Pour parler de la brasserie Motte-Cordonnier, au fameux logo étoilé bleu et rouge, il faut entamer un voyage dans le temps. 1650 : ce sont les premières traces de la brasserie, alors installée le long de la Lys, à Armentières. 1749, celle-ci entre dans la famille Desmazière qui, quelques mariages plus tard, devient la famille Motte-Cordonnier. On parle alors de la Brasserie de l’étoile. La brasserie déménage dans le centre-ville d’Armentières, nous sommes en 1850.
La Brasserie est rachetée par le groupe Artois en 1970. En France, l’époque est à la production industrielle : on est passé de 2 500 brasseurs à 26. Une trentaine d’années plus tard, la production s’arrête.
Février 2019, la famille Motte profite d’un oubli du géant brassicole de reprotéger la marque et récupère le bébé familial. « Bertrand, mon grand-père, nous quitte et nous nous retrouvons en famille autour d’une bonne bière, comme à notre habitude. Nous discutons, regrettons de voir partir, avec lui, l’héritage de la brasserie et nous regardons à l’Inpi (Institut national de la protection industrielle, où sont déposées les marques, ndlr) et découvrons que le nom est tombé dans le domaine public depuis deux mois. Nous y avons vu un signe », relate Henry Motte, qui fait un tableau avec deux colonnes : les raisons pour y aller, celles pour ne pas y aller.
« À 15, avec mes parents, mes oncles – François, Frédéric et Gonzague – la neuvième génération – et mes frères, cousins et cousines – la dixième génération -, nous relançons tout de zéro », rembobine Henry Motte, l’aîné des plus jeunes.
Ingénieur de formation, Henry Motte était jusque-là « ingénieur informatique chez Worldline » (spécialisée dans la sécurisation des paiements et des transactions, ndlr) et brasseur amateur sous la houlette du grand-père qui trouvait « marrant de micro-brasser » avec ses petits-fils au fond du jardin. Il n’aurait alors « jamais imaginé devenir brasseur » pour de vrai. « Mais en 2019 nous décidons de lancer la René, que nous brassons chez des amis et vendons sur le marché d’Armentières. En 2021 nous achetons du matériel. » Henry suit une formation à la Brewing theory, agence de conseil dans les projets brassicoles basée à Tourcoing, pour appréhender les volumes et les règles d’hygiène.
Aujourd’hui installée dans une ruche d’entreprises, à Armentières toujours, la brasserie retrouve son côté artisanal tout en surfant sur sa notoriété et en bénéficiant de l’instinct marketing de la dixième génération incarnée par Henry, 31 ans, le patron depuis, qui se qualifie de président-brasseur de la SAS Motte-Cordonnier.
« La bière c’est de l’humain, de la convivialité liquide »
Henry Motte, en pro de la formule.
La gamme des bières de famille compte désormais neuf recettes, auxquelles s’ajoutent des collaborations avec des bars ou des restaurants à l’image de la Édouard, avec le restaurant La Laiterie, à Lambersart (59). Blondes, ambrées, triples : les recettes sont toutes identifiées par un prénom d’un membre plus ou moins proche de la famille. La René (une blonde à 6° qui représente la moitié du volume des ventes jusqu’ici) reprend le prénom de l’aïeul de la famille Motte. Né en 1875, il a repris la gestion de la brasserie familiale en 1898 et a mené sa reconstruction en 1922 après que celle-ci a été détruite par les Allemands en 1918. Émile (une triple) était ingénieur brassicole en charge de la fermentation entre 1904 et 1954 ou encore la dernière-née la Léa, une pale ale bien de son temps à l’image de la jeune femme dont l’oncle, le grand-oncle et le grand-grand oncle ont travaillé à la brasserie.
Une histoire de famille on vous dit. « La bière c’est de l’humain, de la convivialité liquide », lance Henry Motte, en pro de la formule.
La brasserie Motte-Cordonnier aujourd’hui, c’est 15 actionnaires, 2,5 employés, 1 300 hectolitres brassés l’an dernier. Quelques médailles, au France bière challenge notamment, et des points de vente surtout concentrés chez les indépendants, les cavistes, artisans et quelques grandes surfaces spécialisées en produits locaux.
Le local que la brasserie revendique, notamment sur son site internet où tout, depuis la levure jusqu’aux bouteilles en verre en passant par les céréales ou les étiquettes, est identifié et localisé.
En ligne de mire pour 2026 désormais : l’ouverture d’une nouvelle brasserie accolée à un bar et un espace musée. Histoire de continuer à raconter l’histoire de famille, tout en partageant une bonne bière.
Justine Demade Pellorce
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par Justine Demade Pellorce
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