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Voilà maintenant trente ans que le Savoir vert regroupe les exploitants de fermes pédagogiques des Hauts-de-France. Créée pour combler le fossé entre les citadins et les ruraux, l’association regroupe à ce jour une centaine d’exploitations. Celles-ci ouvrent régulièrement leurs portes aux élèves des écoles de la région. Si la communication auprès des établissements scolaires reste le cheval de bataille de ses membres, la pédagogie a pris une grande place dans les activités du Savoir vert, agréé par le ministère de l’Éducation nationale.
Parmi eux, Chantal Legay, éleveuse de vaches laitières à Neuville-Saint-Vaast (62) a pris la tête de l’association il y a quatre ans. Casser les préjugés que les jeunes peuvent avoir sur l’agriculture, c’est son objectif : « Les élèves qui viennent dans nos fermes Savoir vert ne connaissent quasiment rien de l’agriculture, pour la plupart. Les plus grands d’entre eux, les lycéens, viennent souvent avec des préjugés qu’ils tiennent de leur sphère familiale. Quand ils arrivent dans la ferme, certains se plaignent des contraintes météorologiques ou des odeurs mais bien souvent, ils repartent ravis. » Briser les préjugés, oui, mais pas de n’importe quelle façon. « Nous le faisons toujours avec pédagogie et en communiquant de manière positive, ajoute Chantal Legay. Nous parlons de notre métier, de notre environnement, de la biodiversité mais aussi de la provenance des aliments qu’ils sont susceptibles de retrouver dans leur assiette. »
Pour y parvenir, avant d’accueillir des élèves, les agriculteurs adhérents au Savoir vert suivent une formation de base de neuf jours pour maîtriser les éléments pédagogiques nécessaires. Les notions de sécurité et d’administration sont abordées pour organiser les visites d’exploitation. La formation permet aussi de bénéficier des interventions d’un coach en communication et en pédagogie, etc. Les sujets sont variés et assurent un bon enseignement. Car comme le rappelle la présidente, « nous ne sommes pas des fermes d’animation mais bien des fermes pédagogiques. En venant à la ferme pendant quelques heures, les enfants étudient une partie du programme vu en classe. » Chantal Legay, qui a la volonté de montrer l’intérêt de ces visites, illustre. « En SVT au lycée, le sol est souvent abordé en fin d’année ou passe à la trappe. En venant sur une exploitation, les lycéens abordent la totalité de cette partie de programme de manière concrète et interactive. »
Cette diversification s’est tout de suite imposée à Chantal Legay lors de son installation. « J’avais envie de parler de l’agriculture, de voir du monde et puis je faisais déjà de la pédagogie à l’Institut d’Anchin », raconte-t-elle avec son dynamisme et sa convivialité naturelle. Pour se lancer dans l’accueil pédagogique, il suffit de pas grand-chose si ce n’est l’envie de communiquer et d’avoir envie de transmettre aux enfants la passion du métier.
Les quatre années de présidence du Savoir vert ont été compliquées pour Chantal Legay, qui reçoit une centaine de classes en année normale, elle reste tout de même bien mobilisée. « Nous avons subi de plein fouet le Covid, estime-t-elle. Nous avons réussi à réaliser quelques interventions dans des écoles mais nous ne pouvons pas transporter nos fermes dans les classes. Ce n’est pas suffisant. » Outre le Covid, la régionalisation du Savoir vert avec le développement du réseau en Picardie est l’un des grands enjeux de l’association. L’association est présente pour montrer à tous les agriculteurs qu’ils ont une fibre pédagogique.
L’autre cheval de bataille demeure le soutien de ces sorties scolaires. « Les académies de Lille et d’Amiens nous soutiennent et nous apportent un vrai cadre. La Région en finance une partie, les Départements ou certaines Communautés de communes encouragent les écoles dans leurs sorties scolaires, reconnaît Chantal Legay. Mais le frein reste le coût du transport en bus qui est de plus en plus onéreux. Le Savoir vert y réfléchit et y travaille pour diminuer son coût. Pourtant ce type de sortie à chaque niveau scolaire devrait être d’utilité publique et cela ne devrait pas poser tant de questionnements. » De plus, les programmes scolaires étant en constante évolution, le Savoir vert accompagne les adhérents à mettre à jour leurs compétences et à innover dans de nouvelles méthodes.
Renforcer et montrer l’utilité de ces visites reste le principal enjeu des prochaines années pour l’association… et pour le futur président à qui elle passera le relais lors de l’assemblée générale le 15 mars prochain.
Chantal Legay en trois dates :
Lucie Debuire
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