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Maraîchage. La traction asine, une alternative en développement

09-08-2019

Actualité

Culture

Les 31 juillet et 1er août 2019, le Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural (Civam) du Nord organisait au Jardin de Pépin (Willies, 59) un stage de formation à la traction asine. L’occasion de se pencher sur cette pratique encore peu répandue dans nos contrées.

traction asine terres et territoires
© DR

La traction animale comme méthode agricole a beau être vieille comme le monde, l’utilisation d’ânes, elle, est encore récente et relativement méconnue. Si la vision d’attelages tractés par des chevaux ou des bovins paraît somme toute classique, on ne s’attend pas à retrouver un âne en train de creuser des sillons ou d’arracher des pommes de terre. L’animal est pourtant une sérieuse alternative aux méthodes maraîchères classiques.

Diffuser cette pratique, c’est la mission que s’est donnée Jo Ballade. Membre fondateur de l’association Prommata, spécialisée dans la traction animale appliquée à l’agriculture, il a été l’un des premiers à se laisser tenter par l’alternative asine dans les années 1990.

Aujourd’hui, il arpente la France et dispense des formations destinées aux maraîchers. À l’aube de ce mois d’août 2019, il s’est rendu à Willies, chez Mathieu et Éléonore Pépin, pour accompagner une dizaine de stagiaires pendant deux jours. Objectif : leur faire comprendre les atouts de l’utilisation des ânes.

Écolo, mais pas que

Premier avantage qui vient à l’esprit : la traction asine, comme toute traction animale du reste, est plus écologique que l’emploi d’une machine. Pas de fumée d’échappement, pas de rejet de gaz nocifs. La qualité de l’air n’est pas la seule à être ménagée par le recours aux animaux plutôt qu’à la mécanique. Celle de la terre est également préservée. « Cela permet de la travailler de manière non-agressive, détaille Jo Ballade. Ne pas utiliser de machine permet de moins tasser les sols, de ne pas l’éroder. Et la traction asine permet de stimuler l’activité de la vie souterraine. »

Mais l’atout principal de l’âne – qui en fait un animal parfaitement adapté à la culture maraîchère – c’est la minutie et la souplesse qu’il permet dans le travail agricole. Si sa petite taille en fait un animal potentiellement plus faible que le cheval, elle lui donne l’avantage de pouvoir travailler avec précision. « En maraîchage, on est amené à intervenir pendant la saison, et l’âne peut passer entre les cultures sans les endommager, plaide le formateur de Prommata. De plus, la kassine offre de la souplesse et de l’adaptabilité aux agriculteurs. »

La kassine, c’est la machine qui est attelée à l’âne. Créée, produite et fournie par l’association, elle se constitue d’un corps principal, de hauteur et de largeur réglables, sur lequel on fixe des outils en fonction des besoins. Du billoneur à la treille, tout peut s’adapter à la kassine. Il est même possible de fabriquer ses propres équipements.

Une alternative efficace et économique

Bien que la traction asine ait des vertus écologiques indéniables, ce n’est pas la motivation première de ceux qui choisissent de l’adopter. Pour Mathieu Pépin, le maraîcher qui accueille la formation chez lui, c’est le pragmatisme qui a guidé ce choix. « Oui c’est écologique, mais c’est avant tout l’aspect pratique qui nous a attiré, confie celui qui s’est lancé dans la culture de légumes en 2015 avec Éléonore, sa compagne. La traction asine s’adapte parfaitement au maraîchage, et n’engendre pas de coûts démesurés, que ce soit à l’investissement ou pour l’entretien. Le tout avec un temps de travail équivalent à celui que nécessite l’emploi de machines. » 

La traction asine, que des avantages ? « Elle a des limites, tempère Jo Ballade. L’âne est plus petit que le cheval, donc potentiellement plus faible. Il est peu évident de s’en procurer, en France l’élevage n’est pas très développé. Enfin, travailler avec un âne réclame de la subtilité. On ne dresse pas un âne, comme on le fait avec un cheval. On communique avec lui, on collabore. Chacun a son caractère, souvent bien trempé, et il faut s’y adapter », conclut-il.

Du côté du Jardin de Pépin, la collaboration se passe bien. Ulis, attelé à la kassine, se met en marche pour une petite démonstration qui enthousiasme les stagiaires. Après avoir pris, tout de même, le temps de se faire désirer un peu.

Clément Peyron

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