Dans une autre vie, Laurie Degraeve était pharmacienne. Durant 12 années, elle a travaillé pour l’industrie pharmaceutique. Ce qu’elle aimait : « Les procédés de transformations et le contact avec les gens. »
Puis la jeune femme a eu deux enfants et l’envie de prendre soin d’eux avec des choses les plus naturelles possible qu’elle confectionne elle-même. L’épidémie de covid et le besoin d’une reconnexion à la nature passent aussi par là. « Peut-être également un peu la crise de la quarantaine qui a pointé le bout de son nez », sourit la mère de famille aujourd’hui âgée de 42 ans. Un burn-out en 2021 a fini de la convaincre qu’il est temps de tourner la page de l’industrie pharmaceutique pour essayer autre chose. « Ce que je faisais n’était plus aligné avec mes valeurs », résume-t-elle. Cette dernière a un projet en tête : produire des plantes aromatiques et médicinales et les transformer.
Et la pharmacienne dispose d’un terrain de jeu idéal pour se lancer dans une nouvelle aventure : la ferme de ses grands-parents paternels, à Hazebrouck (59). Un endroit qui lui tient particulièrement à cœur car elle y a passé une grande partie de ses vacances lorsqu’elle était enfant. « J’y ai beaucoup de souvenirs. Mon père n’a pas repris la ferme mais a gardé l’endroit pour y installer son entreprise de travaux tout en gardant l’âme des lieux. Il était très attaché à la nature, c’était un amoureux des arbres, il en a donc planté plusieurs, a créé des haies… » Un petit paradis vert qu’elle décide d’investir pour lancer son nouveau projet.
Pendant un an, elle fait germer son idée, se renseigne auprès d’autres producteurs, se documente… « Je suis convaincue que la nature peut nous offrir tout ce dont on a besoin, à nos pieds, mais que nous n’avons plus le réflexe de l’utiliser. » En 2022, elle intègre la couveuse d’entreprises À petits pas, « un bon moyen pour démarrer en se familiarisant avec le monde agricole sans être écrasé d’emblée par tout le côté administratif, qui n’est pas mon fort », reconnaît-elle. Un an après, elle crée son entreprise qu’elle baptise Tout simplement.
La paysanne herboriste, comme elle aime se définir, prend donc ses quartiers dans l’ancienne ferme familiale. Sur une parcelle de 1 500 m2, en agriculture bio, elle cultive une quarantaine de plantes comme la menthe, la mélisse, la lavande, le romarin… entrecoupées de bandes enherbées. « Un jardin pensé comme un mandala que j’ai souhaité ressourçant, où l’on a envie de se balader et de se reconnecter avec la nature », explique-t-elle tout en admettant que « ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus pratique en termes de rendement. » Mais peu importe, on s’y sent bien !
Laurie Degraeve profite aussi des prairies alentours pour faire de la cueillette sauvage de plantains, d’orties, d’aubépines ou de feuilles et fleurs de tilleul.
Des plantes qu’elle transforme ensuite dans son laboratoire en sirops, tisanes, vinaigres aromatisés ou encore en produits cosmétiques. Elle fabrique des savons, mais aussi des baumes, des huiles… Des produits confectionnés « tout simplement, sans aucun additif » qui sont ensuite revendus sur son site internet, dans des magasins de producteurs ou encore sur les marchés auxquels Laurie Degraeve participe de temps en temps.
Ces plantes, elle les travaille fraîches directement après la récolte ou après les avoir fait sécher dans un séchoir confectionné par ses propres mains « et avec l’aide précieuse de ma famille », tient-elle à préciser. Une famille qui a toujours soutenu la paysanne herboriste dans son aventure.
En plus de ses proches, Laurie Degraeve a également su s’entourer pour lancer son activité. Elle s’est notamment adressée au Civam (Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural), à Bio en Hauts-de-France (association engagée dans la transition agricole et alimentaire) ou encore à Initiatives paysannes (association qui a vocation à développer une agriculture nourricière, citoyenne et respectueuse de l’environnement). « Cela m’a permis de suivre des formations techniques mais pas seulement, j’ai beaucoup appris avec eux sur la transformation mais aussi sur la partie commercialisation, communication, comptabilité… », détaille l’Hazebrouckoise. Un moyen aussi de couper la solitude : « J’aime beaucoup travailler seule dans la nature, être autonome. Mais c’est aussi enrichissant de pouvoir échanger sur nos pratiques et de partager notre expérience. »
Le partage, c’est aussi une des valeurs fortes chez Laurie Degraeve. Impossible pour la quadragénaire de penser son activité sans transmettre ses connaissances. Alors elle ne manque pas une occasion d’accueillir le public sur sa ferme. « Avec le Civam, voilà trois ans que je participe à l’opération Tous en bottes. Cette année, les curieux pourront venir me voir les samedi 14 et dimanche 15 juin. Deux marchés du Civam auront lieu également prochainement le 28 juin et le 30 août de 10 h à 13 h », liste la paysanne herboriste.
Et grande nouveauté de 2025, la paysanne herboriste a lancé des ateliers : « J’apprends aux participants à fabriquer leur tisane ou à faire leur propre baume, au calendula par exemple. C’est à la portée de tout le monde, cette plante est très simple à cultiver et cela permet de traiter les peaux sèches ou irritées ou encore les lèvres gercées. »
Laurie Degraeve a encore de nombreux projets en tête pour développer son activité : de nouvelles recettes (un baume pour soulager les bleus et les bosses devrait prochainement faire son arrivée dans la gamme), de nouveaux points de vente… Et prochainement, avec sa famille, elle compte ouvrir un gîte dans la ferme toujours avec l’ambition de partager !
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Hélène Graffeuille
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