoire de Marion Aubert et d’Alexis Danneels

24-03-2023

Actualité

Culture

Marion Aubert et Alexis Danneels, deux jeunes maraîchers, viennent d’installer leur exploitation à Aniche sur… un ancien terrain de foot. Rencontre avec ce couple passionné au parcours atypique sur leur nouveau terrain de jeu !

Marion Aubert et Alexis Danneels.
Marion Aubert et Alexis Danneels. © H. G.

À Aniche (59), située entre Douai et Valenciennes, depuis octobre, un terrain de football en friche est devenu le lieu d’une toute nouvelle activité. Marion Aubert et Alexis Danneels, âgés de 26 et 28 ans, s’y sont installés en tant que maraîchers.

Une passion pour le jardinage

Pourtant, après leur bac, Marion Aubert et Alexis Danneels ne se destinaient pas au monde agricole. C’était un milieu dont ils ne connaissaient d’ailleurs pas grand-chose.

La jeune femme s’était orientée vers des études de communication. Son conjoint, lui, était parti en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps).

Mais lorsqu’ils se sont installés ensemble, le couple s’est découvert une passion commune : le jardinage. “On a commencé par se faire un bac potager dans notre petite cour. Puis, chaque année, nous déménagions surtout pour avoir un plus grand espace pour le potager”, sourit Alexis Danneels.

Alors pourquoi ne pas transformer cette passion en métier ?

Ils décident tout de même de poursuivre leurs études, “histoire d’avoir un bagage”. Une fois leur licence en poche, ceux qui n’étaient alors que des jardiniers en herbe décident de vivre leur rêve. Ils s’inscrivent au brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA) à l’institut de Genech en 2018. Une formation qu’ils font à distance afin de pouvoir continuer à travailler en parallèle pour mettre de l’argent de côté, pour leur projet.

En 2020, le couple rencontre un particulier qui met à disposition des terres agricoles à Comines pour des porteurs de projets.

“C’était parfait pour nous. Nous avons pu y tester notre activité”, explique Alexis Danneels.

Lui et sa compagne se lancent alors dans la production de légumes et de fleurs en agriculture biologique.

Si les choses ne sont pas toujours faciles, ce test a conforté le couple dans leur volonté de devenir maraîchers.

“C’est un métier où il y a des hauts et des bas. C’est beaucoup de travail, on ne compte pas nos heures. Il y a les ventes où personne ne se pointe… On s’est parfois dit ”pourquoi on s’embête ?” Mais il y a aussi de bons côtés, c’est chouette d’être au contact de la nature, de voir nos plantes pousser, on gère notre temps comme on le souhaite… Il y a autant d’inconvénients que d’avantages”, résume Marion Aubert.

L’ancien terrain de foot transformé

Un autre obstacle se met en travers de leur projet : la longue et pénible quête d’un terrain pour installer durablement leur activité. Après deux ans de recherche, les choses se débloquent. Les maraîchers sont en contact avec l’association Terre de liens, dont le but est d’acquérir des terres agricoles afin d’y installer une nouvelle génération paysanne sur des fermes en agriculture biologique. La ville d’Aniche possède un terrain de football en friche depuis 2017 qu’elle aimerait exploiter. L’endroit est idéal pour Marion Aubert et Alexis Danneels. Des tests sont menés par Bio en Hauts-de-France pour s’assurer que la terre est cultivable. La municipalité transforme le terrain en zone agricole. Une fois le feu vert obtenu, le couple s’y installe en octobre 2022.

Sur l’ancien terrain, les cages de foot sont remplacées par une serre, des arbres fruitiers et des cultures de légumes, de fleurs et de plantes aromatiques. L’ex-vestiaire sert, lui, de lieu de stockage.

Des investissements ont été possibles grâce aux économies des maraîchers mais aussi aux 10 000 € collectés par le biais d’un financement participatif.

“Nous ne souhaitions pas nous endetter, en tout cas pas dans un premier temps. Ce terrain mis à disposition par la commune était donc une aubaine, nous n’avons pas eu à mettre de sommes faramineuses dans l’achat d’un foncier et dans l’installation des réseaux d’électricité et d’eau”, indique Marion Aubert.

“On laisse la nature faire”

Pour leur mode de production, les deux amoureux s’inspirent du maraîchage sur sol vivant : “Nous travaillons très peu le sol. La mécanique ne nous intéresse pas, on laisse la nature faire ce qu’elle sait faire à l’image des forêts qui se recréent naturellement sans intervention de l’homme.”

Pour désherber le terrain, Marion Aubert et Alexis Danneels ont opté pour la technique de la bâche. Cette dernière recouvre l’herbe, l’obscurité lui permet de se décomposer, “c’est bon pour la fertilité du sol, cela permet de ne pas détruire les animaux qui vivent dans la terre”, explique Alexis Danneels.

Sur leur jeune exploitation, chacun a son rôle. Alexis Danneels s’occupe davantage des fruits et légumes alors que Marion Aubert se concentre plus sur les fleurs.

“Nous faisons partis du Collectif de la fleur française qui promeut une production dans le respect des hommes et de l’environnement. On parle beaucoup de l’importance des saisons pour les fruits et légumes, mais cela est tout aussi important pour les fleurs qui peuvent être un désastre écologique, insiste Marion Aubert. Aujourd’hui beaucoup de fleurs viennent de loin, du Kenya, de l’Équateur… Alors que nous en avons de très belles en France.”

Le couple proposera des bouquets à la vente avec des dahlias, des pivoines, des lys ou encore des iris. “Ce sera l’occasion de faire découvrir d’autres fleurs, d’autres odeurs, que les gens n’ont pas forcément l’habitude de voir !”.

Alexis Danneels et Marion Aubert ont bon espoir de démarrer la vente début avril. “Nous souhaitons faire une vente directe par semaine sur place, probablement le samedi matin. Puis nous vendrons également nos produits sur le site latourneedesproducteurs.com où il sera possible de passer commande et de venir retirer ses articles dans différents points de retrait.”

Des projets plein la tête

Une belle histoire, personnelle et professionnelle, que les deux amoureux comptent bien développer : “La prochaine étape est d’acheter des poules pondeuses pour proposer des œufs à la vente”, annonce Alexis Danneels.

Alexis Danneels et Marion Aubert en quatre dates

2018-2019 : Le couple décide de s’inscrire au BPREA de l’institut de Genech.

Été 2019 : Marion Aubert et Alexis Danneels partent faire du Woofing en Bretagne et en Normandie pour découvrir d’autres méthodes de production.

2021 : Ils intègrent la couveuse d’entreprises À Petits pas spécialisée dans les projets ruraux.

Octobre 2022 : Ils installent leur activité sur l’ancien terrain de football d’Aniche.

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Hélène Graffeuille

Lire aussi : Bio: Marine Coine et le partage comme projet de vie

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Numéro 341: 24 novembre 2023

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