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Il ne reste que quelques bosquets de la forêt d’Amblise, s’étendant jadis de Cambrai à Mons, qui a donné son nom à la microbrasserie créée par Reynald Grzelczyk il y a six ans.
L’histoire raconte qu’un moine y fit jaillir une source et fonda l’abbaye de Crespin (59) au VIIe siècle. Cette source fut ensuite utilisée par les premières brasseries de la ville.
Quelques siècles plus tard, Reynald Grzelczyk renoue avec cette tradition en proposant une sélection de bières artisanales « brassées ici, bues ici ». « Le déclic est venu lors de l’ouverture du restaurant de ma femme à Valenciennes, évoque Reynald Grzelczyk : nous voulions y proposer une carte de bières. »
À l’époque, le brasseur est cameraman, graphiste et intermittent du spectacle. « C’était la renaissance des brasseries artisanales et les néobrasseurs étaient avant tout des brasseurs amateurs », remarque-t-il. Il se lance et crée la Bougre, une bière blonde d’inspiration belge. L’illustration est toute trouvée : ce sera un (bougre d’) âne.
Puis, suivent des bières triples, ambrées, de saison et plusieurs IPA – pour India pale ale. « La bière de saison est un style de bière français reconnu : il vient d’ailleurs du Hainaut, des agriculteurs qui brassaient pendant l’hiver », raconte Reynald Grzelczyk. Biche, renard, hirondelle, coq, loup, pivert (pour « une bière acidulée qui pique un peu ») et chien s’affichent fièrement sur les bouteilles, repeuplant la forêt d’Amblise disparue.
« La bière est un savant équilibre entre arômes maltais et arômes du houblon. Le houblon est l’aromate, l’épice de la bière », indique Reynald Grzelczyk qui s’approvisionne en houblon européen, français si possible : « Cela complexifie la recette mais donne une tonalité différente. C’est encore plus flagrant pour l’IPA où l’on met en avant les arômes du houblon. »
Cet agent aseptisant s’est aussi imposé pour ses propriétés conservatrices. D’ailleurs, « l’IPA est une tradition anglaise : les propriétés du houblon ont été utilisées pour traverser les océans », direction l’Inde.
Dans sa microbrasserie de Crespin, 280 hectolitres de bières sont brassés chaque année et vendus localement, voire régionalement, lors d’événements, de marchés, de dégustations et directement à la brasserie. Il crée aussi des bières à la commande, comme pour répondre à l’initiative de la ville de Fresnes-sur-Escaut, pour commémorer la découverte de la première gaillette de charbon dans les Hauts-de-France en février 1720, avec la bière blonde « 1720 ». Désormais accompagné d’un apprenti, Reynald Grzelczyk vit maintenant de son activité de brasseur.
Ses cuves lui permettent de produire 300 litres en suivant les différentes étapes du procédé : brassage, ébullition, fermentation et sucrage.
Dès la rentrée, ses brassins avoisineront les 1 000 litres avec le nouveau matériel acquis. « Ce sont des tanks à lait reconvertis, un classique chez les brasseurs artisanaux un peu bricoleurs. » La brasserie d’Amblise passe donc un nouveau cap tout en gardant la passion qui anime Reynald Grzelczyk, « un amoureux de la bière avant tout ».
Louise Tesse
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